Le Saker
Armes chimiques en Syrie – Autopsie
d’une magouille,
encore une…
Moon of Alabama
Lundi 18 novembre 2019 Les « lanceurs
d’alerte » de l’Organisation pour
l’interdiction des armes chimiques
(OIAC) dénoncent la manipulations des
investigations par la direction de
l’organisation :
l’attaque à l’arme chimique dans la
Douma en Syrie a été mise en scène
Par
Moon of Alabama − 16 novembre 2019
Le 7 avril 2018,
les «rebelles» syriens affirmait
que le gouvernement avait utilisé du
chlore gazeux et du
gaz sarin pour attaquer la banlieue
assiégée de Douma, près de la capitale
syrienne, Damas. Ils ont publié une
série de vidéos montrant les cadavres de
femmes et d’enfants.
Avant l’incident,
Jaish al-Islam, le principal groupe
«rebelle» de Douma, avait déjà
accepté de partir pour le gouvernorat d’Idleb.
Dans ces circonstances, de telles
revendications n’avaient plus aucun
sens. De plus, divers détails visibles
dans les vidéos et les images produites
étaient incompatibles avec un incident
chimique.
L’Organisation
pour l’interdiction des armes chimiques
(OIAC) a enquêté sur cet incident et a
produit en juillet 2018 un
rapport intérimaire indiquant que le
sarin n’avait pas été utilisé dans la
Douma. Les inspecteurs de l’OIAC
n’avaient trouvé que divers produits
chimiques organiques chlorés – COC : eau
de javel – qui sont courants dans tous
les ménages. Les médias ont
faussement affirmé que ces
découvertes étaient la preuve d’une
attaque au chlore gazeux.
Le rapport
intérimaire ne montrait aucune
utilisation d’armes chimiques, mais il
comportait, comme nous l’avons
noté, de curieuses anomalies :
Le rapport
préliminaire de l'OIAC ne dit rien sur
la concentration des substances
trouvées. Sans connaître les
concentrations, qui peuvent être
extrêmement faibles, on ne peut arriver
à aucune conclusion. Le rapport ne
contient aucune des déclarations de
témoins relevées par la mission
d’enquête. Dans plusieurs reportages
télévisés, le personnel médical de l'un
des hôpitaux impliqués dans la mascarade
déclarait qu'aucun de leurs patients
n'avait été affecté par le chlore ou par
des armes chimiques.
Le
rapport final, publié en mars 2019,
ne dit pas la même chose. Il affirme en
particulier que les bouteilles de gaz
découvertes à deux endroits de
l’incident devaient avoir été larguées.
Comme seul le gouvernement syrien, et
non les « rebelles », utilisait
des hélicoptères, le rapport équivalait
à un acte d’accusation du gouvernement
syrien.
En mai 2019, un
inspecteur de l’OIAC s’est
avancé et a déclaré que la direction
de l’OIAC avait supprimé une évaluation
technique interne contredisant
l’affirmation selon laquelle la
bouteille de gaz serait tombée du ciel.
La direction de l’OIAC avait eu recours
à une expertise externe de provenance
inconnue, qui est parvenue à une
conclusion erronée. Les cylindres
doivent avoir été mis en place à la
main. L’incident a été mis en scène.
À présent, un
deuxième lanceur d’alerte de
l’OIAC a présenté des affirmations
supplémentaires selon lesquelles la
direction de l’OIAC avait manipulé les
conclusions de ses propres inspecteurs
après avoir subi les pressions de
responsables américains.
Jonathan Steele, un
ancien correspondant en chef pour le
Guardian,
écrit :
L'inspecteur a
rendu ses allégations publiques lors
d'une récente séance d'information à
Bruxelles à l'intention de
ressortissants de plusieurs pays
travaillant dans les domaines du
désarmement, du droit international, des
opérations militaires, de la médecine et
du renseignement. Parmi eux figuraient
Richard Falk, ancien rapporteur spécial
des Nations Unies sur la Palestine, et
le major-général John Holmes, un ancien
commandant distingué des forces
spéciales britanniques. La session était
organisée par la Courage Foundation,
un fonds basé à New York qui soutient
les lanceurs d'alerte. J'y ai
assisté en tant que journaliste
indépendant.Le lanceur
d'alerte nous a donné son nom, mais
préfère se faire appeler par son
pseudonyme, Alex, par souci pour sa
sécurité, dit-il.
Il est le deuxième
membre de la mission d'enquête de Douma
à avoir allégué la suppression de
preuves scientifiques.
L’inspecteur de
l’OIAC avait rédigé le rapport
intermédiaire original et, sur la base
de ses propres conclusions et celles de
ses collègues, avait conclu que
l’incident était « un événement non
lié à des produits chimiques ». Mais
la direction de l’OIAC a réécrit le
rapport en laissant de côté cette
conclusion.
Le lanceur
d’alerte a également expliqué
l’absence de valeurs pour la
concentration de COC dans le rapport
intermédiaire que nous avions noté :
À ce moment-là,
l'inspecteur avait appris que les
résultats de l'analyse quantitative des
échantillons provenant des bâtiments
prétendument attaqués avaient été
communiqués à la direction par les
laboratoires de test mais n'avaient pas
été communiqués aux inspecteurs. Il a eu
connaissance des résultats qui
indiquaient que les niveaux de COC
étaient bien inférieurs à ceux attendus
dans les échantillons environnementaux.
Ils étaient comparables et même
inférieurs à ceux donnés dans les
directives de l’Organisation mondiale
de la santé sur les niveaux
autorisés recommandés de trichlorophénol
et d’autres COC dans l’eau de boisson.
La version expurgée du rapport ne
faisait aucune mention des résultats.Alex a décrit cette
omission comme "délibérée et
irrégulière". "S'ils avaient été
inclus, le public aurait constaté que
les niveaux de COC découverts n'étaient
pas plus élevés que ce à quoi on
pourrait s'attendre dans n'importe quel
ménage", a-t-il déclaré.
L'inspecteur qui
avait rédigé le rapport original était
furieux lorsqu'il a compris qu'il devait
être remplacé par une version falsifiée
par la direction. Il a envoyé un
courrier électronique de plainte au
directeur général de l’OIAC. Le DG était
Ahmet Uzumcu, diplomate turc, mais son
chef de cabinet, l’homme considéré comme
le plus puissant au sein de l’OIAC au
quotidien, était Bob Fairweather,
diplomate britannique de carrière.
L’intervention par
courrier électronique a été infructueuse
et la direction de l’OIAC a publié le
document manipulé, sans le rapport
final sur la valeur de la concentration.
Les inspecteurs à
l’origine de cette manipulation ont vite
compris :
Le 4 juillet, il y
a eu une autre intervention. Fairweather,
le chef de cabinet, a invité plusieurs
membres de l'équipe de rédaction dans
son bureau. Ils y ont trouvé trois
responsables américains qui ont été
présentés à la légère, sans préciser les
agences américaines qu’ils
représentaient. Les Américains leur ont
dit avec insistance que le régime syrien
avait lancé une attaque au gaz et que
les deux bouteilles trouvées sur le toit
et à l'étage supérieur du bâtiment
contenaient 170 kilogrammes de chlore.
Les inspecteurs ont quitté le bureau de
Fairweather, estimant que l’invitation
adressée par les Américains à ces
personnes constituait une pression
inacceptable et une violation des
principes d’indépendance et
d’impartialité proclamés par l’OIAC.
Sous la pression
des États-Unis, la direction de l’OIAC a
ignoré les conclusions de ses propres
inspecteurs et a publié au moins deux
rapports manipulés qui accusaient à tort
le gouvernement syrien d’une attaque
chimique.
La direction de
l’OIAC n’a pas répondu aux questions de
Jonathan Steele.
Moon of Alabama
Traduit par jj,
relu par Wayan pour le Saker
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