Actualité
12 fake news macronistes sur les
Gilets jaunes
(1ère partie)
Laurent Dauré
Lundi 11 mars 2019
À entendre les chiens de garde de
l’ordre établi, les Gilets jaunes
seraient gangrenés par l’ensemble des
tares les plus répugnantes : violence,
populisme (et pollutionisme),
extrémisme, racisme, antisémitisme,
sexisme, homophobie. Il manque bien sûr
un élément à ce grand chelem de la
vilenie : le conspirationnisme. Les
médias et commentateurs dominants
vilipendent le mouvement pour sa
prétendue grande perméabilité aux fake
news et aux théories du complot –
notamment après la tuerie de Strasbourg
–, enrichissant ainsi la gamme des
calomnies aussi malhonnêtes que
dégradantes déversées sur les Gilets
jaunes pour tenter de les discréditer,
de les diviser, et d’affaiblir le large
soutien dont ils bénéficient dans la
population.
Dans le même temps, les chasseurs
d’infox patentés minorent ou ignorent
carrément les multiples outrages à la
vérité commis par les représentants du
pouvoir et leurs auxiliaires. Ce qui
augure du meilleur quant à l’application
de la « loi contre les fausses
informations » adoptée par l’Assemblée
nationale en novembre. Pour permettre de
mesurer l’ampleur du deux poids, deux
mesures à l’œuvre, nous présentons ici –
par ordre chronologique – douze cas de
fake news d’origine macroniste. Le tout
en deux parties. La liste n’est
assurément pas exhaustive…
Fake news n°1
: Les Gilets jaunes réunis sur les
Champs-Élysées sont des séditieux d’ultradroite
– Qui ? :
Christophe Castaner (ministre de
l’Intérieur)
– Quand ? :
24 novembre 2018
– Quoi ? : À
la mi-journée, lors de « l’acte II » du
mouvement des Gilets jaunes, Christophe
Castaner fait un point presse devant la
préfecture de police de la capitale.
Voici son diagnostic de la situation
(cf.
BFM-TV) : « Sur Paris, on voit
une évolution, à l’appel de Marine Le
Pen, qui avait invité les manifestants à
venir sur les Champs-Élysées.
Effectivement, près de 5 000 personnes
sont mobilisées. Mais ce que l’on
constate c’est qu’aujourd’hui l’ultradroite,
l’ultradroite [il faut répéter
l’élément de langage important] s’est
mobilisée, est en train de vouloir
dresser des barricades sur les
Champs-Élysées. »
Peu après, le
ministre de l’Intérieur surenchérit en
affirmant que les manifestants sont des
« séditieux [qui] ont répondu
à l’appel notamment de Marine Le Pen
[nouvelle répétition] et veulent s’en
prendre aux institutions, comme ils
veulent s’en prendre aux parlementaires,
aux parlementaires de la majorité ».
Par ces propos lourdement insinuatifs,
M. Castaner laisse entendre que la
majorité des Gilets jaunes réunis sur
les Champs-Élysées sont des séditieux d’ultradroite
ayant répondu à une convocation de la
présidente du Rassemblement national.
– En fait :
La veille du rassemblement,
Le Parisien rend compte d’une
note confidentielle de la direction du
renseignement de la préfecture de police
de Paris (DRPP) ; celle-ci anticipe la
présence de 80 à 120 militants de l’ultradroite.
Dans l’après-midi du 24,
BFM-TV rapporte : « Une centaine
de militants de l’ultra-droite serait
présente dans les rangs jaune fluo,
selon la Préfecture de police. »
Les témoignages de
Gilets jaunes qui étaient sur place
(quelques exemples :
France Bleu,
La République du Centre,
CNews) démentent eux aussi les «
observations » de Christophe Castaner.
Europe 1 affirme que près de «
200 militants d’ultra-droite ont
participé aux débordements à Paris »,
des partisans de « groupes
comme Génération identitaire ou le GUD ».
Parmi les 103
personnes interpellées – dont 101
placées en garde à vue –, nulle trace
d’affiliation à l’ultradroite ou
d’antécédent judiciaire (voir
RTL,
BFM-TV ou
LCI) ; selon
France Inter, « personne n’avait
été identifié auparavant par les
services de renseignements, que ce soit
au sein de l’extrême-droite ou de
l’extrême-gauche, ce qui a été confirmé
pendant les gardes à vue. Personne n’a
reconnu faire partie d’une mouvance
extrême. »
Les assertions
mensongères et anxiogènes de Christophe
Castaner avaient avant tout une fonction
d’intimidation, il s’agissait à la fois
de faire peur aux Gilets jaunes – et à
leurs sympathisants –, de les dissuader
de manifester et de les sommer de se
désolidariser d’un mouvement de «
factieux d’ultradroite proches de Marine
Le Pen ». La ficelle, utilisée depuis
plusieurs décennies sur la scène
politique française, est aussi grossière
qu’indigne, cela n’empêche pas les
clones macroniens d’en faire leur
rengaine comminatoire : « C’est nous ou
l’extrême droite. »
Fake news n°2 :
Un Gilet jaune a fait un salut nazi sur
les Champs-Élysées
– Qui ? :
Team Macron (un important compte Twitter
semi-officiel dédié à la défense de la
Macronie), Naïma Moutchou (députée LREM,
rapporteur de la loi relative à la lutte
contre les fausses informations)
– Quand ? :
24 novembre 2018
– Quoi ? :
D’après la
Team Macron, une courte vidéo
extraite d’un direct de BFM-TV sur les
Champs-Élysées – toujours lors de l’acte
II – montre un Gilet jaune en train de
faire un salut nazi. Les e-roquets du
président commentent : « Tranquille,
un salut nazi sur les Champs-Élysées »
(avec les mots-dièse « #SansMoiLe24
#24novembre #GiletsJaunes »).
Naïma Moutchou,
rapporteur de la « loi anti-fake news »,
partage l’image et écrit : « Paris
1940 ? Non non, Paris 2018 ! Honte à
ceux qui piétinent ainsi la République.
Qu’ils sachent que leurs manœuvres n’y
changera [sic] rien : nous
continuerons à transformer le pays et
répondrons à la colère de ceux de nos
concitoyens qui manifestent dans le
respect de la loi. » D’autres
membres de LREM abondent dans ce sens.
En somme, des
héritiers de Jacques Doriot plastronnent
sur les Champs-Élysées au milieu de
Gilets jaunes coupablement passifs mais
la macronsphère défendra la République
jusqu’à son dernier tweet.
– En fait :
Quand on se donne la peine d’écouter le
son de la vidéo (comme l’a fait
France 2), l’erreur de la Team
Macron & Cie se révèle de dimension
jupitérienne : passant devant la caméra
de BFM-TV, le Gilet jaune en question
dit « Ave, Macron ! » en faisant un
salut… romain. Il s’agit donc du clin
d’œil ironique d’un « gaulois
réfractaire ».
La loi contre la
manipulation de l’information ayant été
définitivement adoptée par l’Assemblée
nationale – malgré son rejet par le
Sénat – quelques jours plus tôt (le 20
novembre), Naïma Moutchou montre
l’exemple en effaçant le tweet dans
lequel elle relayait une fake news bien
dodue. Le 28 novembre, elle fait
une mise au point auto-complaisante.
Par contre, s’excuser auprès du Gilet
jaune moqueur et des autres manifestants
qu’elle a diffamés en tentant de les
faire passer pour des néonazis était
manifestement au-delà de sa capacité de
repentir.
Quant à la Team
Macron, elle maintient (et s’enfonce)
avec
un tweet envoyé le 25 novembre :
« Qu’il crie “avé [sic] Macron”
ou autre chose ne change rien à la
nature du geste qui est clairement un
salut nazi. » Errare humanum est,
perseverare diabolicum…
À droite, le
président du Parlement ukrainien, Andrei
Parouby, cofondateur du Parti
social-nationaliste d’Ukraine (alias «
Svoboda »), reçu le 11 juin 2018 par
François de Rugy,
alors président de
l’Assemblée nationale – Cf.
ce billet et
celui-ci
Fake news n°3
: C’est la peste brune qui a manifesté
sur les Champs-Élysées
– Qui ? :
Gérald Darmanin (ministre de l’Action et
des Comptes publics)
– Quand ? :
25 novembre 2018
– Quoi ? :
Reçu dans l’émission « Le Grand Jury »
sur
LCI/RTL/Le Figaro, Gérald
Darmanin déclare à propos de la
manifestation de la veille sur les
Champs-Élysées : « Ce ne sont pas des
Gilets jaunes qui ont manifesté, c’est
la peste brune qui a manifesté. »
Deux journalistes protestent timidement
face à cette déclaration qui leur semble
quelque peu outrée, mais le ministre
persiste et signe : « C’est pas parce
que vous mettez un gilet jaune que vous
n’avez pas […] une chemise brune
en-dessous. »
M. Darmanin est
donc formel : tous les Gilets jaunes
réunis sur les Champs-Élysées le 24
novembre – 5 000 personnes selon le
comptage rabougri du ministère de
l’Intérieur – étaient des néonazis.
– En fait :
La teneur des propos est proche de celle
du point presse de Christophe Castaner
la veille mais avec en prime une
expression encore plus infamante et une
absence d’ambiguïté dans la
généralisation. Pour l’ex-LR Gérald
Darmanin, la totalité des manifestants
présents sur la plus célèbre avenue de
Paris étaient des émules jaune fluo de
Jacques Doriot. Après l’ultradroite, la
peste brune… Difficile d’aller plus loin
dans la bêtise et l’ignominie.
On l’a vu
ci-dessus, il est radicalement faux
d’affirmer que les Gilets jaunes
rassemblés sur les Champs-Élysées, y
compris ceux qui sont qualifiés de «
casseurs », ont quoi que ce soit à voir
avec le nazisme. La très grande majorité
(au moins 95 %) ne relève pas même de
l’extrême droite. Et M. Darmanin le sait
très bien. Son abject mensonge – qui
contribue à répandre un climat anxiogène
– vise uniquement à salir le mouvement
des Gilets jaunes, à briser la franche
solidarité dont il jouit au sein du
peuple.
Il est par ailleurs
irresponsable de relativiser ainsi la
réalité du (néo)nazisme, on peut y voir
une forme de révisionnisme impensé. En
effet, si c’est la peste brune qui a
manifesté le 24 novembre 2018 sur les
Champs-Élysées, alors comment qualifier
le défilé de la Légion des volontaires
français contre le bolchevisme (dite
LVF) qui a eu lieu sur la même avenue le
27 août 1943 ?…
Fake news n°4 :
Des Gilets jaunes ont incendié le Musée
du Jeu de paume
– Qui ? :
Team Macron
– Quand ? :
1er décembre 2018
– Quoi ? :
Retweetant
une courte vidéo filmée par le
journaliste britannique indépendant
Peter Allen à proximité des Tuileries
lors de l’acte III, la Team Macron
(encore elle) accrédite l’affirmation
qui l’accompagne et écrit : « Les #giletsjaunes
ont mis le feu au musée du jeu de Paume…
» Et les zélotes jupitériens
ajoutent : « Mais quand s’arrêtera la
mansuétude contre [sic] le
mouvement le plus ouvertement haineux,
raciste et violent que nous ayons connu
depuis les années 30 ? » Rappelons
que, malgré les apparences, la Team
Macron n’est pas un compte parodique.
Nous sommes là
toujours dans le registre darmanesque de
la peste brune : les Gilets jaunes, tels
des nazis, s’attaquent à la culture en
brûlant un temple de l’art.
– En fait :
Une camionnette garée à côté du musée a
été incendiée mais le bâtiment n’a pas
été atteint par les flammes. Des vitres
ont par contre été brisées et certains «
Gilets jaunes » auraient tenté de
pénétrer à l’intérieur. La direction du
Jeu de paume a ensuite déclaré (le 3
janvier) aux journalistes de la rubrique
«
CheckNews » du site de Libération
: « Il n’y a pas eu d’intrusion
dans le bâtiment et aucun incident grave
n’est à déplorer. »
La Team Maton – qui
applaudit la répression policière sans
jamais en montrer
les
conséquences sanglantes – ayant
effacé son tweet, le compte
Fallait Pas Supprimer écrit : «
Grosse journée pour @TeamMacronPR qui
vient de supprimer un 2nd tweet… »
L’équipe de choc répond alors : «
Vaut mieux ça que de dire une connerie
hein. » Mais quand s’arrêtera la
mansuétude des macroniens contre
eux-mêmes ?
Lorsque l’on tient
à réagir à chaud, à faire du
sensationnalisme, et que l’on s’est
vissé au crâne des lunettes anti-Gilets
jaunes aux verres très épais, les «
conneries » sont inévitables. On verra
plus loin que la performance déconnante
de la Team Macron ne s’est pas arrêtée
là.
Fake news n°5 :
Plusieurs milliers de personnes vont se
rendre à Paris pour casser et tuer
– Qui ? :
L’Élysée, Jacqueline Gourault (ministre
de la Cohésion des territoires et des
Relations avec les collectivités
territoriales)
– Quand ? :
5 décembre 2018
– Quoi ? :
Dans la soirée, l’Élysée fait savoir à
Franceinfo que la manifestation à
Paris du samedi 8 – acte IV – risque
d’être « d’une grande violence ».
La présidence affirme que les remontées
du terrain sont « extrêmement
inquiétantes » et qu’il faut
s’attendre à ce qu’« un noyau dur de
plusieurs milliers de personnes »
déferlent sur la capitale « pour
casser et pour tuer ». Comme le
rapporte
France Inter, l’Élysée anticipe une
arrivée massive de « factieux »
et de « putschistes » assoiffés
de sang et de destruction.
Interrogée le 6
décembre sur ces prédictions effrayantes
par Jean-Jacques Bourdin sur
BFM-TV, Jacqueline Gourault,
ministre de la Cohésion des territoires,
n’apporte ni démenti, ni nuance. Le même
jour, l’hebdomadaire
Valeurs actuelles –
pour lequel l’ordre est une valeur
éternelle – surenchérit dans le style
ultra-anxiogène qui le caractérise :
« Plusieurs sources au sein des services
de renseignement (SCRT et DRPP) estiment
qu’environ “20 000 gilets jaunes
voulant en découdre et tuer”
pourraient agir sur le territoire
samedi. On s’attend à une probabilité
d’ouverture de feu de “80 à 100 %”,
complète un spécialiste de l’ordre
public ».
L’alerte
apocalyptique de l’Élysée est évidemment
reprise dans tous les médias dominants.
Le message adressé aux Gilets jaunes est
clair : « Restez chez vous ». Et aux
autres : « Détournez-vous de ce
mouvement criminel ».
– En fait :
À Paris, le 8 décembre, 1 082 personnes
ont été interpellées – souvent
préventivement –, avec une garde à
vue pour plus de 900 d’entre elles. Le
lendemain,
Le Parisien écrit : «
Selon nos informations, ce dimanche
matin 396 gardes à vue ont été levées
puisque 108 mis en cause ont été déférés
au parquet de Paris, 284 procédures ont
été classées et quatre autres dossiers
sont en attente de décision. »
Où sont passés les
milliers de Gilets jaunes venus dans
le but de casser et tuer ? Où sont les
éléments factuels – les fameuses
remontées du terrain « extrêmement
inquiétantes » – qui permettaient
d’annoncer à la France entière qu’une
horde jaune fluo allait faire couler le
sang dans les rues de la capitale ?
Tant que l’Élysée
n’aura pas présenté des preuves quant à
l’existence de cette armée de trucideurs
en puissance – tous neutralisés ou
dissuadés de passer à l’acte par le
dispositif policier ?… –, il est
légitime de considérer qu’on a affaire à
une fake news en bonne et due forme
destinée à terroriser. Avec le facteur
aggravant qu’il s’agissait d’une
prophétie officielle tonitruée par
l’immense caisse de résonance
médiatique.
Fake news n°6 :
Steve Bannon a orchestré le mouvement
des Gilets jaunes
– Qui ? :
Team Macron, Émilie Chalas (députée
LREM), Coralie Dubost (députée LREM),
Aurore Bergé (députée LREM, porte-parole
du groupe à l’Assemblée nationale)
– Quand ? :
5 décembre 2018
– Quoi ? :
Sur Twitter, la Team Macron (eh oui, la
revoilà déjà) exulte : « Énorme ! Le
nom de domaine du site giletsjaunes.com
a été acheté en mai 2017 (!!!), une
semaine après l’élection d’Emmanuel
Macron et enregistré à Denver aux
États-Unis. » Une capture d’écran
montre les informations relatives à ce
nom de domaine. Conclusion de cette
révélation « énorme » : « Ce serait
bien que les gens commencent à
s’intéresser à ce que fait Steve Bannon
en Europe… » Voilà, tout s’explique
: l’ancien stratège de Donald Trump est
derrière le mouvement des Gilets jaunes.
Trois députées du
parti présidentiel relaient avec
délectation le scoop sur Twitter :
Émilie Chalas (« Ah… donc Bannon… »),
Coralie Dubost (« La réalité
dépasserait-elle la fiction ?!? »)
et Aurore Bergé (retweet de la
précédente), cette dernière étant
également porte-parole du groupe LREM à
l’Assemblée nationale.
– En fait :
Comme l’a très bien établi
CheckNews sur Libération.fr, le nom
de domaine giletsjaunes.com n’a pas été
acheté en mai 2017, la génération est
antérieure d’au moins deux ans. En 2015,
un site est créé avec ce nom, il a pour
objet de contester la réforme des
rythmes scolaires menée par le ministre
de l’Éducation nationale de l’époque,
Vincent Peillon. Le collectif à
l’initiative s’appelle les « Gilets
jaunes » (le 6 décembre 2014,
Le Monde publie un article
qui mentionne ce mouvement).
Abandonné,
giletsjaunes.com se retrouve ensuite
dans l’escarcelle de NameBright, une
société gérant la réservation de noms de
domaine basée à Denver aux États-Unis ;
celle-ci l’enregistre le 15 mai 2017 et
le met en vente. L’adresse américaine
figurant sur la capture d’écran brandie
par la Team inspecteur Gadget correspond
donc à la localisation de NameBright. Le
23 novembre, après le début du mouvement
des Gilets jaunes, le domaine est
racheté ; aucun site n’est actif à ce
jour sur celui-ci.
Dans la nuit du 6
décembre, les trois députées LREM
suppriment leurs tweets ; la Team Macron
fait de même et se justifie une fois
encore en évoquant une « connerie »
(voir
ici), tout en ajoutant immédiatement
: « Mais une connerie n’est pas une
fake news au sens où l’entend la loi. »
Bref, longue vie au
complotisme autorisé !
Le générateur à
infox anti-Gilets jaunes de la Macronie
n’est pas en panne. Nous continuerons
d’en admirer les merveilles dans une
seconde partie…
Laurent Dauré,
pour Les-Crises.fr
Le dossier politique
Le
dossier fake news
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