Opinion
Janus Putkonen :
« il faut construire une ligne
Mannerheim »
Laurent Brayard
Laurent
Brayard: D.R.
Jeudi 27 août 2015
Janus
Putkonen est Finlandais, né dans une
petite localité du nom de Pernaja en
1974. Issu d’une famille attachée aux
arts, notamment au théâtre, il deviendra
réalisateur et scénariste du théâtre de
Porvoo sur les bords de la Baltique.
Rien ne le prédisposait donc à entamer
une carrière dans les médias jusqu’à une
prise de conscience politique au milieu
des années 90. A cette date, il comprend
dans la grande valse des médias
internationaux que quelque chose « ne
tourne pas rond ». Cette prise de
conscience l’amène à travailler
rapidement dans la communication et dans
les médias. Il fondera naturellement un
média alternatif dans son pays mais
c’est dans le Donbass que finalement
naîtra dans sa tête un vaste projet : le
groupe DONI.
Questionné
sur son engagement pour le Donbass,
Janus indique qu’il ne connaissait pas
grand-chose à la Russie, à part comme
touriste et qu’il ne pratique pas la
langue russe. Ayant toutefois senti que
la cause de la Novorossia était beaucoup
plus complexe et que quelque chose se
cachait derrière l’acharnement des
médias, il décide de se rendre sur place
au mois de mars 2015. Comme il le dit
lui-même « ce fut un réel choc, la
veille de mon départ après ce séjour
immersif, ce fut très difficile, je
n’avais pas envie de partir et je ne
pouvais dormir. Aussi je me promettais
cette nuit-là de revenir, ce que j’avais
compris était trop important ».
Comme beaucoup de journalistes
indépendants venus ici, éloignés du
circuit des mass médias, Janus a été
terrifié par la situation du Donbass et
les enjeux colossaux de cette guerre. Il
m’explique, qu’avant son arrivée, il
avait déjà pris conscience que
manipulations et mensonges étaient à
l’œuvre autour des événements du Maïdan
et de la guerre de l’Ukraine contre les
insurgés du Donbass. Sa venue au milieu
des habitants fut toutefois une
révélation, le conduisant à l’évidence :
il fallait revenir.
Sa promesse
fut tenue, après avoir pris les contacts
nécessaires avec divers investisseurs et
sponsors, il s’empressa de revenir : « Je
compte bien rester ici, et même pour
toujours ! En Finlande j’ai été averti
que si je rentrais, j’étais sous la
menace d’une arrestation et d’une peine
de prison de huit ans ».
L’affirmation fait frémir, mais bien
réelle. La Finlande est en effet un
membre de l’Union européenne depuis 1995
et si elle ne se trouve pas membre de
l’OTAN, elle collabore activement avec
l’organisation par la signature d’un
partenariat signé en 1994 et par son
entrée comme membre au Conseil du
partenariat euro-atlantique de 1997
http://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_49594.htm
. Traditionnellement non alignée avant
ces signatures, la neutralité
finlandaise n’est donc qu’hypothétique
et de façade. Malgré les déclarations du
Premier ministre finlandais Alexander
Stubb, le 19 décembre 2014, que
l’adhésion à l’OTAN de son pays devait
nécessiter un référendum, il est clair
que la Finlande subit une pression de la
part des pays atlantistes et surtout de
la puissante Amérique
http://www.geolinks.fr/grands-enjeux/les-enjeux-geopolitiques/la-finlande-et-lotan-la-problematique-adhesion/
.
Face à cette
situation, le peuple finlandais
naturellement pacifique est partagé.
L’histoire difficile de la Finlande avec
la Russie a toujours conduit ce
courageux peuple à se méfier de son
puissant et parfois turbulent voisin. En
Finlande la mémoire collective garde un
cuisant souvenir de la Guerre
russo-finlandaise de l’hiver 1939-1940
ainsi que de la lutte durant la Guerre
civile russe pour arracher son
indépendance face aux bolcheviques déjà
passablement engagés dans un
impérialisme soviétique. Janus toutefois
ne sera pas de ceux tombés dans une
propagande simpliste et massive. Après
avoir contacté divers investisseurs
immédiatement après son premier voyage
dans le Donbass, il réunit assez de
fonds pour se lancer dans l’aventure et
arrive à nouveau dans le Donbass. Après
avoir rassemblé une petite équipe
internationale, mais aussi de locaux ou
d’activistes comme le célèbre Américain
Russel Texas Bentley, il fonde
les bases de l’agence, avec
DNINews.com, DNIPress.com,
SaveDonbassPeople.info et enfin
ProDonbass.com
http://dninews.com/ .
« Nous
devons construire une ligne de défense
de l’information, à l’image de la ligne
Mannerheim. Le problème en Europe est
que nous sommes sous l’emprise d’une
propagande ayant pour but d’assujettir
les peuples européens à un système qui
est en fait l’ennemi de tous les peuples
européens et occidentaux. Nous devons
gagner cette bataille. Bien souvent les
médias russophones sont plus justes
qu’en Occident, mais le problème réside
dans le fait que dans l’idée des gens
tout ce qui vient de Russie ou du monde
russophone est une propagande. Alors
j’ai eu l’idée d’une agence
indépendante, qui serait au cœur du
Donbass, un foyer de résistance, à la
fois pour aider le Donbass, pour aider
ses populations, mais aussi pour
commencer à construire cette ligne. Nous
communiquons pour l’instant uniquement
en langue anglaise, la langue la plus
usitée dans le monde, mais le projet à
long terme est de communiquer dans
toutes les langues importantes. Si au
départ nous nous attacherons à ré
informer sur le Donbass, l’ambition est
d’appréhender l’information à l’échelle
mondiale ».
De fait le
projet est déjà bien lancé, ils sont
très nombreux comme le lancement déjà
effectif de Radio Free Donbass,
l’organisation de Press Tour pour
les journalistes occidentaux, de
concerts caritatifs directement dans le
Donbass ou encore l’acheminement d’aides
humanitaires à destination des
populations, personnes fragilisées,
blessés, enfants ou personnes âgées.
Déjà entouré d’une dizaine de
collaborateurs, la ligne Mannerheim est
donc déjà en cours de construction. Tout
cela promet un bel avenir à un média
alternatif dont le but noble et louable
montre qu’il existe dans tout le
continent européen, des intelligences
qui ont compris que la paix et le
bonheur des peuples et nations
européennes ne passeront jamais par la
consolidation de l’Union européenne
actuelle, le IVe Reich européen.
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