Algérie
Lahouari Addi et Djamel Zenati
signent un texte commun (document)
Lynda Meziane
Lahouari Addi et
Djamel Zenati
Mercredi 27 novembre 2019
Nous publions dans
son intégralité un texte signé
conjointement par Lahouari Addi et
Djamel Zenati. Le texte est un appel au
peuple algérien.
APPEL AUX
CONSCIENCES
La contestation
populaire est à son dixième mois. Loin
de s’affaiblir, elle ne cesse de
s’intensifier et de s’élargir. Elle est
installée dans la durée. La longue
mobilisation pacifique et unitaire a
réussi à faire émerger une nouvelle
conscience collective dans le pays. Elle
a constitué un rempart solide contre
toutes les tentatives de division et de
diversion. La détermination sans faille
du mouvement a enfin mis en échec les
opérations de répression et
d’intimidations. Les murs de la peur et
du silence sont définitivement brisés et
rien ne pourra désormais arrêter les
citoyennes et les citoyens dans leur
marche pour la liberté et le progrès.
Le commandement
militaire, en véritable pouvoir réel, ne
semble pas avoir pris la mesure de ce
bouleversement profond ni le sens de
cette irrépressible aspiration populaire
au changement. Otage de paradigmes
éculés, il tente par la manière forte de
contourner la volonté du peuple.
L’élection
présidentielle prévue pour le 12
décembre prochain est inadaptée aux
exigences de la situation. Elle est à
l’opposé des revendications du Hirak. Le
seul but de cette consultation est de
garantir la survie du système en place.
En effet, le pouvoir réel, en
l’occurrence le commandement militaire,
est en quête d’une représentation
formelle devant lui permettre de
poursuivre l’exercice d’une souveraineté
confisquée sans avoir à apparaitre ni à
rendre des comptes.
En voulant à tout
prix imposer une élection massivement
rejetée par les citoyennes et les
citoyens, le commandement militaire
s’inscrit dans la défiance et fait le
choix de l’affrontement. Le risque est
grand de voir le pays à nouveau plonger
dans le drame.
L’évolution
qualitative survenue dans l’opinion est
incompatible avec le maintien du statu
quo ou le retour au régime ancien. La
rupture est réelle et demande une
traduction politique appropriée. Par
leur engagement soutenu, les algériennes
et les algériens ont collectivement
ressuscité l’utopie libératrice
inaugurée par les pères fondateurs de
l’Algérie indépendante. Le Hirak est le
prolongement logique du mouvement de
libération nationale. Ne pas le voir
c’est se mettre en marge de l’Histoire.
Le Hirak est porteur d’une ambition
nationale.
Aussi, le devoir
patriotique aujourd’hui commande en
priorité à tout un chacun de se
mobiliser pour empêcher la tenue de
cette aventure électorale. Il commande
ensuite de construire les convergences
nécessaires à l’élaboration d’une
alternative démocratique au chaos
programmé. Les énergies du Hirak sont
dans ce sens interpellées.
Dans le cas
spécifique de notre pays, la première
étape de la transition consiste en un
transfert de souveraineté du
commandement militaire vers le corps des
citoyens. C’est une étape incontournable
et décisive car elle déterminera tout le
reste du processus.
Les algériennes et
algériens sont attachés à l’institution
militaire. Ils refusent de se projeter
dans une opposition avec celle-ci car
une telle perspective est absurde et
destructrice.
Les officiers
supérieurs de l’armée doivent se mettre
au diapason des exigences populaires. Il
y va de l’intérêt de l’Etat et de
l’avenir du pays.
Lahouari ADDI
Djamel
ZENATI
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