Algérie
Le 48èm Vendredi : la révolution
du sourire en force
Lahouari Addi
Lundi 18 janvier 2020
Ceux qui ont prédit l'échec de la
révolution du sourire après le
scrutin administratif du 12 décembre
ne connaissent pas la nature du hirak. Pour échouer, il faut avoir
un ennemi, or le hirak n'a pas
d'ennemi. Ni l'armée, ni l'Etat ne
sont ses ennemis car ils sont SON
armée et SON Etat. Le hirak veut
entreprendre la deuxième étape de la
construction de l'Etat. Depuis
l'indépendance, l'Etat a été réduit
au pouvoir exécutif dominé par sa
branche militaire, ce qui a bloqué
l'avenir du pays en le menant vers
la corruption et le gaspillage. Le
hirak veut reconstruire le pouvoir
exécutif en le faisant dominer par
le pouvoir législatif, ce que
refusent pour le moment le
commandement militaire et son
personnel civil. Abdelmajid Tebboune
dit que je veux entreprendre cette
tâche, mais le hirak lui dit qu'il
n'a pas la légitimité électorale
pour s'imposer à la branche
militaire du pouvoir exécutif qui
l'a désigné à sa fonction. Pour
entreprendre les réformes demandées
par la révolution du sourire, il
faut avoir une autorité sur le
commandement militaire qui bloque le
processus de rénovation des
institutions.
Si Tebboune veut gagner la confiance
de la population, il lui faut donner
des preuves qu'il est un président à
part entière exerçant les
prérogatives que lui donne la
constitution. Il lui suffit de faire
un discours public à la télévision
dans lequel il déclare que tout
militaire âgé de plus de 65 ans est
désormais mis à la retraite, y
compris les membres de l'Etat-Major
dont le général Chengriha. La mesure
prenant effet dans l'immédiat. Elle
n'est pas révolutionnaire, elle ne
fait qu'appliquer un texte
règlementaire bafoué par la branche
militaire du pouvoir exécutif. Avec
une telle décision de bon sens,
Tebboune pourrait être un président
de transition. Il prendrait attache
avec des représentants du hirak pour
discuter des réformes à apporter en
vue de reconstruire le champ
politique. L'objectif sera de créer
les conditions pour que les
élections donnent naissance à un
vrai pouvoir législatif souverain
qui veille à l'indépendance du
pouvoir judiciaire et qui contrôle
le pouvoir exécutif.
Cette demande de la transition vient
des profondeurs de la société, dans
sa composante urbaine et rurale, et
le hirak ne s'arrêtera qu'avec sa
satisfaction. Parler d'échec du
hirak, c'est méconnaître la société
et ses aspirations. Le hirak est
puissant par plusieurs facteurs: son
nombre (des centaines de milliers de
manifestants), son pacifisme (djeich,
chaab, khawa-khawa), son unité
autour d'un objectif commun (yetnahaw
ga3), la maturité de ses slogans (dawla
madania, la 'askaria), son
encadrement informel (le rôle des
étudiants), son ancrage dans le
passé anti-colonial (ya 'Ali, klaw
el bled), et enfin sa conscience
nationale (mzabi, chaoui, kbaili,
'arbi... koulouna wled 'Amirouche).
Le match est parti pour durer. Pour
l'instant le score est : Hirak:48 -
Pouvoir Exécutif: 0
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