Algérie
La violence n'est pas une fatalité
Lahouari Addi
Mardi 1er octobre 2019
Les manifestations populaires très
nombreuses du vendredi 27 septembre ont
montré la détermination des Algériens à
changer de régime et surtout de
personnel politique. Ces millions de
personnes, à travers tout le pays, ne
sont pas un courant d'opinion
minoritaire qui refuserait l'élection
présidentielle du 12 décembre comme le
prétend Gaid Salah. C'est une majorité
de citoyens qui, pacifiquement, veulent
confier la gestion de l'Etat à de
nouvelles personnalités élues dans la
transparence. Il est impératif pour la
stabilité du pays que le commandement
militaire entende et prenne en
considération cette demande. Elle ne
peut être satisfaite par l'élection d'un
ancien ministre du gouvernement
Bouteflika qui a ruiné le pays. D'un
autre côté, le commandement militaire a
des craintes que le pays aille vers
l'inconnu. Deux camps s'opposent, fort
heureusement jusque-là, pacifiquement.
Mais la tenue de l'élection pourrait
enclencher une dynamique de violence
préjudiciable à tout le monde. Il faut
trouver un compromis pour éviter la
violence, et ce compromis passe par la
création d'un climat de confiance de la
population envers l'élection du 12
décembre. Car la population n'a pas
confiance et des signes montrent que le
candidat Tebboune sera proclamé
président élu le 12 décembre au soir. La
désignation d'un ancien ambassadeur
comme son directeur de campagne indique
clairement que la chose est pliée.
L'élection prévue le 12 décembre est
porteuse de dangers, et en tant
qu'universitaire et citoyen, j'ai le
devoir de l'affirmer. Si la météo
prévoit des inondations dans le pays, on
ne va pas s'en prendre au météorologiste
et l'accuser de souhaiter des
inondations. Les ingrédients de la
violence sont là, et il faut tout faire
pour l'éviter. A cet effet, il faut un
compromis acceptable par les uns et les
autres. En tant que citoyen, je propose
le compromis suivant,
1. Toute personne ayant occupé la
fonction de ministre du gouvernement de
Bouteflika ne pourra se présenter à
l'élection présidentielle.
2. L'administration doit annoncer des
mesures concrètes pour que le scrutin
soit libre afin que des personnalités
comme Mouloud Hamrouche puissent se
présenter sans avoir le sentiment d'être
des lièvres dans la course.
3. Le gouvernement Bedoui devra
démissionner et être remplacé par un
gouvernement de technocrates en
attendant l'élection de l'Assemblée
Nationale d'où sortira une majorité
gouvernementale.
4. Le dépouillement des urnes se fera
publiquement dans les bureaux de vote
pour empêcher le chef de daira de faire
le bourrage des urnes sur instruction du
ministère de l'intérieur.
5. Le président sera élu pour un seul
mandat et aura pour mission de mener à
bien la transition au cours de laquelle
une Assemblée Nationale sera élue.
Ce sont là des
propositions et j'invite les internautes
à faire de même, jusqu'à trouver une
base consensuelle qui évitera au pays la
violence.
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