Conférence de presse de Macron : crise
migratoire
et échec de l'UE, une
magnifique leçon de Novlangue
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 26 avril 2019
Sans revenir sur
l'intégralité de l'énième show macronien,
dont les communicants de la présidence
nous abreuvent régulièrement, cette
dernière séance fut une magnifique leçon
de Novlangue. L'Union européenne
n'arrive pas à gérer la crise
migratoire, la Nation a besoin de
frontière et le "patriotisme ouvert"
(sic) oblige à rétablir les frontières
... européennes ... et donc à exclure de
la zone Schengen les mauvais élèves, qui
ont encore l'impudence (ou l'insolence
?) de croire aux frontières ...
nationales ... puisque justement il
s'agissait de ... Nation. Décryptage
d'un enfumage de plus, parfaitement dans
la logique antiétatique et
antifrançaise, que Macron, président des
Français, met en place avec tant
d'énergie.
Avant tout, écoutez
cette séquence, délectable :
La modification du
sens des concepts utilisés par Macron
démontre une parfaite maîtrise de la
Novlangue, ce dont nous ne doutions
aucunement.
Ainsi, aux
premières paroles, nous avons un instant
l'agréable surprise d'entrendre
réhabilitées en bloc et les frontières
et la Nation, ce qui est peu commun dans
ce monde no borders, où la
circulation est le but en soi d'une
foule devant être errante pour être
libre :
"Une Nation
se tient aussi par ses limites et ses
frontières".
Le choc passé, tout
revient à sa place, grâce à un
magnifique "patriotisme ouvert".
Il en existe donc un autre, fermé,
qui est mauvais, ce doit être le
national, car celui-ci, ouvert donc
positif (dans un monde ouvert, le
patriotisme doit l'être aussi) comme
nous le comprenons immédiatement après,
n'est pas national mais européen. Ainsi,
Macron enterre les Etats-Nations, qui
sont une des caractéristiques du
continent européen et sur leurs oripeaux
érige la souveraineté d'une Union
européenne.
Les frontières, qui
trois phrases plus tôt devaient garder
la Nation française, glissent vers
l'Union européenne (qui, même
géographiquement, n'est pas l'Europe,
sans même parler de l'idéologie
atlantiste qui n'a rien d'européenne).
Et l'on réduit encore le discours, vers
la zone Schengen, qui "ne marche plus".
Au lieu, en toute
logique, de penser à restaurer
réellement un contrôle migratoire aux
frontières nationales, ce qui réglerait
aisément le problème, non, il faut
sauver "la souveraineté européenne".
Si l'on n'est pas au Café du commerce,
où il est possible de dire tout et
n'importe quoi, et c'est d'ailleurs ce
qui fait son charme, Macron sait
parfaitement que 1) la souveraineté est
non seulement l'attribut exclusif
de l'Etat, mais qu'elle est également
son critère d'existence, puisque
juridiquement un Etat est souverain ou
n'est pas; 2) l'UE n'est pas un Etat,
mais une organisation régionale, certes
intégrée, mais ayant pour membre des
Etats, donc souverains, sinon elle
serait vide. Bref, la notion de
souveraineté européenne est
juridiquement un non-sens, mais
idéologiquement souligne bien le cours
antiétatique de ce président.
Dans sa logique, si
la Nation est transférée au niveau de
l'UE, celle-ci est en droit de défendre
ses frontières - pour mieux
accueillir les immigrés dans "sa
maison". Or, la zone Schengen ne
fonctionne pas, car certains Etats ont
encore la prétention ahurissante (d'où
peut bien leur venir cette idée?) ... de
défendre leurs frontières nationales
étatiques.
La conclusion est
significative : exclure de la zone
Schengen, les Etats qui ne veulent pas
accepter en masse les immigrés. Donc
l'Union européenne est un échec.
Abonnement newsletter:
Quotidienne -
Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes
contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs.
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance
du webmaster merci de le lui signaler. webmaster@palestine-solidarite.org