Russie politics
Série Navalny, nouvel épisode :
"l'opposant ressuscité"
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 25 septembre 2020 Navalny est sorti
de l'hôpital allemand. Encore mieux que
Skripal! 32 jours et sur pied, avec une
chance de rétablissement complet selon
les médecins. Sans aucun dégât
collatéral, à part des relations
internationales déjà moribondes.
Décidément, le novichok s'évente de plus
en plus. C'est certainement la raison
pour laquelle les laboratoires français,
allemands et autres ne répondent pas à
la demande de la Russie de coopération.
Car si Navalny a été empoisonné, il
serait intéressant de savoir comment et
où il a pu ingurgiter le poison,
manifestement en milieu stérile et très
bien dosé, pour qu'il n'y ait aucune
victime. Mais la Russie ne reçoit aucune
réponse ...
La mauvaise série B, "Navalny,
l'opposant ressuscité", prend un tour de
plus en plus grotesque. Après 32 jours
d'exfiltration à la clinique magique de
La Charité en Allemagne, il sort de
l'hôpital et va se promener en
famille en forêt. Les médecins, le plus
sérieusement du monde, envisagent même
un rétablissement complet. Après que
soi-disant une arme chimique de guerre
ait été utilisée contre lui ...
A ce moment-là le
très objectif journal Le
Monde publie une version plus que
personnelle de la conversation entre
Macron et Poutine, selon laquelle
Poutine aurait déclaré que Navalny n'en
étant pas à son coup d'essai aurait pu
s'empoisonner lui-même. Version démentie
par le Kremlin, qui avec humour souligne
que ces fantasmagories ne sont pas
surprenantes, sinon cela signifierait
une fuite vers la presse par l'Elysée
d'une conversation non-publique.
La
presse est heureuse de ce retour à
la vie de l'enfant-chéri, maintenant
accompagné de son auréole. Ces mêmes
journalistes, indépendants puisque main
stream, reprennent même à la lettre
la version des compagnons de Navalny,
selon laquelle une bouteille d'eau à
l'hôtel à Tomsk, récupérée par leur soin
quelques temps après la médiatisation de
l'empoisonnement de Navalny,
contiendrait ... des traces de Novichok.
L'hôtel en effet confirme
l'irruption d'un groupe de partisans de
Navalny voulant entrer dans la chambre
du Maître et ayant empaqueté des
affaires dans la chambre. Hors tout
protocole, bien sûr.
C'est de mieux en
mieux. Car non seulement tous les
passagers de l'aéroport se portent à
merveille, les passagers de l'avion
n'ont absolument rien, mais à l'hôtel
aussi, aucune désinfection particulière,
ni mise en quarantaine, n'ont été
nécessaires alors qu'une bouteille avec
rien moins qu'un produit chimique de
guerre hautement volatile était des
heures et des heures et des heures en
ses murs. Ce n'est rien de moins qu'un
miracle, qu'il faudra absolument faire
estampiller à Rome. Avec un peu de
chance - et beaucoup de volonté, Navalny
pourrai être canonisé de son vivant ...
Et la Russie
aimerait bien savoir ce qui s'est passé,
selon les différentes et nombreuses
déclarations de ses officielles. Car
n'ayant trouvé aucune trace de novichok
dans ses laboratoires, Navalny étant un
citoyen russe, elle voudrait savoir
comment, si réellement empoisonnement il
y a eu, il a pu avoir lieu et par qui.
Mais aucun des nombreux laboratoires
européens, où se promènent des
échantillons de sang de Navalny,
n'accepte de coopérer, en violation
totale des conventions internationales.
Car soit il n'y a
aucun empoisonnement et la propagande
internationale a encore passé un cap
dans la virtualisation des conflits,
soit il y a bien eu empoisonnement, mais
vu les analyses fournies et l'absence de
victimes collatérales, il a été
parfaitement dosé et réalisé en milieu
stérile.
Pourtant, il est
certain qu'aucune enquête internationale
ne répondra jamais à cette question.
Le sommaire de Karine Bechet-Golovko
Le dossier
Russie
Les dernières mises à jour
|