Russie politics
Syrie: la France pourrait être derrière
le massacre
à l'arme chimique de Ghouta
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 25 août 2016
L'insistance avec laquelle la France et
le Etats Unis veulent à tout prix
imputer au régime d'Assad l'utilisation
d'armes chimiques contre la population
syrienne est étrange. Partant du
principe que l'attaque est la meilleure
des défenses, l'on s'interroge sur la
déclaration du représentant syrien à
l'ONU accusant les services de
renseignement français d'être derrière
la barbarie de Ghouta, qui a permis de
justifier l'opération en Syrie.
Le 21 août 2013, du
gaz sarin est utilisé dans l'oasis de
Ghouta, faisant plus d'un millier de
morts et blessés parmi la population
civile. L'arsenal chimique syrien a
ensuite été détruit, la France et les
Etats Unis ont immédiatement attribué
cet acte ignoble au régime d'Assad et
ont pu ainsi justifier la furture
intervention militaire en Syrie.
Comme l'écrit le
journal
Le Point:
Bachar el-Assad est
en revanche incriminé par deux synthèses
des services de renseignements américains et français,
publiées respectivement le 30 août et le
3 septembre 2013, pour ainsi justifier
publiquement des frappes occidentales à
venir. "La simultanéité de l'attaque,
dans des endroits différents, réclame un
savoir-faire tactique indéniable que
seul le régime syrien possède", assure
encore aujourd'hui Olivier Lepick,
spécialiste des armes chimiques à la
Fondation pour la recherche stratégique.
Or, le rapport de
l'ONU du 12 décembre 2013 n'a "pu"
établir les responsabilités, autrement
dit n'a pu imputer l'acte au régime d'Assad.
Et pour cause, en février 2014, un
rapport du Massachusets Institut of
Technology aux Etats Unis affirme lui
sans aucun doute que le régime syrien
n'est pour rien dans cette attaque
chimique, mais il est passé sous silence
en France et Fabius maintient la
responsabilité d'Assad. En
effet:
Un ancien
inspecteur de l'ONU et spécialiste des
missiles, Richard Lloyd, et un
professeur du MIT, Theodore Postol,
avaient conclu que l’attaque chimique
n’avait pu être lancée que depuis une
zone tenue par les milices de
l’opposition.
Or, cette
opposition est soutenue par les Etats
Unis et la France. La presse également
tient le cap:
C'est alors que
deux évènements se croisent ces derniers
jours. L'ONU rend un nouveau
rapport sur l'utilisation d'armes
chimiques en Syrie:
Au terme d’un an
de travail,
une enquête conjointe
des Nations unies (ONU) et de
l’Organisation pour l’interdiction des
armes chimiques (OIAC) a déterminé
qu’en Syrie,
les forces du président syrien Bachar
Al-Assad s’étaient rendues coupables de
deux attaques toxiques et
l’organisation Etat
islamique (EI) d’une troisième.
Dans 6 autres cas,
les responsabilités "n'ont pu être
établies". Soit. Nous avons pris
l'habitude des "rapports d'enquête" et
des "commissions indépendantes", ce qui
ne peut être prouvé officiellement
signifie simplement que ça n'entre pas
dans la vision nécessaire du monde .
A cette occasion,
justement, le représentant syrien à
l'ONU accuse les services français
d'avoir organisé le massacre de Ghouta,
pour masquer un autre massacre que
venait de commettre la fameuse
"opposition modérée". Cette information
est diffusée par la presse britanique,
dans The
Independant, étrangement elle n'est
pas reprise par la presse française.
Selon
Bachar Al-Jaafari:
«L'utilisation
d'armes chimiques dans la région de
Damas était destinée à empêcher Oke
Selstrem [chef du groupe des
inspecteurs] de se rendre à Alep, car la
France savait qui avait utilisé des
armes chimiques à Alep. Ils voulaient
empêcher Oke Selstrem d'atteindre Alep
par tous les moyens, de ce fait, ils ont
utilisé des armes chimiques à Damas,
avec l'implication du renseignement
français»
Evidement, la
France considère ces accusations comme
absurdes et maintient ses accusations
contre Assad. Pourtant, les dernières
attaques chimiques menées en Syrie, par
les "rebels modérés" à Alep ne soulèvent
pas l'opinion internationale qui préfère
s'accrocher au portrait du petit
Omrane photographié par un "rebelle"
qui maîtrise bien l'art de la
décapitation, mais une trentaine de
morts et de blessés, bien réels, ne
seront que des
dégâts collatéraux. Ils ont eu la
malchance d'être massacré par les
"gentils", ceux qui sont soutenus par la
coalition américaine, donc rien à voir,
on circule:
Les militants du
mouvement Nour al-Din al-Zenki ont tiré
plus de sept obus sur le marché local
d'al-Awamid dans la vieille ville
d'Alep, dans le but de forcer l'armée
gouvernementale à arrêter les opérations
militaires sur la ville et d'obtenir un
nouvel instrument de pression. "J'étais
près de l'endroit où l'un des obus a été
largué. Une autre bombe a été larguée
sur le marché d'Al-Awamid. Quelques
minutes plus tard, je suffoquais et
j'avais des nausées, j'ai été soigné sur
place, puis transporté à l'hôpital. Cela
a sauvé ma vie"
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