Russie politics
Syrie: pourquoi les Etats Unis préparent
la guerre?
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 25 février 2016 Alors que le plan de paix
en Syrie semble petit à petit tenter de
se mettre en place (voir notre article à
ce sujet
ici), des groupes d'opposition
acceptant de déposer temporairement les
armes, les Etats Unis préparent un plan
B, que le Secrétaire d'état américain J.
Kerry annonce plus conflictuel,
militaire.
A peine les deux présidents russes et
américains avaient raccroché le
téléphone, que les
chefs du Pentagone et de la CIA
exigent d'Obama de faire pression sur la
Russie pour lui causer de sérieux
problèmes, qui la fassent réfléchir. Des
sanctions économiques encore plus
fortes, soutenir militairement les
groupes d'opposition. Article publié
dans le
Wall Street Journal le jour même de
l'annonce du plan de paix, le 23. Les
recettes classiques. Mais quelle est la
faute de la Russie pour justifier tant
d'hystérie: saper le travail américain
de destabilisation de la région. Ils
doivent reprendre la main.
Alors que les
forces militaires régulières syriennes
ont accepté le
cessez-le-feu, que les
kurdes également. Le Haut Conseil
pour les négociations (soutenu par
l'Arabie saoudite) accepte de voir venir
pendant les deux prochaines semaines.
D'autres hésitent.
L'armée libre syrienne ne s'est pas
encore prononcée. Il faut dire que,
comme l'écrit tranquillement
Euronews, dans certaines régions les
rebels modérés sont alliés avec Al Nusra,
sans pour autant être des radicaux. Bien
sûr.
La
Turquie, elle, ne se considère pas
concernée par les accords de paix. Si
elle estime que ses intérêts nationaux
sont en danger, elle ripostera sans
demander la permission à personne, selon
les terme du Premier ministre. Le
président Erdogan déclarant pour sa part
que, de toute manière, les kurdes sont
des terroristes qu'il faut tuer.
Alors pourquoi les
hauts responsables américains,
Pentagone, CIA et Département d'état,
entrent en guerre, pour l'instant
verbale, contre la Russie
J.
Kerry déclarait que dans le cas d'un
échec du plan du plan de paix, les Etats
Unis ont un plan B:
"Si la Russie et
l'Iran continuent à faire leur travail,
nous pouvons nous retourner vers la
réalisation du plan B. Ce plan peut être
plus confrontationnel et, alors, il sera
possible que nous demandions au Congrès
de faire plus."
Sans entrer dans
les détails du plan, J. Kerry insiste
sur le fait que si le plan de paix
échoue, cela signifie que la diplomatie
a échoué, il ne reste alors que la
solution militaire. Soit 15 à 30 000
soldats et un système de défense
aérienne. Autrement dit, c'est la
guerre, car quels sont les avions dans
le ciel syrien? Et dans ce cas, selon J.
Kerry, la Syrie sera totalement et
définitivement détruite, elle n'existera
plus comme état. Ainsi,
Kerry explique devant le Sénat
américain que ce scénario est possible
notamment si Assad ne met pas en place
dans les semaines qui viennent, un
gouvernement de transition. Pour autant,
la composition de cette opposition
modérée qui a déjà sapé les négociations
n'est toujours pas précise. C'est
simple: l'opposition ne veut pas
négocier, Assad doit partir.
La certitude avec
laquelle les Etats Unis attendent
l'échec du processus de paix fait
comprendre qu'ils seront à l'origine de
sa violation. Certaines formations
armées d'oppostion, comme le HCN,
peuvent utiliser ces deux prochaines
semaines pour regourper leurs forces,
les Etats Unis pour préparer leur
réarmement "défensif" cela va sans dire,
la Turquie pour se sentir agressée comme
cela est coutume et Bashar doit
disparaître et la Russie s'effondrer. La
démocratie vaincra, mais moins vite que
ne se répandra le terrorisme.
Et l'interprétation
de la violation de ces accords de paix
est très floue. La Russie a-t-elle une
chance de réussir à les imposer? Les
jeux sont serrés. Comment réagira-t-elle
en cas de confrontation? C'est
l'inconnue, qui va conditionner les
démarches futures des Etats Unis. Plus
ils sentiront une hésitation de sa part,
plus ils iront loin. La destabilisation
institutionnelle des pays pour en
prendre le contrôle est une tactique
qu'ils ont déjà éprouvé en de nombreux
endroits. La Syrie ne peut résister,
c'est une question de principe. Et si la
Russie s'oppose, elle doit être prête à
aller jusqu'au bout, à moins de ne
prendre le risque de voir aussi une
"opposition modérée armée" émerger sur
ses terres.
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