Russie politics
Syrie : la coalition américaine bombarde
les alliés de Assad luttant contre Daesh
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 19 mai 2017
La coalition américaine reconnait avoir
bombardé des forces pro-Assad luttant
contre Daesh. Elle reconnait l'avoir
fait sciemment. Car ils présentaient un
danger. Voici ce qui se passe lorsque
l'on n'a pas le même ennemi: certains
utilisent les terroristes dans un but
politique pour garder le contrôle sur un
territoire, d'autres luttent contre ces
terroristes.
Le 18 mai, la
coalition américaine, après avoir
soi-disant prévenu les "intrus" et leur
avoir demandé de sortir de la zone
contrôlée par la coalition américaine,
après avoir soi-disant prévenu la Russie
par le canal officiel, a bombardé une
colonne de chars T 62 qui se dirigeait
vers At Tanf en Syrie. Tout cela, parce
que cette colonne de 5 chars présentait
un danger et qu'il fallait bien se
défendre.
La question
étant: se défendre contre qui? Car
les Etats Unis affirment entrainer
là-bas des forces d'opposition.
L'affirmation du Pentagone selon
laquelle la politique américaine dans la
région n'a pas changé est on ne peut
plus vrai: les Etats Unis
continuent à défendre leurs groupes
armés contre les forces d'Assad.
La seconde excuse
avancée concerne ces fameuses zones de
désescalades. Or, comme le fait
remarquer le Pentagone un peu plus tard,
il ne s'agit pas tout à fait d'une zone
de désescalades faisant partie de celles
convenues à Astana, mais ce territoire
aurait été visé par un ancien memorandum
passé entre les Etats Unis et la Russie
... Si l'explication est assez floue, en
revanche, la démarche féodale est
évidente: nous sommes chez nous et
faisons ce que nous voulons.
Autrement dit, soit
Trump a lui-même donné l'ordre, comme ce
fut le cas lors de la dernière attaque
de la base aérienne syrienne et les
discussions avec la Russie ne lui
servent qu'à gagner du temps pour
reprendre la main en Syrie et affaiblir
Assad, en utilisant les armées
constituées sur place par la coalition
américaine. Soit la guerre des clans aux
Etats Unis se radicalise après que Trump
ait relevé la tête dernièrement et le
maximum est fait pour compliquer sa
tournée au Moyen Orient et en Europe.
Un sénateur russe
estime que cet acte doit être considéré
à l'ONU comme un acte d'agression. Mais
la Russie sera bien seule à défendre
cette position, pourtant rationnelle.
Dans tous les cas, il est extrêmement
difficile de coopérer avec un pays dont
le pouvoir ne maîtrise pas le processus
de décision politique. Situation encore
compliquée par cette manie des guerres
modernes de jouer sur l'apparence, car
le niveau d'armement mondial ne permet
plus les guerres traditionnelles. Les
avancées militaires sont utilisées dans
des processus politiques de négociation
sans fin. Et ces conflits n'en finissent
pas.
Le sommaire de Karine Bechet-Golovko
Le
dossier Syrie
Les dernières mises à jour
|