Russie politics
Vaccin coronavirus : Pourquoi la
Grande-Bretagne a besoin d'accuser la
Russie de piratage informatique ?
Karine Bechet-Golovko
Samedi 18 juillet 2020
La Grande-Bretagne,
dans la suite des sanctions adoptées
récemment contre la Russie pour montrer
à la fois son indépendance (de l'UE) et
son allégeance perpétuée au monde global
atlantiste, vient d'accuser les services
spéciaux russes d'avoir eu recours à des
hackers pour voler les données du vaccin
contre le Covid, développé par la
Grande-Bretagne, le Canada et les
Etats-Unis. Etrange accusation : si le
danger est tel que l'humanité ait besoin
d'un vaccin maintenant et tout de suite
pour survivre, pourquoi alors les pays
ne travaillent-ils pas ensemble ? Par
ailleurs, ce qui découle de cette
étrange approche politico-commerciale
plus que sanitaire, le destin de
l'humanité ne va pas dépendre de ce
vaccin, nous ne sommes pas face au
secret de la bombe atomique. Autrement
dit, la sortie de la Grande-Bretagne
sert surtout à conforter l'image de
l'ennemi pour la Russie, lui faisant
également comprendre que le fait de
jouer le jeu du Covid n'en fait pas pour
autant une alliée. Jeudi, la
Grande-Bretagne a accusé la Russie,
par l'intermédiaire de ses services
secrets spéciaux, d'utiliser des hackers
pour pirater les recherches sur le
vaccin contre le coronavirus :
Selon le National
Cyber Security Centre (NCSC), un groupe
de hackers, connu sous la dénomination
d'APT29 - ou encore des «Ducs» ou de «Cozy
Bear» - s'est attaqué à des
organisations travaillant à la recherche
d'un vaccin contre le Covid-19. Les
trois pays les plus touchés seraient le
Royaume-Uni, les Etats-Unis et le
Canada. L'organisme gouvernemental
britannique chargé de la cyber-sécurité
a précisé que ces hackers travaillent «presque
certainement dans le cadre des services
de renseignement russes». Les
services américains et canadiens
seraient arrivés à la même conclusion.
A part des
déclarations politiques, notamment du
ministre britannique des affaires
étrangères, aucune preuve n'a été
apportée. C'est d'ailleurs pourquoi les
accusations sont relativisées par ce "presque
certainement". Immédiatement, les
Etats-Unis réagissent aussi et un membre
du Congrès, Kevin MacCarthy, ça ne
s'invente pas, annonce la discussion au
Congrès d'un projet de loi prévoyant la
mise en responsabilité de ces hackers
russes. Surprenant, si les Américains en
ont la preuve, pourquoi ne pas agir en
justice, pourquoi choisir une voie
strictement politique et non judiciaire
?
En principe, ces
accusations sur un vol de vaccin, quand
la Russie de son côté est déjà en train
de tester le sien sont surprenantes.
D'autant plus surprenant, que si le
danger était tel que l'humanité ne
pourrait survivre que vaccinée contre le
Covid, pourquoi les Etats ne
collaborent-ils pas ? La guerre
froide n'a pas empêché, dans
l'après-guerre, l'URSS et les Etats-Unis
de travailler ensemble à l'éradication
de la variole noire, extrêmement
contagieuse et mortelle. Donc, les
enjeux de cette course au vaccin
semblent beaucoup plus
politico-commerciaux, que sanitaires
: Comment la Russie, pays arriéré,
pourrait-elle obtenir la même chose que
nous, dans les mêmes délais ? Il est
absolument inacceptable pour le clan
atlantiste que la Russie puisse évoluer
indépendamment de lui. Même si, in
fine, elle suit dans de nombreux cas
la même voie. Ce qui montre bien que la
question n'est pas tant sur le fond
(reconnaître les cultes et les dieux -
dont le Covid est l'un des derniers
arrivés, mais pas l'un des moins
importants), qu'une question
d'allégeance politique : la source du
pouvoir est dans le monde anglo-saxon,
la source de la connaissance ne peut
donc qu'y être aussi.
PS : Avec cet
exemple, l'on comprend mieux le sens des
réformes désastreuses de l'enseignement
et de la recherche, que ce soit en
Europe ou en Russie. Elles doivent
permettre cette prédominance.
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