Russie politics
Etats Unis / Russie:
Refroidissement dans les relations
diplomatiques
Karine Bechet-Golovko
Lundi 17 juillet 2017
La rencontre entre Poutine et Trump,
comme annoncé ici, n'a pas
radicalement changé l'état des relations
entre les Etats Unis et la Russie, la
puissance de l'administration américaine
se faisant sentir. Finalement, la
coopération russo-américaine pour
renforcer la sécurité dans le
Cyber-espace attendra des temps
meilleurs et la question de la
normalisation des relations
diplomatiques entre les deux pays a été
remplacée par un chantage de bas étage.
Bref, la vie continue son cours, il est
difficile de se défaire de ses
habitudes. Refus de visas aux diplomates
russes, chantage sur les biens
immobiliers de la mission diplomatique
russe aux Etats Unis etc. Comment en
est-on arrivé là?
En décembre 2016, juste avant de devoir
quitter ses fonctions, le Président B.
Obama a expulsé 35 diplomates russes et
mis sous séquestre une partie des biens
immobiliers appartenant à la mission
diplomatique russe (pour plus de
détails,
voir notre article ici). La réponse
avait beaucoup plu à la communauté
internationale s'extasiant à qui mieux
mieux sur le génie de la réponse
asymétrique. En effet, la Russie avait
alors décidé d'inviter les enfants des
diplomates américains à l'Arbre de Noel
au Kremlin.
En effet, quel
soulagement, la Russie n'a in fine
pas répondu. Il devient alors
intéressant de savoir jusqu'où il est
possible de violer en toute impunité le
droit international, sans que le pays ne
protège ou ne défende ses diplomates.
Puisque, en fin de compte, c'est bien de
cela qu'il s'agit: un rapport de force
qui prend des diplomates en otage.
Primaire et semble-t-il efficace.
L'Estonie et la
Moldavie s'y sont essayées à leur tour à
la fin mai (voir
notre article ici). Cette fois-ci,
la Russie a réagi et a pris des mesures
équivalentes. Moralité, les Etats Unis
peuvent, mais pas les autres pays. Cette
exception américaine semble bel et bien
exister ...
Il y a eu, avant
cela, la rencontre Trump/Poutine au G20.
Il est possible qu'ils aient abordé la
question. Mais même si Trump voulait
normaliser la situation, il ne le
pourrait pas. La Russie n'a pas pris de
mesures en réaction à l'expulsion de ses
diplomates. Il ne peut pas y avoir
"d'échange". Il faudrait un grand geste
des Etats Unis, gratuit, pour rétablir
le bon droit. Et pourquoi cette grandeur
d'âme?
Le conseiller du
Président américain a déclaré, justement
à ce sujet, il y a quelques jours devant
les caméras de
CNN qu'ils sont prêts à revoir la
décision des biens immobilers russes
séquestrés, s'ils obtiennent quelque
chose en échange, afin de donner une
chance aux relations russo-américaines.
Mais la Russie n'a rien "à échanger",
alors les enchères montent. Un chantage
est officiellement annoncé: les biens
immobiliers pourront être rendus ... si
la Russie se comporte bien en Syrie.
Il est vrai que l'Etat islamque recule,
il faut l'aider. Quel est le rapport?
Aucun. Le but est ailleurs.
L'impunité étant la
règles, les Etats Unis viennent alors de
refuser leurs visas aux diplomates qui
devaient remplacer ceux qui furent
expulsés. Cette fois-ci aussi le
Ministère des affaires étrangères a
réagi et menace de mesures de rétorsion:
expulsion de diplomates américains en
poste en Russie pour que le volume des
deux représentations soit équivalent,
mise sous séquestre de biens, etc.
Autrement dit, ce qu'il aurait fallu
faire en décembre dernier pour que les
Etats Unis ne se sentent pas les mains
libres.
La Russie défend
une position
légaliste: c'est du chantage et
c'est inacceptable. Oui, c'est
inacceptable, mais c'est ainsi. Rappeler
l'importance de respecter les règles
internationales uniquement en paroles a
un effet très réduit, comme nous le
voyons, avec certains interlocuteurs.
Parfois répondre de manière très ciblée
permet justement de rappeler les risques
évités par le respect de ces règles. Un
peu comme avec les enfants.
Aujourd'hui, le
vice ministre des affaires étrangères
russe S.
Riabkov rencontrera à Washington son
homologue américain T. Shennon. Si aucun
accord n'est trouvé, la Russie affirme
mettre en oeuvre ses mesures de
rétorsions. Espèrons que les mesures
post-modernes s'arrêteront là, que,
saison oblige, les enfants des
diplomates américains en poste en Russie
ne soient pas invités dans un club de
vacances quelconque.
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