Russie politics -
Billet d'humeur
Ne parlez pas des Gilets Jaunes, ce
n'est pas déontologique - sauf pour les
critiquer
Karine Bechet-Golovko
Lundi 17 juin 2019
Un jeune technicien
du son a perdu son emploi, car il a osé
parler au ministre de l'Intérieur des
Gilets Jaunes victimes des violences
policières. Il paraît que ce n'est pas
déontologique. Aurait-il également été
viré s'il avait félicité Castaner pour
sa gestion des manifestations ? Non,
nous pouvons en être sûrs. Les dérives
totalitaires, avec le soutien actif
d'une partie de la population,
rappellent les heures sombres de la
République. A l'occasion du
rassemblement des grands voiliers à
Rouen, Castaner est venu soutenir les
policiers réunis pour sécuriser
l'Armada. A cette occasion, un jeune
technicien du son lui demande s'il a
une pensée pour les Gilets Jaunes
victimes des violences policières en ces
termes :
le jeune homme
raconte sa version de l'incident : "j’ai
pris mon courage à deux mains pour
l’interpeller et lui parler, je lui ai
dit « une pensée pour nos éborgnés ».
Suite à cet échange, ses RG personnels
ont relevé mon identité, mes intentions
et presque toute ma vie..."
Alors qu'aucune
agressivité n'a été perçue par les
témoins de la scène, que Castaner lui a
répondu, de bonne guerre, s'il avait une
pensée pour les CRS, l'affaire ne s'est
pas arrêtée là. Le dirigeant de
l'entreprise, Pascal Bovin, qui
employait en sous-traitance le jeune
homme, a tiré les conclusions qu'il "convenait"
de la situation et a immédiatement
montré patte blanche :
"Il y a eu une
vexation des organisateurs qui ont
demandé à nous rencontrer. Mais dès que
j'ai appris cette histoire, tout de
suite j'ai dit qu'on ne pouvait pas
continuer à collaborer avec un
sous-traitant qui n'a pas de réserve
vis-à-vis de la société pour laquelle il
travaille. Ce qui me gêne, c'est que mon
entreprise a été mise en porte-à-faux et
que ce technicien n'a pas respecté son
droit de réserve", poursuit Pascal
Bovin.
Bref, les temps
changent, l'on ne fusille plus sur la
place publique en mesure de dissuasion,
mais l'on peut virer, d'autant plus
facilement que le culte de l'autoentrepreneur
et la soi-disant indépendance que cela
donne, enlèvent toute garantie sociale.
Ce que l'on
apprécie particulièrement est l'attitude
de P. Bovin qui ne comprend absolument
pas ce qui lui est, éthiquement,
reproché. Lui-même se cachant derrière
une pseudo déontologie d'entreprise
:
« Il y a une
déontologie à avoir dans mon entreprise.
On ne mélange pas le travail avec la
politique ou la religion. J’aurais fait
pareil si ça avait été un acte raciste.
»
Il insiste même,
aucune pression - de la part du
ministère. Il n'y a eu qu'un
'interrogatoire des policiers, une
convocation des organisateurs, etc.
Aucune pression.
Juste une question
: si le jeune technicien avait
félicité Castaner, y aurait-il eu
mélange entre le travail et la politique
et cela aurait-il porté atteinte à la
déontologie de l'entreprise ? Non, il
n'y a mélange répréhensible, que
lorsqu'il y a critique. Retenez
la leçon.
Et la situation est
d'autant plus tendue, qu'aucun
responsable, que ce soit Castaner ou
Macron, ne peut mettre un pied dehors
sans se faire siffler.
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