Russie politics
Syrie: vers une victoire politique et
militaire
de Bachar el-Assad?
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 14 avril 2016
Le Président syrien, envers et malgré la
communauté internationale, continue à
défendre les intérêts de son pays. Ca
marche et ça énerve. Non seulement,
l'armée régulière syrienne est sur le
point de reprendre Alep aux mains du
groupe terroriste Al-Nusra, mais les
élections législatives organisées hier
ont provoqué l'engouement de la
population et l'ire de la coalition
américaine. Le mirage du "Gouvernement
de transition", doux euphémisme pour une
gouvernance étrangère, s'éloigne et le
réarmement des "terroristes modérés" est
à nouveau à l'ordre du jour occidental.
Dans l'ensemble, le processus de paix
progresse plutôt bien en Syrie. Selon le
dernier
rapport du groupe de réconciliation,
diffusé en français, sur le site du
ministère de la défense russe: Accords préliminaires d’adhésion au
cessez-le-feu ont été atteints avec
représentants d’une cité dans la
province de Homs.
Le nombre de villes où les accords de
réconciliation ont été signés – 61.
Un accord de réconciliation a été
conclut avec un leader d’une formation
armée qui est active dans la province
d’Alep.
Le nombre des groupes armés qui ont
adhéré au cessez-le-feu est 50.
En general, le cessez-le-feu est observé
dans la majorité des provinces de la
Syrie.
L'aide humanitaire est largement
distribuée. Rien que dans la région de
Deir-ez-Zor, depuis janvier, l'aviation
russe avec l'aide de l'armée syrienne, a
largué au bas mot
300 tonnes d'aide humanitaire. Dans
la province
Deraa, 600 familles ont pu recevoir
de l'aide humanitaire.
Les
villes libérées des terroristes se
reconstruisent petit à petit. Par
exemple,
communiqué du 12 avril: Une réunion de travail a eu lieu dans le
Centre russe pour la réconciliation avec
les dirigeants de l’administration de la
cité Al-Qaryatayn (province de Homs). On
a discuté les problèmes concernant la
restauration de l’infrastructure de la
ville et l’aide humanitaire au habitants
qui retournent à leurs maisons.
La
formation des convois humanitaires pour
les habitants des deux cités dans la
province de Homs est continuée.
Dans
la ville Al-Qaryatayn libérée des
terroristes, l’adiministation a restauré
800 mètres des lignes électriques au
cours des dernières 24 heures. Les
sapeurs ont nettoyé 2.4 hectares du
territoire. Les habitants locaux ont
commencé la reconstruction des maisons.
Pour
autant, les combats continuent et les
groupes terroristes font encore des
victimes: Les formations de Ahrar ash-Sham ont
continué des bombardements des cités
Sandran, Beït-Smaïra et Kermel par
mortiers et LRM improvisés.
Les
combattants de l’organisation terroriste
de Jabhat al-Nusra continuent les
bombardements des cités et des positions
des troupes gouvernementales axés sur
l’arrêt du cessez-le-feu dans les
provinces d’Alep, Homs et Lattaquié.
Dans
la province de Homs, les cités Ard-al-Jaburinne,
Mzan et Skalbia ont été attaquées par
mortiers et LRM improvisés. Sept civils
ont été tués, 27 ont reçu des blessures
de la gravité différente.
Le
contexte montre une évolution positive
de la situation, allant dans le sens
d'un retour de l'état. L'armée d'Assad,
avec l'appuie de la Russie lorsque cela
est nécessaire, continue le combat
contre les groupes terroristes, qui ne
sont pas concernés par le cessez-le-feu.
Rappelons que Alep est tenu par le
groupe Al-Nusra. Même s'il plaisait tant
à l'ancien ministre des affaires
étragères français, L. Fabius, il n'en
est pas moins un groupe terroriste qui
n'a rien de modéré. Or, si
Assad reprend la ville, il restera
peu de chances pour les extrémistes de
reprendre l'avantage et le projet
occidental dans la région risque d'être
mis à mal. Pour éviter cette défaite qui
se profile, les Etats Unis ont livré aux
groupes terroristes des systèmes
anti-chars et anti-aériens. Mais ce ne
sont pas les seuls à livrer des armes,
notamment des bateaux chargés
d'armements soviétiques ou issus de
l'espace post-soviétique ont été
identifiés. Les chargements venaient de
Bulgarie, de Roumanie, de Jordanie ...
L'on
appréciera également l'appel des Etats
Unis à la Russie pour qu'elle fasse
pression sur Assad afin qu'il cesse
unilatéralement les combats à Alep. Alep
qui est tenu, je le répète, par les
terroristes de Al-Nusra. Tout cela parce
que l'armée peut également toucher
d'autres combattants, qui ne sont pas
d'Al-Nusra. Et en effet, c'est possible,
les combattants passant d'un groupe à
l'autre, en fonction des salaires ou
autres avantages promis. Ce qui montre
bien, par ailleurs, le caractère
totalement irréaliste de la distinction
entre gentils terroristes et méchants
terroristes.
L'autre élément qui destabilise la
coalition américano-centrée, est celle
des
élections législatives en Syrie. La
presse française compare même Assad à un
autiste, qui se moque de la réalité
autour de lui. En effet, comment un chef
d'état peut-il mettre l'intérêt national
au-dessus de la volonté de la communauté
internationale. Enfin, d'une partie de
celle-ci. C'est un crime de
lèse-majesté. Il faut effectivement être
au minimum autiste pour se comporter de
la sorte ...
Afin
de maintenir une légitimité des
institutions étatiques syriennes,
élément fondamental pour la stabilité
étatique et donc pour la lutte contre le
terrorisme qui a dévoré le pays, Assad a
décidé de maintenir le calendrier
électoral. Les syriens se sont déplacés
en masse pour voter, acte civique de
résistance au terrorisme, cri pour une
normalisation de leur vie. Malgré les
menaces des terroristes, malgré le rejet
de la communauté internationale, ils se
sont déplacés pour leur pays.
Et par
là même, ils ont repoussé la question de
la mise en place d'un gouvernement de
transition, question largement soutenue
par les Etats Unis et l'opposition
syrienne mise en place par l'Arabie
Saoudite. Car un Gouvernement temporaire
permet de minimiser le poids d'Assad,
sinon de l'écarter du pouvoir, et
présente également l'intérêt d'une
gouvernance assurée par la communauté
internationale, dans ses intérêts
propres. Avec tout le danger que cela
présente pour le pays, comme
l'expérience l'a déjà montré partout où
elle fut mise en place.
Donc,
forcément, face à cette défaite tant sur
le plan politique que militaire de la
coalition américaine, le fameux plan B
ressurgit. La porte-parole américaine à
l'ONU parle le l'échec du processus de
paix en Syrie, le Wall Street Journal
annonce la décision de réarmer
l'opposition.
Et
l'Allemagne suit. Et la France, et
l'Angleterre. Personne ne veut de ces
élections, trop nationales. Personne ne
veut d'une paix qui sorte de la zone
d'influence de cet Occident imbu de son
propre vide. Et le véritable visage de
nos "valeurs" contemporaines
occidentales sort en plein jour: si ce
n'est pas à nos conditions et dans notre
intérêt, on préfère vous voir mourir.
Nous
sommes très loin de l'humanisme qui
caractérisait, il n'y a pas si
longtemps, nos sociétés.
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