Russie politics
La Syrie ou l'erreur stratégique de
trop
Karine Bechet-Golovko
Dimanche 13 août 2017
Alors que l'armée
syrienne, appuyée par les forces
aériennes russes, gagne de plus en plus
de terrain et se prépare à une bataille
décisive contre Daesh, la Syrie sort du
champ médiatique français, pour n'être
plus représentée que par quelques
soubresauts idéologiques incantatoires. Comme vient de le
déclarer le ministre de la défense
russe, S.
Choïgu, depuis le début de
l'intervention russe dans le conflit
syrien à la demande de Bachar al-Assad
en septembre 2015, Daesh a enfin reculé,
ce qui n'était pas le cas lors du
monopole de la coalition américaine.
Ainsi, l'armée régulière contrôlait en
2015 19 000 km2, elle en contrôle
aujourd'hui 74 200.
La dernière
nouvelle est celle de la libération de
el-Soukhna
par l'armée syrienne, ce qui ouvre
la voie pour une offensive décisive
permettant de libérer la ville de Deir
ez-Zor et de porter un coup terrible aux
forces terroristes :
« Le 13 août
2017, suite à des actions conjointes de
l'aviation russe, des troupes
gouvernementales et des milices
populaires dans la province est de Homs,
la ville d'el Soukhna a été complètement
libérée»
Pour sa part, la
presse française, elle, présente les
faits différemment. Pour l'instant, rien
n'a été publié sur cette avancée
importante conjointe de la Syrie et de
la Russie, alors que la coalition
américaine est toujours engluée à Raqqa,
provoquant une catastrophe humanitaire
sans aucune rapport avec ce qui s'est
passé lors de la libération d'Alep.
En revanche,
Libération parle du meurtre de 7
Casques blancs en des termes laissant
comprendre quel camp occupe très
objectivement ce journal:
«Des inconnus
ont fait irruption à l’aube dans le
centre de la Défense civile à Sarmine et
ouvert le feu tuant sept volontaires», a
précisé cette organisation qui opère
dans des régions échappant au
contrôle du régime de Bachar al-Assad.
(...) Candidats au prix Nobel de la paix
en 2016, les Casques blancs sont sortis
de l’anonymat grâce à des vidéos
poignantes relayées sur les réseaux
sociaux, les montrant, casques sur la
tête, se ruer sur les lieux bombardés
pour extraire des survivants, surtout
des enfants, ensevelis dans les
décombres des immeubles détruits par les
bombardements du régime ou de son allié
russe.
Rappelons que les
Casques blancs se trouvent uniquement du
côté des groupes terroristes, appelés "rebels"
avec beaucoup de complaisance par les
médias occidentaux, qu'ils sont à
l'origine de nombreux fakes largement
repris par ces mêmes médias (voir ici
par exemple concernant la
photo d'Omran), qu'ils sont accusés
par les
populations de n'agir que devant des
caméras et qu'ils furent créés par un
ancien du MI6 ...
Vu le parti-pris
des médias occidentaux, suivant en cela
docilement leurs gouvernements trop
mouillés pour pouvoir agir autrement
maintenant, les journalistes n'insistent
pas sur les exactions des "gentils
terroristes", ne parlent pas de
l'avancée de l'armée régulière syrienne
en terme positif (cette armée est quand
même en première ligne dans le combat
contre les terroristes), mais ils
rappellent régulièrement la nécessité de
condamner Assad pour crime contre
l'humanité. Voici le titre de
Ouest France aujourd'hui:
Syrie. Bachar al
Assad devrait être jugé pour crimes de
guerre
Pourtant, plus de
600 000 personnes déplacées sont
rentrées en Syrie avec l'avancée de
l'armée syrienne (selon les chiffres du
Haut commissariat de l'ONU aux
réfugiés), la CPI n'avance pas malgré
les exhortations des pays occidentaux
qui ont déjà déterminé les criminels,
l'ONU est en panne, bref la Syrie est
la plus grande erreur stratégique de
l'Occident. C'est pourquoi les Etats
Unis font marche arrière, ne financent
plus les groupes "d'opposition" et
laissent leurs satellites, comme la
France, s'engluer dans leur "en même
temps", ces discours-types de pays qui
ne décident plus de rien et doivent
seulement trouver la bonne voie à suivre
au bon moment.
Pour des raisons
qui n'ont rien à voir avec la démocratie
ou les droits de l'homme, les Etats Unis
jouent avec le terrorisme dans le monde
et utilisent la politique internationale
à des fins de politique interne. Ce fut
un échec en Syrie grâce à l'intervention
russe, mais ça a marché en Irak - grâce
à la faiblesse européenne. Et cela va
peut être se reproduire au Vénézuella,
dont les réserves de pétrole aiguisent
l'appétit de leur grand voisin. Qui
pourra aider ce petit pays? Certainement
pas la communauté internationale, qui a
été enterrée avec l'intervention US en
Irak et ne s'en est jamais remise.
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