Le 11 novembre, cette grande fête de la
globalisation
Karine Bechet-Golovko
Lundi 12 novembre 2018
Multiculturalisme, compassion envers les
bourreaux, négation de l'Etat et de son
armée, ce concert du 11 novembre fut la
caricature de ce que le post-modernisme
peut produire de pire. Mais il est
totalement dans l'air du temps, celui de
l'inversion des concepts et des valeurs,
travestissant ce qui aurait dû être la
célébration de la Nation en grand-messe
globaliste, pudiquement rebaptisée
multilatéralisme.
Macron ne voulait
pas d'une cérémonie trop militaire, il a
réussi à organiser un concert en plein
air, ponctué par les dogmes de l'époque.
Offrant un spectacle d'une rare
hypocrisie.
Le premier de ces
dogmes - la réconciliation,
qui entraîne dans cette version dévoyée
la négation du conflit, donc de
l'agresseur et de la victime, les
nivelant dans une masse confuse. Ces
ossements des soldats allemands et
français, côte à côte. Le bourreau
et la victime, tous victimes. Refusant
l'existence d'un agresseur, l'Allemagne,
qui a déclaré la guerre.
La négation
de l'armée française, qui s'est
vue refuser un défilé militaire afin de
ne pas mettre mal à l'aise l'Allemagne.
Etrange, d'ailleurs, comme si
l'Allemagne d'aujourd'hui était toujours
celle de 14-18 ou de 39-45, comme si
elle ne devait pas condamner les crimes
commis alors. Etrange ... La négation de
l'armée française remplacée dans le
discours par "ces hommes et ces femmes
venus de partout".
La négation
de l'Etat, de ces guerres
d'Etat, de ces peuples qui défendent une
terre, la leur. Comment être français
aujourd'hui? Quelle incongruité! Les
citoyens du monde voyagent, picorent,
n'ont ni passé ni avenir, et surtout pas
de racines. Donc s'il y a une guerre, il
faut fuir vers des contrées
économiquement plus rentables, être
réfugiés ou migrants, profiter du
système ou faire du business, il n'y a
que ça de vrai. Sinon, vous ne pouvez
être qu'une victime de l'Etat, de la
Patrie sanglante. L'on ne se bat pas
pour sa patrie, car l'on n'a plus de
patrie dans ce monde postmoderne.
L'on fait la guerre
dans les médias, car il faut préserver
le business. L'on bombarde de loin, l'on
envoie des missiles et l'on organise les
transits de gaz, l'on utilise les
groupes armées pour prendre possession
des champs pétroliers. La guerre, celle
des tranchées, des gueules cassées,
celle qui pue, qui colle, qui épuise les
corps et les âmes est bannie car elle
fait peur. Comme tout ce qui vient de ce
monde réel. Qui a trop de consistance.
Trop de puissance pour ces êtres à la
dérive autour de leur ego.
L'individu-roi est le seul but
acceptable du combat personnel. Cet
individu existe en lui et pour lui. Il
baigne dans son vide rempli de thérapies
collectives et de yoga, le tout arrosé
d'un thé vert autour d'un plat vegan. Il
ne fait pas guerre, il déteste déjà
suffisamment le monde et la vie pour
transformer son combat en éructation.
Pour le reste, il y a les groupes
d'intérêts. C'est la négation du
peuple.
Et Macron remplace
le combat d'un peuple par des lettres de
victimes. Anglaise, américaine -
chinoise. Je ne savais pas que la Chine
avait participé ... mais non, il s'agit
de ces pauvres étrangers qui vivaient en
France et qui avaient été contraints de
défendre ce pays où ils se trouvaient.
Quelle horreur! Devoir en défendre un
autre pays, qui vous accueille ... Une
lettre d'un soldat ... allemand. Il
souffrait le pauvre ... J'attend le
moment où lors des cérémonies de la
Seconde Guerre mondiale l'on nous
ressortira le journal intime d'un
gardien de camp d'extermination qui
expliquera à quel point sa santé a
souffert des fumées dégagées par les
fours ...
Au fait, aucune
lettre lue par un élève russe ...
Evidemment. D'ailleurs la Russie, selon
les discours à la mode en France qui
affectionnent le révisionnisme, n'a pas
joué de rôle important. En effet, elle
n'y a laissé que 3 millions de
personnes, civils et militaires
confondus. Un détail semble-t-il.
L'armée russe a supporté 30% des pertes
militaires des Alliés. Elle a ouvert un
front à l'Est sur demande expresse des
alliés afin d'obliger l'Allemagne à se
battre sur deux fronts. Alors qu'elle
n'était pas prête. Qu'elle devait
reconstituer son armée. Elle l'a fait.
Et d'une certaine manière, elle a
accéléré la chute de l'Empire. Mais la
souffrance de ces hommes venus défendre
les valeurs européennes, des valeurs qui
n'ont plus cours, doit être oubliée avec
eux, avec cette Russie qui est devenue,
selon Macron, ce danger contre lequel il
faut créer une mythique armée
européenne.
Comme Macron l'a
dit, "la France est un projet".
La France n'est plus un Etat, elle n'est
qu'un projet, à la tête duquel se trouve
un manager et non un Chef d'Etat - ce
que nous avions compris. Et ce manager a
donc logiquement utilisé ce qui devait
être la célébration de la mémoire de la
Nation qui a pu se défendre, de peuples
qui ont défendu leur terre, pour en
faire un évènement au service d'une
vision globale du monde, un Forum de
paix. Trump, évidemment, a refusé de
participer à cette mascarade. Il défend
une vision fondée sur des rapports
étatiques, non pas sur des organes de
globalisation. Des ONG, des chefs
d'entreprises, des penseurs-activistes,
des chefs d'Etats, l'ONU, Merkel.
Etrangement, Poutine lui y est allé. La
Russie poursuit son attitude ambigüe
face à la mondialisation. Si elle
rejette l'atlantisme, elle est de
plain-pied dans le globalisme, dans
lequel elle revendique sa place. Or,
systématiquement, tous les organes de la
globalisation finissent par se retourner
contre elle. Car il n'y a pas de
globalisation sans atlantisme. La Russie
devra bien faire son choix. Et notamment
réfléchir à l'utilité de ne pas
forcément participer à toutes les
manifestations ... Elle n'en ressortira
pas pour autant isolée, bien au
contraire.
Mon interview pour
RT France, qui reprend rapidement ces
positions:
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