Russie politics
La dégradation de l'enseignement,
la dégradation de l'homme : conditions
d'existence de la mondialisation
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 11 avril 2019
50 années de déstructuration de
l'enseignement scolaire ont permis de
désorienter les individus, de les
annihiler, de produire des êtres sans
repères, sans connaissances et surtout
de remplacer la raison par des slogans.
Ce qui est un échec pour l'homme, est
une réussite pour ce système idéologique
globalisé, qui ne peut prospérer qu'à ce
prix. Un prix que nous payons de nos
personnes, dans le sens direct du terme.
Comme l'affirme en grandes lettres
l'Organisation pour la coopération et le
développement économique -
OCDE (eh oui, c'est elle qui est à
la source des réformes de l'école ces
dernières dizaines d'années de par le
monde) :
La Direction de
l’éducation et des compétences de l’OCDE
aide les individus et les nations à
identifier et acquérir les connaissances
et les compétences qui permettent
l’accès à des emplois meilleurs et des
vies meilleures, créent de la prospérité
et favorisent l’inclusion sociale.
La finalisation de
l'éducation est posée : l'on ne forme
plus des êtres humains qui doivent
s'émanciper et construire leur vie, on
aide des individus à acquérir "des
compétences" pour qu'ils trouvent un
emploi et les pays à ne plus s'en
inquiéter, les structures
internationales sont là pour ça. Donc,
si le sens de l'enseignement n'est plus
déterminé par les Etats, ceux-ci ne
maîtrisent plus, non plus, la vision du
monde qui sera découlera : le point
d'équilibre, le référent, ne sera plus
l'Etat national, mais une vision
globalisée dénationalisée.
En jetant un coup
d'oeil rapide sur certaines pratiques
développées ces dernières années à
l'école, l'on remarquera, en
général, le rejet de l'effort et le
renforcement de son idéologisation :
oublié le par-coeur, car il faut faire
un effort et tout doit être ludique,
l'enfant, sans qu'il n'ait les
connaissances nécessaires est appelé à
réaliser des "projets" sur les thèmes
fondamentaux de l'époque :
l'écologie, le réchauffement climatique,
l'égalité homme-femme devenu féminisme,
les migrations et le culte de la honte
de l'histoire nationale, etc. A
l'école, l'enfant n'apprend plus, il
ingurgite des réflexes conditionnés lui
permettant d'intégrer cette société
globalisée.
Et les résultats
sont impressionnants et les médias
semblent soudain se réveiller : ça ne
marche pas! Quelle surprise, l'on ne
s'en serait pas douté .... Remarque d'un
professeur :
Depuis 30 ans, on
voit le niveau des élèves qui baisse,
notamment sur les fondamentaux. Sur les
opérations élémentaires, par exemple,
37% des élèves savent aujourd'hui faire
une division. Avant ils étaient 74%. Sur
les savoirs fondamentaux il y a
clairement une baisse de niveau.
A cela, l'on
pourrait se dire: Enfin, ils ont
compris, ils vont enfin se remettre au
travail, faire apprendre aux enfants.
Eh non, puisque ça ne marche pas, il
faut aller encore plus loin : la faute à
l'école, qui fait peur, avec ses
contrôles :
Il y a un tiers des
élèves qui entrent en classe en ayant
mal au ventre et moi je me demande
comment on fait pour apprendre en ayant
mal au ventre. On a système d'évaluation
où on part du principe que l'élève ne
veut pas apprendre, donc on va lui faire
peur avec des contrôles, et ça ne marche
pas.
Logique, s'il n'y a
plus de contrôle, on ne pourra plus dire
que le niveau de l'enfant a baissé et
l'on continue à égaliser vers le bas.
D'autant plus que, paraît-il, il ne sert
à rien de faire plus d'heures, mais
paradoxalement, il faut s'arrêter pour
expliquer lorsqu'un élève ne comprend
pas (ce qui est plutôt normal). Alors
comment combiner les deux ? A moins d'en
revenir à la connaissance spontanée ...
Et l'on pourra alors fermer les écoles,
les remplacer par des centres de
formation spécialisée, tout en laissant
quelques véritables écoles - mais pour
l'élite (ce qui en réalité existe déjà).
Et rassurez-vous,
ce constat ne concerne pas que les
mathématiques. L'on en arrive à la même
conclusion avec
l'anglais, ce qui "dommageable" en
période de globalisation, à moins que
tous n'y soient pas appelés. S'inquiéter
du niveau du français (en fac, il m'est
arrivée de devoir lire les copies de
1ere année à voix haute pour comprendre
ce qui était écrit ... donc ces gens ont
eu un bac) est hors de propos, qui va
encore lire autre chose que quelques
exclamations et onomatopées dans les
réseaux sociaux ?
Résultat :
La France, qui
parvenait encore à tenir son rang au
niveau européen lors de la première
enquête en 2001 se retrouve aujourd’hui
en queue de peloton, loin derrière des
nations aux traditions scolaires plus
neuves comme le Kazakhstan, la Bulgarie
ou l’Irlande du Nord. Seuls les Belges
(francophones) parviennent à faire pire,
mais au moins ont-ils connu un sursaut
entre 2006 et 2011. Contrairement à la
France qui a vu son score baisser de
manière continue depuis quinze ans.
L'enseignement de
l'histoire et de la géographie a connu
le même sort, justement parce que ces
matières sont fondamentales pour le
renforcement du sentiment national. Or,
à l'époque de la globalisation et des
immigrations de masse, l'histoire ne
peut plus être nationale et la
géographie devient un concept à
dimension variable. Cette furie
idéologique a commencé dans les années
70. Un
texte terrible :
Dans le système
scolaire, une discipline n'est jamais
isolée, puisqu'elle s'inscrit
nécessairement dans un contexte
politique, social et scientifique.
Ainsi, le système français a longtemps
fonctionné sur le principe de
l'émancipation individuelle. Il
s'agissait de libérer les esprits et
d'armer la raison. Dans cette
perspective, la géographie devait
favoriser la création et l'appropriation
du creuset national et républicain. Le
contenu de cet enseignement était ainsi
fondé sur un savoir positiviste et
idéologiquement "nationalocentré".
Mais ça, c'était
avant. Qui a besoin de la raison ou de
la nation aujourd'hui? Nous avons besoin
d'individus hors-sol, donc on a changé
l'enseignement de l'histoire-géographie
:
dans les années
1970 (...) De "nationalocentrée", cette
lecture devenait mondialisée et
européenne. Dès lors, le message
géographique que le système scolaire est
amené à porter auprès des élèves pâtit
d'un manque de clarté et de
lisibilité. De surcroît, le principe
d'un enseignement visant à
l'émancipation individuelle s'est
transformé en un processus de
socialisation générationnelle et
intergénérationnelle.
Si de plus en plus
de jeunes aujourd'hui ne savent plus ce
que signifie 5,2, en revanche les
lycéens font de merveilleuses
propositions au ministre de l'Education
nationale en matière de lutte contre le
réchauffement climatique. Ca, c'est
important, quand même. Ce qui permet de
produire des fanatiques apeurés comme
cette pauvre Greta Thunberg totalement
instrumentalisée, comme le révèle cette
enquête surprenante à lire :
Contrairement aux
jeunes manifestantes de Bruxelles, Greta
n’a répondu à aucune question. Je me
suis trouvé face à une petite fille
éteinte, sans passion, manipulée par des
gens inquiétants, enfant sous terreur.
Elle est programmée pour des speechs
apocalyptiques et provocants de quelques
minutes devant les grands de ce monde.
C'est vrai que les
professeurs jouent le jeu destructeur de
cette idéologie, incitant les enfants,
manipulables, à "jouer aux grands", sans
en avoir ni le recul, ni les bases.
Pourtant, il est bien reconnu que l'âge
d'or de l'enseignement se situe ... dans
les années 20. Encore une remarque
:
L'esprit critique
que nous appelons de nos vœux est
cependant d'autant plus difficile à
inculquer en ce début de XXIème siècle
que les élèves sont à la fois privés
d'une véritable mémoire raisonnée et
abreuvés d'une fausse mémoire
Mais comment
développer un esprit critique sans
connaissance ? C'est impossible. Et l'on
pourrait dire que ça tombe bien. Comment
pourrions-nous sinon réécrire l'histoire
en fonction des besoins du moment,
comment sinon serait-il possible de
lancer les hommes, comme des petits
soldats dociles, dans des combats
idéologiques qui ne sont pas les leurs,
un slogan aux lèvres et le doigt sur
l'écran ? La vanité et le vide de ce
monde de consommation et de
communication, repose sur la dégradation
intérieure de l'homme et le bruit
extérieur. Si la majorité d'entre
nous n'a pas pour but d'acheter, de
se bâfrer, bref de consommer tout et
n'importe quoi mais le plus possible, si
les gens ne peuvent plus mesurer la
réussite de leur vie à leur pouvoir
d'achat et aux cours de yoga en guise de
poussée compensatrice spirituelle, la
révolte risquerait de gronder. Le BigMac
en guise de raison d'être, laisse un
arrière-goût quel que peu écoeurant ...
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