Russie politics -
Billet utopique
Jusqu'où va nous conduire cette poussée
sanitaire totalitaire du coronavirus ?
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 10 avril 2020
La furie sanitaire
qui s'est emparée de nos sociétés ces
dernières semaines sous prétexte de
coronavirus est on ne peut plus
malsaine. S'il y a effectivement une
attaque virale, elle n'est pas la seule
en ce moment dans le monde
(voir notre texte), alors la
question se pose de savoir jusqu'où
aller ? A quel moment les pouvoirs et
les populations pourront-ils se sentir
rassurer ? Lorsqu'il n'y aura plus de
malades ? Du tout ? Cela rappelle les
heures sombres du 20e siècle et la
chasse aux faibles. Nous
assistons au réveil du fantasme d'une
société propre, saine, nettoyée, dans
tous les sens du terme, de ses éléments
"contagieux", de ces éléments "viciés".
Voici un aperçu du monde merveilleux qui
se construit sous nos yeux, souvent
détournés, si on laisse faire. Car ce
monde est dans une impasse : il ne peut
simplement déconfiner les populations
sans risque de révolte et ne peut les
garder éternellement confinées sans
risque de révolté. Il faut donc changer
la société. Cet appel
généralisé au dépistage systématique de
toutes les populations pour cause de
coronavirus, pour détecter les éléments
"malades", donc potentiellement
contagieux, donc potentiellement
dangereux, ces malades, qui ne sont déjà
plus définis par leur humanité, qu'il va
ainsi falloir isoler, de gré ou de force
si la soumission n'est pas suffisante,
cette furie soulève beaucoup de
questions.
A quand les
dénonciations pour aider les forces
de l'ordre sanitaires à épurer la
société, qui sinon va continuer à être
contaminée par ces ... éléments ?
Pourquoi s'arrêter
en si bon chemin ? Et en fait, où
s'arrêter ? Pourquoi ces mesures de
dépistage systématique et d'isolement ne
concerneraient-elles que les malades du
coronavirus ? Les autres maladies n'ont
pas pour autant cessé d'exister dans nos
sociétés. Pourquoi ne pas dépister
toutes les populations pour toutes les
maladies? La chasse au malade est
fondamentale, car sinon le problème ne
sera jamais réglé et le confinement,
officiellement, ne pourra alors prendre
fin. Le malade est responsable du
confinement. Il est responsable, il est
fautif. Pas de pitié déplacée.
Et pourquoi
s'arrêter aux potentiellement contagieux
? Les personnes ayant un système
immunitaire affaibli doivent être
protégées, cela concerne certains
malades chroniques mais aussi les
personnes âgées. Il faut les écarter de
la société, il ne faut aucun contact
humain. Pour leur bien. Pour les
protéger.
Et ensuite quoi?
Que faire avec ces éléments dangereux
à cause desquels l'on est privé de
nos libertés ? Car n'oublions pas que ce
sont eux les responsables directes de
notre situation. Les isoler est-il
suffisant ? S'ils sont faibles, ils
peuvent retomber malades, ne faudrait-il
pas mieux ... comment dire ... régler le
problème ... les isoler
définitivement ? Cela, au regard des
normes du management serait beaucoup
plus efficace et moins cher.
Et pourquoi ne pas
pousser le raisonnement à son terme
logique et faire des dépistages dès la
naissance ? Ou même avant la naissance,
pour éviter l'apparition dans notre
monde propre, hygiénique, nettoyé,
d'éléments potentiellement
perturbateurs, imparfaits. Le fantasme
de l'eugénisme n'est jamais loin.
Alors, enfin, nous
pourrons retrouver notre liberté. Et
avant de mourir la conscience
tranquille, régulièrement être testé,
dépisté, et pour éviter tout risque
inutile, pour éviter d'être enfermé pour
nettoyage, rejeter tout contact
humain, puisque le danger vient de
l'homme. Alors, après une
existence de peur, vide, concentrée sur
son nombril, remontée contre son voisin,
contre l'Autre, nous pourrons enfin
trouver - la paix dans la mort.
Si cette société
vous convient, surtout ne changez rien !
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