Russie politics
L'imposture Macron
Karine Bechet-Golovko
Vendredi 3 mars 2017
Difficile de sortir de ces
présidentielles, même à distance, elles
vous ratrappent. Il faut dire que la
dernière grande nouvelle est que Macron
a enfin accouhé d'un programme. Je me
demande simplement ce que ça change,
finalement. Car, si je ne me trompe pas,
il n'a toujours pas de parti. Alors, il
compte gouverner comment? En fait, il ne
compte pas gouverner, mais changer les
règles du jeu.
E.
Macron nous a enfin fait part de ses
vues pour le pays. Lui-même l'annonce,
pas de révolution, mais la continuation.
Donc tout ça pour ça: en marche pour
ne rien changer. Si l'on regarde
très rapidement son programme pour
l'école, il continue sur la même
lancée de ce qui justement ne fait pas
la gloire de ce Gouvernement; sur le
plan
économique, nous tombons sous une
avalanche de chiffres grandioses visant
la formation professionnelle des jeunes
et l'investissement dans l'économie,
mais tout en faisant encore plus
d'économie et en diminuant les rentrées
fiscales de l'Etat. La manière dont tout
cela sera
financé n'est pas très claire. Sur
le plan social, des réductions en vue et
une lutte contre le chômage qui passe
par la facilitation de rayer les
demandeurs d'emploi des listes. Ici
aussi, il y a continuation. Pour les
retraites on retrouve du Juppé, sur la
police on voit du Fillon. Etc, etc, etc.
Un programme entre hollandisme, regards
à droite et populisme, sans colonne
vertébrale. Bref, notre cher ami a
attendu que les autres aient présenté et
défendu leur programme pour piocher à
droite et à gauche.
Le
programme de Macron est à son image: un
montage de communication. Vous voulez du
sécuritaire, le voici. Une dose de
populisme avec les retraites et la taxe
foncière. Mais surtout une grande
moralisation de la vie publique et la
lutte contre l'infâme népotisme.
Les
questions s'entassent déjà, notamment,
puisque l'on parle tant de morale
politique ces derniers temps, pourquoi
ne sait-on toujours pas officiellement
qui finance? En politique, ce n'est pas
anodin. Et le fait qu'il refuse de
dévoiler ses sources de financement
laisse la place à tous les fantasmes.
Mais aussi à tous les dangers.
Quoi qu'il en soit, le cas Macron pose
de nombreuses questions. Mais une
centrale retiendra notre attention: et
s'il est élu, comment compte-t-il
gouverner?
L'élection présidentielle est certes un
choix d'homme, mais elle s'appuie sur
les partis politiques. Et comment
va-t-il gouverner sans parti politique?
Les institutions de la Ve prévoient une
coopération entre l'exécutif et le
législatif qui s'articule autour de ces
partis. Le Président forme le
Gouvernement en fonction de la majorité
parlementaire. Cette majorité est
constituée de membres de partis
politiques.
Il a
alors deux possibilités. Soit il
constitue un parti et ouvre les
cartes, notamment sur ses soutiens
réels. Ce qui n'est pas forcément à son
avantage et risque de le mettre dès son
début de mandat en situation de
cohabitation. Ce serait une
première. Soit il ne constitue pas
de parti et joue sur le flou,
par des accords de circonstances.
L'inconvénient de cette stratégie sa
faiblesse tant institutionnelle que
politique, ce qui est inquiétant vus
les enjeux internationaux (réforme de
l'UE, coopération avec la Russie,
relations avec les Etats Unis etc).
Institutionnellement, cela l'oblige, en
cas de victoire à constituer un
Gouvernement sans stratégie intérieure,
sans coordination, car avec des membres
venant des différents courants
politiques, afin de s'assurer les
bonnes grâces des partis et des députés.
Politiquement, il rassemble, lorsque
l'on y regarde de plus, près des élus
qui sont déçus par les partis, qui ont
peur de la défaite, qui sont illuminés
par un mirage. Dans quel mesure ces
appuis sont fiables à long terme? A
voir.
Il
reste encore un point fondamental, qui
découle de ce qui vient d'être dit.
Regardez bien cet article tiré du
journal Le Soir:
Macron,
dernier rampart contre le nauffrage.
Sans en appeler à nos amis de Décodex,
le titre laisse perplexe. Rappelons-nous
que Macron est celui qui félicite la
Chancelière allemande pour sa politique
d'accueil des migrants, celui qui nie
l'existence d'une culture française et
défend le multiculturalisme en France.
Celui qui stigmatise l'histoire de la
France. Il refuse justement de se
prononcer clairement dans son
programme sur les problèmes de
société qui nous touchent fortement ces
derniers temps, à sa voir la laïcité et
l'islam. Car il ne veut pas cliver avant
le vote pour ratisser large, mais il
s'était prononcé plutôt favorablement à
l'islam et avec précaution sur la
laïcité. Nous sommes donc bien dans
la négation de la société française.
L'élection de Macron serait donc le
dernier pas à franchir pour tomber dans
une vision communautariste de la France,
contraire à nos valeurs.
Mais
l'élection de Macron est également le
dernier pas à franchir pour faire tomber
le système politique de la Ve
République. Il faut bien comprendre
qu'au-delà de son programme qui n'a pas
grand sens, il n'est ni de droite, ni de
gauche. il utilise les institutions et
les mécanismes politiques existant dans
une vision globaliste, qui ne peut se
satisfaire des partis politiques et des
Etats désirant être souverains. C'est
pourquoi il fait des concessions à ses
traitres de droite, de gauche et de
centre, il leur sert suffisamment pour
les appaiser. Il invite à la
traitrise, c'est cela son véritable
programme. Car elle affaiblit les
partis traditionnels et donc les
institutions de la Vé République. Et
c'est ici qu'est le mensonde principal
de Macron: il n'est pas un candidat de
la continuation, ni de la rupture
d'ailleurs, en ce sens il est réellement
anti-système. Il se prépare à
abattre ce système
politico-institutionnel au profit d'une
vision d'un Etat minimaliste,
multiculturel, ouvert à tous les vents,
s'inscrivant dans un magma globalisant,
sans passé donc sans avenir. Sa
candidature remet ainsi en cause la
classification droite / gauche que l'on
fait habituellement. Cest pourquoi des
juppéistes sont plus proches de Macron
que de Fillon, ou des socialistes
s'éloignent de Hamont. Ils ont en commun
cette vision globaliste. Cela ne remet
pas forcément en cause l'existence d'une
droite et d'une gauche en France, mais
ce paradigme n'est simplement plus
déterminant. La possibilité même d'une
candidature de Macron en est le signe.
Ces
élections présidentielles semblent
revêtir une dimention particulière,
réllement civilisationnelle. A nous de
choisir, car personne ne mettra de
bulletin à notre place dans l'urne.
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