Russie politics
Etats Unis: le FBI peut perquisitionner
les locaux diplomatiques russes à San
Francisco
Karine Bechet-Golovko
Samedi 2 septembre 2017
Le théâtre de l'absurde continue à
régaler nos cerveaux pourtant saturés d'inapties
diverses et variées et ne cesse de nous
réjouir, tant la bêtise n'a point de
limites. Après avoir lancé une guerre
diplomatique avec la Russie, et étonnés
que celle-ci ait répondu, les Etats Unis
sont pris dans une logique d'escalade,
dont le caractère primitif de leur
culture politique ne leur permet pas de
sortir. Après avoir exigé fin août la
fermeture du Consulat russe de San
Francisco et de certains bâtiments
diplomatiques sur la côte est, une
perquisition par le FBI est envisagé,
même au domicile des diplomates.
Fin août, en réponse à la décision russe
d'harmoniser le nombre de diplomates
dans les deux pays (voir
notre texte ici) adoptée suite aux
mesures prises par les Etats Unis contre
les diplomates russes (voir notre
texte ici), les Etats Unis, vexés
par l'ampleur de la réponse qui a
sérieusement porté atteinte à l'image de
leur toute puissance incontestée, ont
donc décidé "d'harmoniser" le nombre de
consulats, oubliant leur refus d'ouvrir
un nouveau consulat en Russie.
La Russie a donc eu
quelques jours pour fermer le Consulat
de San Francisco, mais également deux
bâtiments chargés des relations
commerciales à New York et à Washington.
Aujourd'hui, 2 septembre, ils n'ont plus
le droit de fonctionner et les locaux
doivent être vidés.
Hier, alors que
dans l'urgence la Russie s'occupait de
libérer les locaux du Consulat de San
Francisco, bâtiment occupé depuis
plusieurs années, de la fumée
s'échappant du toît a fait la Une non
seulement de la presse, mais a également
alerté les autorités américaines.
Avaient-ils peur que les diplomates
russes ne brûlent des éléments de
preuves de la collusion avec Trump?
Plus sérieusement,
comme l'explique la porte-parole du
ministère russe des affaires étrangères,
Maria Zakharova, les autorités
américaines n'ont étrangement pas
remarqué que la fumée sortait ... du
tuyau prévu à cet effet. Ils ont envoyé
les pompiers, les services de sécurité
écologique pour vérifier que cette fumée
ne soit pas toxique. Dans l'idée des
Etats Unis, il est vrai que la Russie
est l'ennemi numéro 1, encore plus
dangereux que les terroristes
islamistes, alors l'on peut s'attendre à
une attaque chimique ... pourquoi pas?
Passons. Une fois sur place, les
pompiers et autres
services d'urgence ... n'ont rien
remarqué d'anormal.
Déjà la fermeture
du Consulat a provoqué de fortes
réactions. Le conseiller du Président
russe, Yuri
Ushakov, compare ces agissements à
une prise de possession frauduleuse et
nécessite une réponse adéquate de la
part de la Russie. Le ministre des
affaires étrangères, S.
Lavrov annonce également que la
Russie doit réagir très fermement à ces
mesures, même si elle ne veut pas encore
dégrader les relations bilatérales.
Ziouganov, pour sa part, estime que
la fermeture du Consulat russe est
l'annonce d'une nouvelle étape vers la
guerre froide, dont les conséquences
peuvent être terribles, notamment pour
la communauté internationale. Il est
vrai que l'on se demande jusqu'où les
Etats Unis sont prêts à aller. Le
représentant russe à l'ONU, V.
Nebenzia déclare que les relations
russo-américaines n'ont jamais été aussi
mauvaises,et le Conseil de sécurité de
l'ONU reste quasiment le dernier endroit
où les deux pays collaborent encore.
C'est tout dire.
Non content du fait
de la fermeture du Consulat, les Etats
Unis envisagent des perquisitions par le
FBI dans les locaux diplomatiques et
même dans les appartements des
diplomates. C'est en tout cas ce
qu'annonce Maria Zakharova.
Le vice-président
du Comité de la
Douma pour les affaires étrangères
considère totalement absurde la volonté
de perquisition dans les locaux du
Consulat de San Francisco et au domicile
des diplomates, comportement qui
rappelle une autre période, celle de la
guerre froide.
Jusqu'où iront
les Etats Unis? Difficile à dire. Ils
sont dans une logique de fuite en avant
et ne peuvent s'arrêter sans perdre la
face et donc leur puissance, puisque
celle-ci est avant tout fondée sur la
croyance en leur suprématie, plus que
sur leur suprématie réelle.
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