Opinion
C’était du nazisme aussi
Karim Bouali
Dimanche 19 juillet 2015
Les médias français s’offusquent d’une
récente découverte qui remonte à l’ère
des pratiques hitlériennes impitoyables.
Des restes de victimes d’un anatomiste
nazi conservés dans un bocal et des
éprouvettes ont été découverts à
Strasbourg. Parmi ces objets macabres,
un bocal contenant des fragments de peau
d’une victime de chambre à gaz et deux
éprouvettes renfermant le contenu de
l’intestin et de l’estomac d’une autre.
L’anatomiste nazi voulait collectionner
des squelettes juifs. Ces mêmes médias
ne sont pas choqués, néanmoins, par les
exterminations, les razzias, les
pillages, les destructions de récoltes,
les empoisonnements des puits et
rivières, les tueries collectives, les
épidémies et les maladies provoquées,
les gazages et les enfumades massives de
populations civiles sans défense, les
punitions et les répressions massives
sur les populations réduites à l’état
animal. Ces actes barbares, rapportés
par Mohamed Abassa dans une contribution
à Algeriepatriotique,s’ajoutent
à plus de 200 charniers dans le Dahra,
dont ceux de familles entières
pétrifiées avec leurs animaux, griffant
les parois des grottes, et les génocides
par centaines «qui ont valu des
gratifications, des promotions et des
honneurs à leurs sinistres auteurs :
colonels, généraux et maréchaux
assassins et grands criminels de guerre
pour la plupart et dont les grands
boulevards de Paris s’enorgueillissent
encore de porter leurs noms». De son
côté, l’historien Belkacem Babaci
rappelait, dans un entretien à
Algeriepatriotique,que des crânes
d’Algériens tués en Algérie sont
exposées au musée de l’Homme, à Paris :
«Au musée, à Paris, j'ai vu le crâne de
Boubaghla, qui avait reçu une balle dans
l’œil», avait-il précisé. Il réclame la
restitution de ces crânes à l’Algérie :
«Nous n’avons que faire des babouches du
dernier dey d'Alger. Que la France nous
restitue surtout les trois ou quatre
têtes qui sont toujours exposées au
musée de l'Homme», dénonçait-il, furieux
que nos responsables politiques fassent
preuve de mollesse sur cette question.
La France de la civilisation est sourde
à ce genre de révélations embarrassantes
qui concerne son passé colonial. Et
c’est à juste titre que Mohamed Abassa
«exhume» la réponse de l’Emir Abdelkader
à Victor Hugo, Jules Ferry et autre
Alexis de Tocqueville qui qualifiaient
cette entreprise destructrice inhumaine
de «marche de la civilisation sur la
sauvagerie» : «Non, messieurs des
Misérables, c’est votre sauvagerie qui
marche sur notre civilisation. Je
reconnais vos traces et vos passages à
mes bibliothèques et livres brûlés».
K. B.
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