Opinion
Les races n’existent pas, le racisme oui
Jacques-Marie Bourget
Christophe
Oberlin
Jeudi 18 décembre 2014
Christophe Oberlin est un Blanc
qui broie du noir. A cause des Blancs
qui se voient blancs, et s’en retrouvent
fiers de leur pigment de maître du
monde.
Ce professeur de médecine, - est-ce à
force de regarder les corps en
chirurgien, depuis l’intérieur-, ne
distingue pas la couleur de la peau.
Partout où il se penche il ne voit qu’un
homme, rien de mieux ou de pire. En tout
cas rien d’autre. Pour réaffirmer que
les races n’existent pas, Oberlin a levé
l’œil de son microscope pour prendre son
stylo et publier un livre aussi beau que
son titre : Quelle est la blancheur
de vos Blancs et la noirceur de vos
Noirs ? (Éditions Edilivre). S’il en
est encore besoin pour quelques Zemmour
et autres petits Blancs enkystés dans
leur propre terreur, son encre rouge
sang nous répète ce que nous aurions dû
entendre et ne plus mettre en cause
depuis l’école : les races n’existent
pas. Prodiguée par un médecin cette
piqûre de rappel, sous la forme d’un
petit livre, a la force d’injonction
d’une ordonnance : racistes de tous
pays, taisez-vous. Le moyen de les
bâillonner ? C’est de démontrer qu’ils
ont scientifiquement tort.
Oberlin qui sait se faire léger pour
marcher sur les poutrelles du drame,
nous parle d’abord des « Caucasiennes »,
ces jolies femmes blanches, parfaites
entre les parfaites, découvertes dans
les harems de Perse par un français
voyageur et anthropologue sans le
savoir, Jean Chardin. Séduit ce Chardin,
un Teilhard avant l’heure, en déduit que
la « race » parfaite, la sienne, ne peut
être qu’en communauté avec ces
callipyges... Le Blanc d’Occident est
donc « caucasien » !
Aujourd’hui encore, principalement
dans les pays anglo-saxons, policiers et
juges utilisent cette qualification
vieille de trois siècles, « caucasien »,
pour définir le Blanc. Ce qui est assez
amusant puisque les caucasiens « de
souche », comme dirait l’autre, sont
plutôt noirs de poils et foncés de peau.
Peu importe, le Blanc en a suffisamment
bavé pour s’installer maître du monde,
en exploitant des peuplades évaluées,
par lui, juste au-dessus du singe, pour
que nul ne vienne mettre en cause sa
savante méthode, celle de la mise en
cage de l’humanité. Avec étiquettes sur
les portes : noir, rouge, jaune.
Dans le racisme, je veux dire la
simple affirmation que les races
existent, les choses marchent comme
cela, simplement, tranquillement et se
veulent « vieilles comme le monde ».
Bien sûr, par les temps qui sont les
nôtres de vrais théoriciens du racisme,
comme Gobineau, Drumont, Rosenberg et
son patron Hitler, courent moins les
rues. Ces savants de la race portés en
tombe, la voie du racisme est devenue
plus étroite. On ne proclame plus « par
essence le nègre et l’arabe sont
idiots ». Non. Mais qu’ils sont doués
pour la samba, le foot, la musique, le
kebab. Et les amis de Zemmour ajouteront
le vol de portefeuilles. Les races
n’existent pas.
Reste le racisme. S’il ne s’agissait
de la pire des injustices, le racisme,
Oberlin nous arracherait des quintes de
rire quand il évoque, de Jules Ferry à
Darwin les monstrueuses sottises
assénées par des anthropologues certains
de la blancheur de leur âme. Pour
Darwin, par exemple, la momie de Ramsès
II est si splendide qu’on peut y lire
« de superbes traits européens ». Ne
faudrait pas se laisser à imaginer qu’un
Berbère, un Arabe, ou cousin de la reine
de Saba puisse être beau ! Et ce
délicieux et savant Darwin n’est pas
raciste puisque navigant autour de la
Terre de feu et faisant allusion aux
êtres qu’il croise pendant ce voyage, il
se déclare « frappé par les nombreux
traits de caractère montrant combien
leur esprit est semblable au nôtre » et
de préciser « Il en est de même d’un
nègre de pur-sang avec lequel j’ai
autrefois été très intime ». On ne
s’étonnera donc guère, quelques années
plus tard, de voir deux prix Nobel de
médecine, les français Charles Richet et
Alexis Carrel prôner la sélection au
sein des « races inférieures » et Lord
Balfour, celui de la déclaration qui
allait engendrer le malheur de la
Palestine, présider un congrès
d’eugénisme.
Récemment encore, aux Etats-Unis, au
motif que le QI des Noirs était plus
« faible » que celui des Blancs (ce sont
eux qui pratiquaient le mesure), on a
stérilisé des dizaines de milliers
d’hommes et de femmes, le plus souvent à
leur insu. Et saint Claude Lévi-Strauss,
le dernier maître, a usé fautivement du
mot race.
Toutes ces ignominies de l’histoire
laissent Oberlin et sa plume rouge de
marbre. Lui avance pour ridiculiser le
racisme, ce qui n’est pas une mauvaise
méthode où tout passe par la dérision :
on oublie les couleurs de peau pour dire
avec Albert Jacquard « que la couleur de
peau est un meilleur critère de
classification des climats que des
hommes ».
Donc sous le scalpel d’Oberlin pas
plus que sous celui de tous les
anatomistes du monde, aucune race
n’apparait et tous les sangs sont rouges
et de même structure et les ADN
identiques. Cette vérité, établie depuis
longtemps, il enfonce quand même le clou
pour passer à la causalité, c’est-à-dire
à ces conditions de vie qui font que,
par force, l’esquimau est entraîné à
supporter le froid et le malien le
chaud. En aucun cas l’un et l’autre ne
sont venus au monde avec des
prédispositions « de race », qui
feraient qu’il existe des hommes nés
pour le soleil et d’autres pour l’ombre.
Oberlin me fait penser à cette
expérience tentée par un savant strict
et rigide qui avait appris à donner des
ordres à une grenouille « saute » ! Un
jour de grande expérimentation, le
scientifique coupe les pattes de sa
grenouille. Dès lors, puisqu’elle refuse
de sauter, l’expert note sur son
compte-rendu : « Quand on coupe les
pattes d’ une grenouille, elle devient
sourde ».
Dans l’histoire, pour le bienfait de
la colonie, du travail gratuit, du bois
d’ébène, de l’exploitation des
ressources, nombre d’experts, après avec
fauché les jambes des « indigènes », ont
déclaré qu’ils n’étaient pas des hommes
comme les autres.
© LE GRAND SOIR - Diffusion
non-commerciale autorisée et même
encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 18 décembre 2014
Les dernières mises à jour
|