Accueil Actualité IRIB Dossiers Auteurs Communiqués Agenda Invitation à lire Liens Ressources
Dernières mises à jour La Voix de la Russie Journaux de Cathy et Marc Les vidéos Centre d'infos francophone Ziad Medoukh Centre de la Paix Gaza Université al-Aqsa Gaza Qui? Pourquoi?

Google
sur le web sur Palestine Solidarité


 
Centre Palestinien
d'Information



 
Invitation à lire





Réseau Voltaire



BDS



Solidarité



Produits palestiniens





En direct d'Iran





Voix de la Russie



Agence syrienne



Palestine Solidarité
sur Facebook



 




Palestine

Journal de Gaza : la vie sous les assauts d’Israël

IRIN


Un bombardement vu depuis la fenêtre d’Haytham
Photo: Haytham Besaiso/IRIN

GAZA, 11 août 2014 (IRIN)

Environ dix secondes s’écoulent, ou du moins semblent s’écouler, entre le lancement d’un missile et l’explosion dévastatrice de l’impact. Ce sont les instants les plus sombres de ma vie. Alors que le bruit s’intensifie à mesure que le missile tombe, mon estomac se noue, je ferme les yeux et je pense à ma famille. Le film de ma vie défile devant mes yeux le temps de découvrir si, cette fois, c’est vraiment la fin.

Puis vient l’explosion – parfois un fracas lointain, d’autres une déflagration assourdissante. Je pousse un soupir de soulagement, tout en sachant que c’est la vie d’une autre famille qui vient d’être détruite. Mais ce sursis n’est toujours que temporaire. Ces instants se répètent des dizaines de fois par nuit depuis un mois, depuis qu’Israël a commencé ses frappes contre Gaza, la petite enclave palestinienne dans laquelle je vis.

Pendant les attaques, vous abandonnez l’idée de dormir normalement. Les frappes aériennes et les pilonnages rendent cela impossible. Se coucher dans son propre lit près d’une fenêtre augmente le risque de blessures si les carreaux volent en éclat. J’ai donc temporairement installé un matelas sous les escaliers. C’est là que je dors, réduisant ainsi, ne serait-ce qu’un peu, le risque que la prochaine bombe soit la dernière pour moi. Parfois, je suis tellement épuisé que je sombre dans un sommeil si profond que je n’entends même pas les explosions à quelques mètres de chez moi.

C’est après une de ces nuits la semaine dernière que j’ai appris au réveil que la mosquée où j’allais prier et l’université dans laquelle j’étudiais avaient été touchées. Elles avaient toutes deux été en partie détruites par les attaques de la nuit. J’avais passé plus de cinq ans dans la prestigieuse université islamique de Gaza, d’abord en tant que simple étudiant, puis comme assistant à l’enseignement. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai été submergé par le chagrin. Je sentais que ma vie était en train d’être anéantie, que mes souvenirs les plus précieux étaient systématiquement détruits.

Dans un endroit aussi petit que la bande de Gaza – qui ne fait même pas la moitié de la taille de New York – on n’est en sécurité nulle part. Mon quartier, qui borde la plage à l’ouest de la ville de Gaza, n’était pas au centre de l’offensive terrestre, mais il n’a pas eu beaucoup plus de chance que les autres. Un immeuble résidentiel à quelques mètres de chez moi a été détruit et le secteur a subi d’importants dégâts.

Depuis que la seule centrale électrique de Gaza a été détruite, nous sommes plongés dans l’obscurité. Les plus chanceux avaient de l’électricité pendant une heure ou deux par jour, mais ces derniers jours, même eux n’ont plus rien. Ma famille possède un groupe électrogène que nous allumons de temps en temps pour voir les informations, mais ça coûte cher et le diesel est difficile à trouver. Le reste du temps, nous restons assis et nous écoutons souvent les nouvelles à la radio locale. Chaque bulletin rapporte son lot de nouvelles tragédies, de civils tués par des attaquants qu’ils n’ont même jamais vus. Plus j’écoute, plus j’enrage à l’idée que le monde nous regarde mourir. Je finis toujours par éteindre la radio.


La mosquée que fréquentait Haytham
Photo: Haytham Besaiso/IRIN

À la maison, les produits de première nécessité commencent à manquer. Le cessez-le-feu de 72 heures a un peu amélioré la situation, mais chaque jour demeure une bataille pour obtenir ce dont nous avons besoin pour survivre, ne serait-ce que de l’eau potable et de la nourriture.

Des égouts qui débordent

Chez moi, nous n’avons plus l’eau courante depuis plusieurs jours et les égouts débordent. Pour avoir de l’eau non potable pour la lessive, la vaisselle et le ménage, nous devons appeler une entreprise privée pour remplir notre réservoir. Ces derniers jours, même cette ressource s’est épuisée. La destruction des infrastructures d’eau est telle que même les entreprises privées n’ont plus rien à vendre. Nous économisons donc l’eau en utilisant les eaux grises pour les toilettes.

Les rares fois où je me suis risqué à sortir pendant les attaques, les scènes auxquelles j’ai assisté sont restées gravées dans ma mémoire. Des enfants qui courent dans tous les sens, risquant leur vie pour remplir d’eau des bouteilles vides, d’autres faisant la queue pour acheter du pain. C’est trop douloureux d’y penser.

La fin du cessez-le-feu approche, mais nous ne savons pas vraiment ce qui va se passer ensuite. Nous avons fait des réserves pour la prochaine série d’attaques. J’ai assez d’eau potable pour tenir dix jours et j’ai fait le plein de boîtes de conserve. Nous avons aussi acheté de la viande et des légumes, mais ils ne vont pas durer longtemps – pas plus d’un jour ou deux – sans électricité. Si le pain rassit, nous pouvons l’humidifier et le passer au four pour qu’il soit à nouveau mangeable.

De nombreux Palestiniens sont fatigués et tristes. Dans le reste du monde, j’ai 26 ans, mais ici à Gaza, notre mesure du temps est différente : je suis âgé de trois guerres. Ces longues années d’attaques israéliennes nous ont usés. Lorsque j’ai obtenu mon diplôme, j’ai eu la possibilité de travailler dans de nombreux pays. Mais je suis rentré à Gaza pour reconstruire la ville que je connais et que j’aime. Maintenant, nous devons tout recommencer.

Mais nous partageons tous le même esprit de résilience. Nous avons perdu de nombreuses vies dans ce conflit. Mais si c’est le prix de changements à long terme, si cela permet de mettre fin au siège et d’obtenir notre liberté, nous n’avons pas d’autre choix que d’encaisser. Sinon, nous ne ferions que remplacer la mort rapide causée par une frappe aérienne par la mort lente causée par le blocus.

Haytham Besaiso est un ingénieur du génie civil titulaire d’une maîtrise ès sciences de l’université de Manchester au Royaume-Uni.

Copyright © IRIN 2014. Tous droits réservés.
Publié le 13 août 2014 avec l'aimable autorisation de l'IRIN

 

 

   

Le sommaire de l'IRIN
Les dernières mises à jour



Source : IRIN
http://www.irinnews.org/fr/...

Abonnement newsletter: Quotidienne - Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs. 
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org

Parrainage :

Rentabilisez efficacement votre site

 


Ziad Medoukh

Analyses et poèmes
 
Silvia Cattori

Analyses

René Naba

Analyses

Manuel de Diéguez

Analyses

Fadwa Nassar

Analyses et traductions

Alexandre Latsa

Un autre regard sur la Russie

Chems Eddine Chitour

Analyses

Mikhaïl
Gamandiy-Egorov

Afrique-Russie
 
Luc Michel

Analyses

Robert Bibeau

Analyses
 
Salim Lamrani

Analyses
 
Allain Jules

Infos au Kärcher