Opinion
Aquilino Morelle, Mediapart et le Crif :
la connexion surprise
Hicham Hamza
Photo:
D.R.
Vendredi 18 avril 2014
INFO PANAMZA. Le journaliste à
l’origine de la démission d’Aquilino
Morelle est proche d’une organisation
dans laquelle siège l’ennemi juré de
l’ex-conseiller de François Hollande: le
Conseil représentatif des institutions
juives de France. Décryptage.
L’effet politique de son
scoop ne manquera pas d’égayer son
anniversaire célébré ce soir: Michaël
Hajdenberg,
journaliste à Mediapart qui fête
aujourd’hui ses 36 ans, peut
pavoiser.
Son article publié hier a déjà
provoqué la
démission de l’homme auquel il s’est
attaqué et qu’il va jusqu’à
qualifier d’« imposteur »
sur Twitter.
En mettant en lumière un conflit
d’intérêt dans le parcours antérieur d’Aquilino Morelle,
à la fois juge et partie auprès d’un
laboratoire pharmaceutique, Michaël
Hajdenberg (par ailleurs
directeur général de la société des
salariés de Mediapart) a déclenché la
chute du conseiller politique du chef de
l’État. En déplacement en province,
François Hollande a confié ce matin à
Manuel Valls le soin de
convoquer son adjoint discrédité
afin de lui faire acter sa démission.
Un autre jeune homme peut
aujourd’hui célébrer, non son
anniversaire mais sa victoire: Paul
Bernard.
Ce normalien était,
jusqu’en décembre,
la plume de
François Hollande
« sous l’autorité » d’Aquilino
Morelle. Contrairement à plusieurs
tandems d’écriture des
discours présidentiels, le duo
Morelle-Bernard était reputé inefficace
en raison des relations exécrables
qu’entretenaient les deux hommes. Avant
son départ, compensé par une nomination
par
décret présidentiel
-le 31 janvier-
au Conseil d’État,
Paul Bernard avait même été
rattaché à la directrice de cabinet
de François Hollande afin de ne plus
être sous la coupe sévère de Morelle.
Particularité de l’homme
aujourd’hui probablement satisfait par
la démission déshonorante de son ancien
tuteur: Paul Bernard,
adhérent choyé du Mouvement juif
libéral de France et
ex-conseiller du PDG ultra-sioniste
de Publicis, est également
membre -depuis
2011- du comité directeur du
Crif.
Au sein du
Bureau exécutif du Crif, deux
hommes,
Patrick Klugman et Yonathan Arfi
(tous deux anciens présidents de l’Union
des étudiants juifs de France), sont
liés d’amitié avec Michaël Hajdenberg si
l’on en juge par le
compte Facebook de ce dernier. De
simples contacts professionnels?
Pourquoi pas, même si sa liste de
335 amis comporte plusieurs figures
d’une mouvance idéologique que l’on
pourrait aisément caractériser comme
emblématiques de la "gauche
sioniste hexagonale".
Coïncidence? Dans l’histoire du
Crif, deux frères- dont l’un avec
succès- ont voulu en briguer la
présidence: Henri et Serge Hajdenberg.
Le premier a présidé le Crif
de 1995 à 2001 avant de prendre la
tête du Congrès juif européen tandis que
le second, candidat malheureux à
l’élection, demeure un homme de médias
réputé en raison de sa
fondation-direction de Radio J (où
travaille d'ailleurs un certain
Frédéric Haziza).
C’est d’ailleurs le point
commun entre Bernard, Klugman, Arfi et
les frères Hajdenberg: leur ancrage dans
un sionisme dit libéral et proche du
Parti socialiste.
Journaliste à Médiapart (site
qui a
ménagé Manuel Valls en passant sous
silence la
problématique de ses allégances
sionistes), Michaël Hajdenberg, qui a le
même âge que Bernard et qui est en
relation avec le tandem Klugman/Arfi,
est-il également lié familialement
à l’ex-président du Crif et son illustre
confrère de Radio J? Dans tous les cas
de figure, la ressemblance du
journaliste avec Henri Hajdenberg est
frappante.
Notons également que le
journaliste, issu de la promotion 2003
du CFJ et ancien de Libération,
fut à l’origine de l’affaire -alors
relayée par la LICRA (association
dont les frères Hajdenberg sont des membres historiques)-
des
« coups et blessure antisémites au
lycée Montaigne »
de décembre 2003: deux élèves d’origine
maghrébine avaient été exclus dans la
foulée du tintamarre médiatique provoqué
par son article avant d’être finalement
réintégrés grâce
-notamment- à une
contre-enquête
menée par la
Ligue des droits de l’homme. Détail
intéressant: le scandale gonflé du lycée
Montaigne est né d’un article rédigé par
un journaliste
anciennement élève de ce même lycée.
Rappelons ici qu’Henri
Hajdenberg s’était distingué
antérieurement, en tant que président du
Renouveau juif, pour appeler
les électeurs juifs à sanctionner -en
1981- Valéry Giscard d’Estaing en
s’appuyant sur une photographie
détournée présentant l’ancien Président
comme un homme méprisant Israël (cette
désinformation a d’ailleurs
été reprise sans sourciller par
Manuel Valls lors de son
discours de 2011 -révélé
par l’auteur de ces lignes- au cours
duquel il déclama son désormais célèbre
« lien éternel avec la communauté juive
et Israël »).
Michaël et Henri Hajdenberg: si
une telle connexion familiale devait
être avérée, comme le suggèrent les
liens amicaux particulièrement nombreux
de l'enquêteur dans la sphère sioniste,
cela n’enlèverait rien au mérite de
l’affaire du conflit d’intérêt
dévoilée par Mediapart mais jetterait un
doute sur l’origine de la démarche du
journaliste. Curieusement, celui-ci
affirme -cet
après-midi, sur LCI-
avoir commencé son investigation de
« six semaines », non
sur la question de l’industrie
pharmaceutique mais « suite à
des échos sur le comportement abusif »
imputé à l’ex-conseiller politique de
François Hollande. Quelles sont ces
« personnes intéressées » qui
lui ont rapporté ces « échos »
au caractère négatif et entièrement à
charge? Un homme garde un souvenir
douloureux de son passage, de mai 2012 à
décembre 2013, auprès d’Aquilino
Morelle: Paul Bernard.
L’affaire Morelle, une vendetta
feutrée de la mouvance du Crif pour
venger le traitement et l’éviction de
Paul Bernard? Rien ne permet de
l’affirmer catégoriquement aujourd’hui.
Mais, au regard des connexions du
journaliste de Mediapart, rien
n’autorise, non plus, de balayer d’un
revers de la main une telle possibilité.
HICHAM HAMZA
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