Palestine
Redonner une dimension politique
au discours palestinien (Al Shabaka)
Hazem Jamjoum
Manifestation à Nabi Salah - Décembre
2011 - Photo : Anne Paq/ActiveStills
Samedi 29 septembre 2018 Note de la
rédaction du Grand Soir : Voilà le premier
article du Cercle politique sur la
narrative et le discours d’Al-Shabaka.
Ce Cercle est composé d’une équipe
d’analystes politiques d’Al-Shabaka qui
ont pour projet de se demander si les
Palestiniens devraient avoir un discours
légitime unifié et, si oui, ce qu’il
devrait être. L’objet des cercles
politiques d’Al-Shabaka est de confier à
un groupe d’analystes une étude et une
réflexion à long terme sur une question
clé pour le peuple palestinien.
L’Organisation de
libération de la Palestine (OLP), qui
incarnait autrefois le mouvement de
libération de la Palestine, s’est depuis
transformée en une entité non souveraine
- l’Autorité palestinienne (AP) - qui
préside aux destinées d’un archipel de
prisons en Cisjordanie occupé. Cela a
provoqué, dans la société palestinienne
internationale, une onde de choc qui a
fracturé le récit historique
palestinien. A l’occasion du
25ièmeanniversaire de la création de
l’AP, cet article se propose d’analyser
un des plus importants aspects de la
lutte pour la libération de la
Palestine, malgré la capitulation de
l’OLP à Oslo, à savoir la lutte basée
sur les droits humains, et de montrer
ses avantages et inconvénients.
Dans les groupes
humains, ce qu’on appelle ’discours,
narrative ou récit’ est l’histoire qui
donne sens au ’nous’ ; elle dit qui nous
sommes, d’où nous venons, où nous
allons, et pourquoi. Partout où une
domination étrangère s’est imposée, il
s’est constitué des courants
nationalistes anticolonialistes qui ont
souvent véhiculé un récit imaginaire sur
un passé précolonial idyllique (et
anachroniquement national). Ce paradis,
nous dit le récit, a été anéanti par la
brutalité d’un colonisateur qui ne peut
être vaincu que par une lutte
anticoloniale héroïque pour la
libération. Cette libération prend le
plus souvent la forme d’un État
indépendant, souverain et invariablement
national dans les esprits.
Le ’politique’ est
la manifestation du pouvoir dans un
corps social. Même quand ce pouvoir est
diffus, il est à même, en utilisant des
canaux spécifiques, de constituer des
hiérarchies complexes et concentrées de
privilégiés bien protégés, et
d’influencer le ’récit’ que les groupes
et les individus élaborent sur leur
propre histoire (1).
En effet, le
terrain de la lutte politique varie
constamment. Dans les contextes
coloniaux, la composante
nationale-raciale du pouvoir est si
prédominante dans les récits des
colonisateurs comme des colonisés que
les sociétés coloniales et colonisées
semblent ne souffrir d’aucune autre
forme de domination : Les structures
internes de subordination, comme la
suprématie masculine, sont aplanies dans
le récit national des deux sociétés, et
reportées à une utopique date
ultérieure, le ’Jour de l’indépendance’,
lorsque le ’premier’ axe de
subordination (à savoir la colonisation)
aura disparu.
Dans la plupart des
cas, en Asie, en Afrique ou en Amérique
latine, pendant la transition
post-coloniale, le leadership de la
libération a mis en place un nouveau
type de despotisme (2). Ces dirigeants,
revêtus du manteau du combat pour la
liberté, se sont corrompus et sont
devenus les dictateurs d’États
souverains dans un contexte néocolonial
- et, depuis les années 1980, néolibéral
également. Dans le cas des Palestiniens,
cette nouvelle forme de domination et
d’appauvrissement, qui s’est
matérialisée par l’institution de l’AP
en
défense avancée d’Israël,
conformément au processus de paix
d’Oslo, a encore aggravé la brutalité et
la rapidité de l’expansion coloniale
israélienne.
L’approche
fondée sur les droits a laissé la
politique à l’AP
Stratégiquement
positionnés
dans le secteur naissant des ONG,
des Palestiniens qui cherchaient à
sortir de l’impasse créée par les
Accords d’Oslo et le déséquilibre du
pouvoir militaire et diplomatique à
l’origine de cet acte historique de
soumission, ont vu des possibilités de
libération dans le régime du droit
international. Suite aux horreurs de la
Seconde Guerre mondiale, le droit
international a mis l’accent sur le
droit des individus et des collectivités
à se libérer d’une cruauté et d’une
domination arbitraires. Les Palestiniens
ont adopté la stratégie ’fondée sur les
droits’ pour contourner Oslo qui donnait
à l’AP le monopole de la représentation
politique palestinienne à
l’international.
Cette stratégie a
permis de rassembler des groupes et des
individus de tout l’éventail politique
et institutionnel sous le vocable de
’société civile’ palestinienne. Ce
courant a choisi de ne pas se présenter
comme le représentant politique des
Palestiniens mais plutôt comme son
représentant ’civil’, moral et
juridique. L’AP et la ’société civile’
ont ainsi entamé un délicat dabkeh* (pas
de deux, ndt) : Le combat pour la
liberté fondé sur les droits éviterait
de marcher sur les plates-bandes
politiques de l’AP et lui permettrait de
se présenter comme l’unique gardienne
des préoccupations nationales
palestiniennes tout en s’accrochant
fermement aux anti-principes
pragmatiques de la partition et du
perpétuel processus de paix.
Cette stratégie de
la société civile fondée sur les droits
a été couronnée de succès, comme en
témoigne l’élan soutenu des campagnes de
Boycott, de Désinvestissement et de
Sanctions (BDS) malgré la crise de
légitimité du leadership de l’OLP et de
l’AP qui a entaché les dernières
décennies de politique palestinienne.
J’insiste sur le mot ’malgré’ parce que
la direction de l’AP a régulièrement
pris des mesures pour saper le travail
de la campagne BDS. Cependant, les
succès fondés sur les droits ont un
prix : en mettant l’accent sur le cadre
juridique, la lutte palestinienne, au
moins à l’échelle internationale, risque
de passer à côté de sa nature
fondamentalement politique.
C’est ce
qu’illustre la phrase : ’Nous exigeons
le droit de retour.’ En réalité, les
Palestiniens déplacés ont déjà le droit
au retour, mais la revendication
politique porte sur le retour effectif
des Palestiniens déplacés, avec tout ce
que cela entraînerait comme conséquences
pour le colonisateur qui interdit leur
retour pour des questions démographiques
de
suprémacisme racial. Si quelqu’un
vous kidnappe, le problème n’est pas que
votre droit à la liberté a été violé,
mais que vous n’êtes plus libre.
L’abandon du
’politique’ à l’AP dans l’arène
internationale a des conséquences plus
larges que la conceptualisation et la
formulation des objectifs de libération
de la Palestine, comme le droit au
retour. La primauté du nationalisme dans
le récit de l’OLP-AP, (’Nous sommes la
nation palestinienne, nous avons droit à
un État palestinien’), tend à occulter
les problèmes de classe, de genre et de
libération sexuelle dans la société
palestinienne en Palestine et dans la
Diaspora. Comment nous situons-nous par
rapport aux luttes régionales et
internationales pour la justice
sociopolitique, et en quoi nous
concernent-elles ? Cette question revêt
une importance particulière puisque la
plupart des Palestiniens ont été
contraints à l’exil par la
Nakba en courset continuent de mener
la lutte pour la libération au-delà des
frontières du territoire sous contrôle
colonial israélien.
D’une part,
l’accent mis sur le formalisme du droit
nous prive du langage et de l’espace
nécessaires pour réfléchir à ces
questions. D’autre part, ces cadres
juridiques ont un effet particulier sur
les mouvements et organes politiques
avec lesquels nous faisons alliance et,
surtout, sur la manière dont nous
forgeons ces alliances et ces
solidarités. La célèbre American Civil
Liberties Union (ACLU) peut être très
utile pour endiguer
la vague de violations des droits
constitutionnels à laquelle, par
exemple, les organisateurs du BDS sont
confrontés aux États-Unis. Mais il n’est
pas possible à une institution
professionnalisée avec un mandat
juridique comme l’ACLU de militer
publiquement en faveur d’une cause aussi
’controversée’ que la libération de la
Palestine.
Par contre, un
mouvement populaire comme Dream
Defenders, n’a pas ces contraintes. Il
ne s’engage pas pour la libération des
Palestiniens parce qu’il a été convaincu
par les exégètes du droit international
de la société civile palestinienne.
Pour les Dream Defenders, la lutte
des Palestiniens est une lutte politique
contre un Etat colonial raciste qui leur
impose cette inique ’relation spéciale’
que les Dream Defenders combattent par
ailleurs. La ligne qui sépare les appuis
institutionnels de la solidarité dans la
lutte est claire et nette : les premiers
sont les contributions soigneusement
calculées de ceux qui sont bien établis,
et la seconde, est la solidarité active
de ceux qui n’ont rien d’autre à perdre
que leurs chaînes.
La politique basée
sur le droit d’institutions juridiques
respectées a permis à la ’société
civile’ palestinienne de contourner
l’impasse d’Oslo, de sorte que ses
dirigeants – et nos représentants
légitimes – ont pu accéder à la bonne
société (3). Pour cela il a fallu
abaisser la barre et accepter que ce
soit le régime juridique international
qui détermine non seulement le
plafond de nos revendications politiques,
mais aussi le langage que nous pouvons
utiliser pour penser et dire ce que la
libération signifie pour nous. Du fait
de cette soumission, qui a pris la forme
de légalisation et de dépolitisation des
luttes palestiniennes, des institutions
bien financées et hautement
professionnalisées - qui, comme l’ACLU,
ont le plus à perdre en termes de
financement et de relations – sont
devenues pour nous des partenaires de
choix et des modèles d’organisation
politique pour la ’défense’ juridique de
nos droits.
Une des raisons
pour laquelle l’AP ne se sent pas
menacée dans sa position de première
ligne contre les colons israéliens par
ces campagnes basées sur les droits,
c’est que ces campagnes fonctionnent
avec la même logique, le même langage et
les mêmes limites que les compromis
politiquement corrects adoptés par l’OLP
depuis qu’elle s’est métamorphosée en
AP. Nous ferions bien de nous rappeler
que toutes les grandes victoires
palestiniennes n’auraient pas pu être
remportées sans les sacrifices des
Hanthala aux pieds nus de la société
palestinienne, à l’intérieur et à
l’extérieur du territoire palestinien.
Le fait que certains portent des
colliers Hanthala qui coûtent plus
d’argent que ce que la famille de cet
enfant réfugié avait pour survivre
pendant plusieurs mois, ne doit pas nous
faire oublier que chaque capitulation
palestinienne majeure a été le produit
de ces compromis entre gentlemen.
Considérons, par
exemple, le rôle central des
travailleurs et des paysans dans la
grève générale de 1936 et le soulèvement
armé qui a duré jusqu’en 1939, et le
rôle qu’ont joué les grandes familles
palestiniennes propriétaires terriennes
pour en terminer avec ces deux
mouvements de masse. On pourrait
également comparer le service de
renseignement libanais (le redouté
deuxième bureau***) que le mouvement
des réfugiés palestiniens au Liban a
réussi à chasser des camps à la fin des
années 1960, au rôle actuel de
l’’ambassade’ de l’OLP au Liban, qui
participe à la collecte de
renseignements et à la surveillance des
Palestiniens dans ce pays. Il est
particulièrement pertinent pour cet
article de comparer le mouvement de
masse des Palestiniens qui a commencé de
tous les côtés de la ’Ligne verte’ dans
les années 1970 et a culminé avec
l’Intifada de 1987, avec la manière dont
la riche élite palestinienne prône ’la
paix des braves’.
Où en sont les
campagnes BDS ? Il faudrait qu’il y ait
plus de participation et de soutien au
BDS, surtout de la part de ceux qui sont
conscients de ses possibilités
politiques et des limites de son cadre
juridique. Les questions
socio-politiques concernant les
communautés palestiniennes dépassent de
beaucoup le cadre des campagnes BDS, et
les décisions politiques sur les
stratégies de la lutte pour la
libération et ses ’solutions’, encore
bien davantage. Les organisations du BDS
ne prétendent pas, et ne peuvent pas
d’ailleurs pas prétendre, être des
organisations ou des parlements
représentatifs, et, du fait qu’elles
s’en prennent massivement à des tiers –
des entreprises, des fonds
d’investissement, des institutions
culturelles, des arrangements
interétatiques - qui ne sont ni l’État
israélien ni son régime palestinien de
collabos à la Quisling****, elles ne
peuvent être tenues responsables des
échecs du mouvement de libération dans
son ensemble.
Il faut aussi
savoir que la lutte pour qu’Israël soit
tenu moralement et juridiquement
responsable au niveau international
n’est pas une politique en soi, encore
moins une stratégie de libération. C’est
une tactique auxiliaire qui, tout au
plus, contribue à rééquilibrer les
termes de la lutte politique pour mettre
fin au projet colonial des sionistes
d’établir un ethno-État raciste et
patriarcal en Palestine. Ce que j’ai
voulu mettre en lumière ici, ce sont les
dangers qu’il y a à élever une tactique
- l’utilisation d’institutions
juridiques et de forums internationaux à
l’appui des objectifs de libération - au
rang de stratégie de libération. Il faut
rappeler ici que la ’lutte armée’ a
bénéficié du même statut, les
Palestiniens ont cru fermement que la
lutte armée libérerait la Palestine
comme par magie.
Il faut élaborer
un récit de la mobilisation politique
pour parvenir à la libération
Comme nous l’avons
déjà dit, lorsque les mouvements de
libération fondent leurs stratégies et
leurs récits de libération sur des
solidarités internationales
institutionnalisées, ils sont obligés de
se conformer au langage et à la logique
de ces institutions. L’une des
meilleures illustrations historiques de
ce phénomène vient de l’expérience même
de l’OLP. Après la guerre de 1967, le
principe de la partition de la Palestine
a atteint le statut de ’consensus
international’ grâce à l’interprétation
de la
Résolution 242 du Conseil de sécurité de
l’ONU. Plusieurs Etats arabes
avaient hâte d’entériner ce consensus au
nom des Palestiniens, quitte à passer
par-dessus l’OLP. La partition était en
fait la condition préalable à la
reconnaissance internationale de l’OLP
comme unique représentant légitime du
peuple palestinien, et les dirigeants de
l’OLP considéraient cette légitimité
comme la condition préalable de la
libération. En d’autres termes, Yasser
Arafat n’aurait pas dit : ’Je suis venu
porteur d’un rameau d’olivier et d’un
fusil de combattant de la liberté’
devant l’Assemblée générale des Nations
Unies en novembre 1974 si la Ligue arabe
n’avait pas
accepté de donner à l’OLP le
contrôle sur la politique palestinienne
au sommet de Rabat, un mois auparavant.
Mais pour cela, il avait fallu que l’OLP
accepte officiellement le partage de la
Palestine dans son
programme en dix points de juin 1974.
Même avec le recul,
on ne peut pas reprocher à Arafat
d’avoir pris en considération la
faiblesse de l’OLP dans le déséquilibre
international du pouvoir, et le danger
que d’autres organismes plus puissants
empiètent sur le droit de se représenter
eux-mêmes que les Palestiniens avaient
obtenu au prix de tant de sacrifices.
Par ailleurs, il a fallu que les
organisations politiques palestiniennes
des années 2000 trouvent le moyen de
contourner les conséquences délétères du
programme de 1974 qui avait fait de la
direction politique palestinienne le
sous-traitant du pouvoir colonial sans
la priver de son monopole sur la
représentation politique palestinienne.
De la même manière, étant donné
qu’opérer dans les milieux de la société
civile internationale nécessite d’avoir
comme base commune de communication et
de prise de décision le langage du droit
international et du consensus
international, on ne peut pas blâmer les
militants des campagnes basées sur les
droits d’avoir fait tout ce qui était en
leur pouvoir pour utiliser le consensus
international sur les droits humains
pour obliger Israël à rendre des comptes
sur ses violations.
Plutôt que de
chercher quelqu’un à blâmer, je veux
souligner l’urgence d’organiser des
forums et des actions dans lesquels les
questions politiques occupent le devant
de la scène sans se laisser entraver par
le consensus national ou international.
Il ne s’agit pas d’un appel à rejeter
complètement le droit international. Il
s’agit plutôt de revenir à l’esprit
originel de l’Intifada de 2000, lorsque
les dirigeants qui allaient devenir la
’société civile palestinienne’ ont
simultanément lancé le BDS et commencé à
utiliser le régime juridique
international pour échapper à l’impasse
politique d’Oslo. En 2004, alors que la
Cour internationale de Justice rendait
sa décision sur les
conséquences du mur de séparation
d’Israël, China Miéville, le
romancier désormais célèbre, mettait la
dernière main à son livre
Between Equal Rights. Après
s’être informé sur les réponses
qu’allaient apporter les organisateurs
politiques palestiniens à cette décision
historique, Miéville a ajouté ceci à son
manuscrit avant de le mettre sous
presse :
’... parfaitement
conscients de la réalité politique qui
sous-tend l’élaboration du droit
international, les Palestiniens ne
tiennent pas particulièrement à ce que
leur victoire juridique de portée
internationale soit inscrite dans le
’droit international’, ils préfèrent
s’en servir pour mobiliser l’opinion
publique plutôt que seulement les
juristes. On sait bien que c’est la
pression populaire et non le droit
international qui représente le meilleur
espoir de faire avancer la cause
palestinienne et qu’une décision
juridique internationale aussi
’progressiste’ soit-elle n’aura d’effet
que si elle est diffusée largement en
dehors des cercles juridiques, en
d‘autres termes, si elle quitte le
domaine du droit international.’
En parlant
d’’opinion publique’, Miéville fait
référence à ces mobilisations politiques
de masse que l’on a qualifiées, à
l’époque, d’’internationalisation de
l’intifada’ – des mobilisations qui
avaient un objectif beaucoup plus
ambitieux que celui d’avoir un Etat dans
lequel les VIP palestiniennes pourraient
exploiter le petit peuple, non plus au
profit des colons, mais au leur. Le
souci d’’internationaliser l’Intifada’
était au cœur des
manifestations pour le retour des
réfugiés en 2011, et il est au cœur
des
marches du retour, beaucoup plus
importantes, qui ont lieu dans la bande
de Gaza, depuis quelques mois. Ces
mobilisations ont enterré l’espoir
fantasmatique d’obtenir un Etat grâce
aux subtilités d’un ordre international
qui n’a jamais montré la moindre
propension à faire respecter ses propres
normes morales et juridiques quand il
s’agit d’Israël. Encore une fois, ce
sont les Hanthala aux pieds nus qui
risquent, et ont risqué, leur vie dans
cette lutte, pendant que les gentlemen
monnayent leurs cadavres déchiquetés
contre un meilleur service dans les
salons VIP.
Il est temps que
l’internationalisation de l’intifada
soit en tête de nos préoccupations
lorsque nous décidons d’utiliser le
droit international, qui n’est que l’un
de nos nombreux outils de lutte. C’est
le récit qui nous aide le mieux à
mobiliser l’opinion en faveur de la
libération humaine qui doit prévaloir -
et pas le récit qui exhibe les victimes
palestiniennes ’de plein droit’ devant
la bonne société dans l’espoir que
l’élite palestinienne obtienne un
bon siège pour bien profiter du
spectacle de l’ignoble l’orgie
d’exploitation qui consume notre monde.
Hazem Jamjoum
Initialement paru
sur
Al Shabaka
Notes :
1. L’importance de
ces axes - tels que la classe sociale,
le sexe, la race, la capacité, la
sexualité, etc. - ne vient pas de leur
existence naturelle, mais de leur
construction sociale comme identités qui
confèrent un statut à leurs détenteurs.
En d’autres termes, leur signification
dépend des régimes d’inégalité qui leur
donnent sens en tant que catégories
politiques, et non en tant que marqueurs
individuels de l’identitéper se.
2. L’une des
analyses les plus approfondies à ce
sujet reste celle de Frantz Fanon,
(c’était une prédiction) : ’The Pitfalls
of National Consciousness’,The
Wretched of the Earth (Grove
Press, 1961).
3. Dans un passage
mémorable de l’autobiographie de Shafiq
al-Hout (qui n’a pas été traduit en
anglais), cette importante figure de
l’opposition de l’OLP raconte qu’on lui
a reproché en plaisantant de critiquer
le temps passé par les dirigeants de
l’OLP dans les salons VIP. Celui qui lui
faisait ces reproches lui avait
cyniquement expliqué que l’accès de
l’OLP aux salons VIP était le principal,
sinon le seul, résultat positif du
sacrifice des martyrs palestiniens.
Traduction :
Dominique Muselet
Notes :
*Dabkey, danse
populaire en Palestine :
https://www.youtube.com/watch?v=ia3Q7-hSNV0
** Hanthala est un
personnage créé par Naji al-ali, il est
apparu pour la première fois en 1969
dans le journal koweitien Alsiyassa (La
politique). C’est un petit garçon âgé de
10 ans, c’est l’âge qu’avait Naji
lorsqu’il avait quitté la Palestine,
pieds nus comme tous les enfants qui
habitent les camps de réfugiés
palestiniens. Hanthala est situé dans
l’espace sans terrain d’appui car il est
sans patrie. C’est le témoin de la
tragédie de tout un peuple, le
personnage est toujours dessiné de dos,
visage tourné vers la Palestine, et les
mains croisées en signe de refus des
solutions proposées par les États-Unis
et leurs alliés arabes et israéliens. Il
ne devrait dévoiler son visage que le
jour où la dignité arabe ne sera plus
menacée et où il retrouvera sa terre
natale.
***En français dans
le texte.
**** Vidkun Abraham
Lauritz Jonnsøn Quisling prononciation
est un homme d’État norvégien, né le 18
juillet 1887 et mort le 24 octobre 1945.
Il est essentiellement connu pour avoir
été le principal artisan de la
collaboration avec l’occupant nazi
pendant la Seconde Guerre mondiale. Son
nom est passé dans le langage courant en
Norvège et dans le monde anglophone
comme synonyme de « traître ».
Source :
http://www.chroniquepalestine.com/redonner-une-dimension-politique-au-...
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