Syrie
Robert
Ford, ambassadeur des Etats Unis auprès
de l'opposition syrienne, est le "Paul
Bremer de Syrie", selon Haytham Manna
Robert
Ford
Londres, vendredi 20 décembre 2013
M. Haytham Manna, chef du département de
la diaspora syrienne au sein de la
Coordination nationale des forces du
changement démocratique, a qualifié
Robert Ford, le responsable du dossier
syrien au département d'Etat, de
"Paul Bremer de Syrie", par référence à
l'ancien proconsul des Etats-Unis à
Bagdad lors de l'invasion américaine de
l'Irak.
M. Manna a en outre fait part de son
«scepticisme» quant aux chances de
succès de la conférence Genève 2 sur la
Syrie en raison précisément des
prérogatives dont dispose M. Ford.
«L’ambassadeur Ford se comporte comme
s’il était le Paul Bremer de Syrie,
l’homme pour lequel les Etats Unis ont
dépensé des milliards de dollars pour
l’introniser Gouverneur américain de
l’Irak, après l’invasion de 2003, et le
doter de pleins pouvoirs», a déclaré
l’opposant syrien dans une déclaration à
United Press International (UPI).
«Selon les meilleures estimations
établies par Robert Ford en personne, le
montant de l’aide globale politique et
humanitaire américaine à la Syrie se
serait élevé à 1,5 milliard de dollars.
Et
je ne vois personnellement pas en vertu
de quel principe de l’économie de
marché, auquel il se réfère constamment,
Robert Ford peut s’introniser Gouverneur
de Syrie, en considération d’une telle
modique somme», a ajouté M. Mannah.
…«Je pense que le peuple syrien est
infiniment plus intelligent qu’on ne le
pense. Mais le problème
aujourd’hui réside dans le fait que
les
prérogatives conférées à Robert Ford
dans la détermination du contour de
Genève 2 nous mènent directement vers
l’échec en ce que le diplomate américain
opère la sélection de la délégation sur
des critères fondées sur leur proximité
avec l’administration américaine et non
sur les critères de
compétences
propres aux personnalités choisies ou
sur leur aptitude à diriger une
délégation de l’opposition en mesure de
défendre les droits légitimes du
mouvement de protestation syrien».
…«Le drame de la Syrie ces jours ci
se résume en une phrase. Il
existe quelqu’un qui songe à Genève 2
sans préparer sérieusement cette
échéance, sans songer à protéger cette
échéance par une délégation représentant
véritablement la majorité du peuple
syrien, une délégation équilibrée,
efficace, acceptable par la société
syrienne et la communauté
internationale », a ajouté M. Manna.
… «L’erreur fondamentale est intervenue
dès le départ, lorsque John Kerry,
secrétaire d’état, et, son homologue
russe, Serguei Lavroff, sont convenus de
se répartir les taches dans la
constitution des deux délégations
syrienne, -la délégation gouvernementale
et la délégation de l’opposition-. Nous
savions pertinemment que le côté
américain ne disposait d’aucune vision
cohérente et équilibrée, ni de la
capacité de nouer des contacts
constructifs avec les diverses
composantes de l’opposition démocratique
patriotique et civile syrienne, a
poursuivi l’opposant syrien, déplorant
le fait qu’ «Au lieu de cela, il a
préféré poursuivre ses contacts avec la
partie dont il supposait qu’elle pourra
parvenir à exercer sa domination sur la
Syrie.
M Manna a réaffirmé avec force que «La
voix de la Syrie ne saurait être
subordonnée au principe selon lequel les
négociateurs syriens seraient des commis
et non des partenaires, alors que la
Syrie vit une situation révolutionnaire
depuis trois ans».
Il a assuré que «Plusieurs puissances
régionales tentent de conférer des
avantages sur le terrain aux franges
armées les plus extrémistes sous le
regard des parrains de la conférence de
Genève 2. Cela s’est révélé de manière
manifeste lors de la dernière réunion
des «Amis de la Syrie» à Londres où une
confrontation directe a mis aux prises
les délégués américains et qataris, Le
prince Mohamad Ibn Nawaf Ibn Abdel Aziz,
alors que le délégué saoudien se borne à
observer le spectacle avec joie.
«Comment peut-on imaginer un seul
instant que la formule du «Front
islamique saoudo qatari» ait pu voir le
jour sans la connivence américaine?
Comment concevoir qu’un tel
interlocuteur soit en mesure de
s’adresser à tous les
Syriens, eux qui veulent découper
le pays selon des critères
confessionnels, en application d’un
programme d’inspiration talibane?
«N’est-il pas risible de voir Robert
Ford se précipiter pour nouer le
dialogue avec le Front islamique et se
heurte à leur refus, alors qu’il ignore
les unités de protection du peuple
syrien, opérant sur le terrain, au
programme conforme à Genève I, de même
qu’il ignore également le «Comité de
coordination», le père spirituel de tout
règlement politique en Syrie,
s’est-il interrogé.
«Qui peut croire un seul instant que
quiconque se comporte de la sorte
cherche véritablement le succès de
Genève 2 ? Au vu de ce qui précède, il
nous parait exclu que la Conférence de
Genève se tienne à la date prévue, le 20
janvier
2014, avec des préparatifs de ce
calibre. De surcroit, des informations
en notre possession font état de
l’intention prêtée à la tête du régime
syrien de demander le report de la
conférence, a-t-il-dit.
… «Nous sommes coincés en ce que la
politique de la partie américaine nous
place devant le choix suivant: soit
l’échec des négociations et la
carbonisation des efforts de
paix, soit souscrire à une demande de
report du Forum qui s’est révélé
incapable d’être un véritable ami à
l’opposition démocratique civile
syrienne,
a-t-il ajouté.
Il a assuré que «Les Syriens sont en
mesure de constituer une délégation
commune sur un programme commun à
condition que soient bannies durant les
tractations les mobiles (qui dictent
depuis l’étranger les conditions de
négociations) et les Khawaja, (notables,
par procuration de puissances)
, comme cela s’est produit dans
le passé.
«Le Front Islamique a été mis sur pied à
l’initiative de Ryad et si les
Américains ont des objections juridiques
et morales à traiter avec «Jobhat An
Nosra» et
«l'Etat
Islamique d'Irak et du Levant»,
ils ne sauraient nous contraindre à
traiter leurs frères d’armes
non-inscrits sur la liste des
organisations terroristes», a-t-il
conclu.
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