MADANIYA
Arabie saoudite, Etats Unis, Israël :
Follow The Money !
Haytham Manna
Jeudi 6 juillet 2018
Prologue: L’Iran et non Israël, l’ennemi
principal des Arabes.
Le Golfe ne
constitue pas à proprement parler un
Front Militaire bénéficiant d’un soutien
populaire en mesure de mener une guerre
totale contre l’Iran. Tout au plus une
gigantesque base flottante américaine,
dont l’Iran, en application de la «Politics
of Fear», sert de prétexte pour éponger
les surplus de pétrodollars.
Cf à ce propos, Le
Golfe, une gigantesque base flottante
américaine :
L’Iran, un
croquemitaine pour éponger les déficits
financiers américains
Se fondant sur une
théorie conceptualisée en 2011 par un
journaliste de la mouvance de la
confrérie des Frères Musulmans, l’Arabie
saoudite a décrété que la sécurité
nationale arabe, particulièrement des
pétromonarchies du Golfe, commandait de
désigner l’Iran et non Israël comme
l’ennemi principal des Arabes, induisant
un bouleversement radical des données
géostratégiques régionales.
NDT ((La paternité
de cette théorie revient à Zouheir
Salem, ancien porte-parole des Frères
Musulmans de Syrie. Cette thèse a été
popularisée et amplifiée par les médias
saoudiens. A titre d’illustration, le
journaliste saoudien Mohammed Aal
Al-Sheikh a ainsi soutenu dans sa
chronique du quotidien saoudien Al-Jazirah,
en date du 8 Mars 2016, que «de nos
jours, l’Iran est l’ennemi n° 1 de
l’Arabie saoudite et des pays du Golfe,
supplantant l’ennemi historique: Israël.
«Tout citoyen du Golfe qui n’est pas de
cet avis est un traître», ajoute-t-il.
Estimant que l’Iran
exploite le problème palestinien pour
«s’infiltrer profondément au cœur du
monde arabe, déchirer son tissu arabe et
pousser la société arabe à soutenir son
plan expansionniste». Il considère que
«les Palestiniens ne devraient attendre
aucun salut de l’Iran». Il avertit les
chiites du Golfe qu’ils ne sont que «de
simples pions aux yeux de l’Iran, qui
les utilise pour promouvoir ses
aspirations nationales».
Ce renversement de
priorité a trouvé son illustration la
plus extrême dans la Fatwa décrétée par
un dignitaire religieux saoudien rendant
licite le meurtre du président syrien
Bachar Al Assad, de préférence à un
Israélien. Dans une interview à la
chaîne saoudienne «Al Arabiya», dimanche
26 Février 2012, ce dignitaire, Cheikh
Raed Al Karni a considéré que
l’assassinat de Bachar Al Assad est
«plus impératif que le meurtre
d’Israéliens».
A l’intention du
locuteur arabophone pour de plus amples
développements, cf le quotidien pan
arabe «Al Quds Al Arabi» en date du 27
février 2012.
Qu’un dignitaire
religieux préconise le meurtre peut
surprendre, qu’il soit de surcroît
raciste en édictant ses préférences, et
que les autorités de tutelle de son pays
n‘aient pas jugé bon de le sanctionner,
voire de lui adresser un simple rappel à
l’ordre, donne la mesure de la déviance
mentale de la dynastie wahhabite.)) Fin
de la NDT
Certes, la
promotion de l’Iran au rang d’ennemi
principal des Arabes, a généré une
césure entre le discours officiel arabe
et le bon sens populaire de la
population arabe, à qui il est loisible
de constater de visu quotidiennement,
l’anéantissement progressif des
Palestiniens, leur éradication de toute
présence sur le sol de leurs ancêtres,
et dont la population de la zone sent
confusément qu’elle pourrait être la
prochaine victime d’Israël.
Le soutien aveugle
des Etats Unis à cette entité a favorisé
au sein du leadership israélien
l’éclosion d’un discours fait de morgue
et de suffisance, suscitant, par
contrecoup, une réaction d’autodéfense
des populations des pays de la zone, qui
se sont mis à la recherche de nouveaux
alliés protecteurs auprès des puissances
régionales (Turquie, Iran) ou des
puissances internationales (Russie et
Chine) pour résister à tous ceux qui se
dressent contre eux dans leur projet
d’extermination du peuple palestinien et
d’anéantissement du projet d’état
palestinien.
Mesure-t-il, ce
prince du Golfe, l’ampleur de
l’humiliation ressentie par les Arabes
et les Palestiniens au spectacle
d’Ivanka Trump, fille du président
américain, pérorant sur la Liberté, la
Démocratie et les Droits de l’homme, au
moment même où soixante Palestiniens
tombaient sous les balles israéliennes
lors d’une manifestation pacifique à
Gaza en signe de protestation contre
l’inauguration de l’ambassade américaine
à Jérusalem?
Ivanka Trump,
celle-là même qui s’est convertie au
judaisme lors de son mariage avec Jared
Kushner, porteur de la double
nationalité américaine et israélienne.
I – Le Conseil
de Coopération du Golfe
Depuis sa fondation
le 25 Mai 1981, le Conseil de
Coopération du Golfe (CCG) a observé une
politique de coopération et de
coordination entre ses six membres
(Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats
Arabes Unis, Koweït, Qatar, Sultanat
d’Oman), de manière satisfaisante en
dépit des divergences qui existaient
entre eux.
Cette coopération
s’est développée dans la foulée du raid
taliban contre le symboles de l‘hyperpuissance
américaine, le 11 septembre 2001, en
raison de l’implication de 14
ressortissants saoudiens sur les 19
membres dans cette opération terroriste
qui a déclenché une flambée islamophobe
à travers le Monde.
L’apparente
harmonie qui régnait au sein de ce
syndicat des pétromonarchies pro
américain du Golfe a volé en éclat en
2011, au déclenchement du printemps
arabe, réduisant à néant 31 ans de
réalisations.
A – Bahrein:
L’archipel de
Bahreïn, qui abrite le quartier général
de la 5ème flotte américaine à Manama,
dont la zone de compétence s’étend sur
la zone Golfe arabo-persique/Océan
Indien, se caractérise par la grande
maturité politique des acteurs de la vie
politique, notamment son opposition,
toujours soucieux de prévenir toute
interférence extérieure dans leurs
revendications.
A l’instar du
soulèvement populaire de Tunisie et
d’Egypte, Bahreïn a été en proie à une
agitation populaire de nature pacifiste
et civique au début de la séquence dite
du «printemps arabe» en raison du
rétropédalage opéré par le pouvoir, la
dynastie Al Khalifa, envers la politique
d’ouverture qu’il avait initié dans la
première décennie du XXI me siècle.
Dès le début des
troubles, l’armée saoudienne est
intervenue pour mater la contestation,
pourchassant sans répit aussi bien les
activistes que les associations de
défense des droits de l’homme, les
réprimant sans merci.
Mieux l’opposition
bahreinie a été accusée de connivence
avec une puissance étrangère, en l’occurence
l’Iran, elle, qui s’est constamment
souciée de se maintenir à distance du
jeu des puissances régionales. Mais
cette accusation n’était pas innocente,
car elle visait à discréditer
l’opposition en suggérant qu’elle était
aux ordres de l’Iran par sectarisme.
La grande majorité
de la population de Bahreïn est chiite,
alors que la dynastie Al Khalifa, qui
gouverne le pays depuis le retrait
britannique en 1970, est sunnite,
minoritaire.
L’ensemble du
dispositif de libéralisation du pays
initié par le pouvoir a ainsi été
supprimé en deux ans grâce à une sévère
politique de répression programmée.
Pour aller plus
loin sur ce sujet:
B- Le Qatar
Les deux Hamad,
l’Emir Hamad Ben Khalifa et son cousin
et premier ministre Hamad Ben Jassem
(HBJ) ont voulu mettre à profit le
soulèvement populaire tunisien qui a
abouti en janvier 2011 à l’éviction du
Président Ben Ali du pouvoir, pour se
propulser au rang de grands parrains
régionaux.
Leur gestion du
conflit libyen, notamment leurs
manœuvres visant à obtenir la caution
des pays arabes à une intervention de
l’Otan en Libye a incité les pays
occidentaux à accorder un blanc seing au
Qatar pour rééditer en Syrie le scénario
libyen, via leur alliance avec Nicolas
Sarkozy (France), Recep Teyyeb Erdogan
(Turquie) et la confrérie des Frères
Musulmans.
Toutefois la
mégalomanie des dirigeants du Qatar,
leurs bévues répétées ont conduit les
Etats-Unis à leur retirer le dossier
syrien et à le confier à l’ancien
ambassadeur du royaume saoudien à
Washington, Bandar Ben Sultan, le propre
fils du ministre saoudien de la défense.
A l’époque chef des services de
renseignements saoudiens, Bandar Ben
Sultan, dénommé le «prince des
ténèbres», aura recours, lui aussi, aux
services des djihadistes, empruntant les
mêmes méthodes, usant des mêmes moyens
que les «2 Hamad», avec des nuances
toutefois.
Le soulèvement
syrien était orchestré depuis deux pc
communs à l’Otan et aux pétromonarchies
du Golfe, l’un pour le Nord de la Syrie,
situé dans la zone frontalière
syro-turque, l’autre pour le sud de la
Syrie, située dans la zone frontalière
syro-jordanienne. Des PC chargés de
superviser les opérations militaires en
cours ainsi que le ravitaillement en
armes et en hommes des groupements
islamistes.
Sur le rôle de la
Turquie, base arrière du recrutement des
djihadistes, ce lien:
Sur le rôle de la
Jordanie, ce lien:
En dépit de cette
coordination, la coalition
islamo-atlantiste a échoué à doter ses
servants d’une force de frappe efficace,
d’un commandement commun centralisé
ainsi que d’une direction politique
crédible.
Sur ce lien, la
sanction de l’échec
L’échec de la
coalition a ouvert la voie à la montée
en puissance des groupements djihadistes
et à leur expansion non seulement en
Irak, mais aussi en Syrie et dans les
pays limitrophes, conduisant la
coalition islamo-atlantiste à modifier
sa stratégie pour lancer une «guerre
contre le terrorisme».
Cette guerre
consistait à combattre les groupements
terroristes pour châtier leurs
débordements et calmer en même temps la
colère de l’opinion occidentale. Mais
pour ménager leurs alliés
pétromonarchiques, les Etats-Unis ont
établi une fausse distinction entre
groupements terroristes et groupements
djihadistes, selon le degré de leur
proximité et de leur docilité avec les
pétromonarchies. Les groupements du
djihadisme islamiste étaient considérés
comme des «alliés objectifs» de la
stratégie atlantiste.
L’échec de la
stratégie islamo-atlantiste et le
triomphe du djihadisme, sur ce lien
C- L’Arabie
Saoudite
Il était important
de rappeler ces faits pour comprendre
l’arrière plan du conflit entre l’Arabie
saoudite et le Qatar et, partant, le
processus de désintégration du Conseil
de Coopération du Golfe qui a abouti à
ce que quatre pays arabes (Egypte,
Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes
Unis) se décident à imposer des
sanctions au Qatar. L’ironie de la
situation est que le Qatar subit
désormais des sanctions identiques à
celles qu’il a infligées à la Syrie,
dans le cadre de la Ligue arabe, durant
sa gestion du conflit syrien
(2011-2013).
L’Arabie saoudite
ne pouvait tolérer le moindre parasitage
du Qatar, alors qu’elle était engagée
dans une épreuve de force interne visant
à la recomposition des centres du
pouvoir à Ryad. Elle ne pouvait
supporter, non plus, la moindre
dissonance des autres pétromonarchies
sur les questions régionales, tant la
guerre du Yémen que le conflit avec
l’Iran.
La guerre
fratricide entre les deux seuls pays au
monde se réclamant du wahhabisme,
l’Arabie saoudite et le Qatar, a
provoqué de considérables dégâts au
titre de dommages collatéraux au sein
des tribus pratiquant la transhumance,
dont le seul tort est d’avoir été au
mauvais endroit, au mauvais moment, de
même que les hommes d’affaires, les
étudiants et les familles bénéficiant de
la double nationalité.
A propos de la
guerre Arabie saoudite-Qatar, ce lien
Les déclamations du
prince héritier saoudien Mohamad Ben
Salmane (MBS) sur les promesses de
réforme du Royaume n’ont pas trouvé
grand écho au sein de la société, tant
la césure est grande entre un pouvoir
foncièrement autocratique et une société
à forte aspiration démocratique.
La sévère
répression des activistes saoudiens dans
le domaine de la défense des droits de
l’homme en constitue le symptôme. Selon
PADDA, l’association de protection des
défenseurs des droits de l’homme dans le
Monde arabe, l’Arabie saoudite se place
au 1er rang pour le nombre des
activistes des droits de l’homme détenus
dans les prisons du Royaume, suivi comme
de juste par le Bahrein (1).
II- L’Iran
Le Golfe est le
théâtre d’une guerre frontale et directe
contre le Yémen, d’une guerre indirecte
contre le Qatar . Les pétromonarchies
sont elles en mesure de supporter une
3me guerre contre l’Iran? Au profit de
qui et dans quel but?
Le régime iranien
n’est pas un ange et ne constitue pas un
exemple. Toutefois tous les pays
musulmans ont fait figurer dans leur
constitution, pour autant qu’ils en
disposent, la mention selon laquelle
«l’Islam est la religion d’état».
L’Iran considère
néanmoins que le pays relève d’une
confession spécifique et que le principe
du Velayet-el Faqih (Le gouvernement de
la docte, selon le chiisme duodécimain)
confère un primat du religieux sur le
politique. Le pays est certes régi par
un système électoral, mais contrebalancé
par des contre pouvoirs matérialisés par
la prééminence du Guide suprême et des
«Gardiens de la Révolution».
Au delà de ces
considérations, force est d’admettre que
l’Iran et la Corée du Nord constituent
de parfaits exemples de régime
totalitaire, étymologiquement parlant
selon la conception stalinienne du
pouvoir, au même titre d’ailleurs que la
conception du totalitarisme propagée par
le théoricien des groupements
islamistes, le pakistanais Abou A’ala Al
Mawdudi.
Vu sous cet angle,
toute tentative d’exporter ce modèle
peut être perçu comme une menace pour
les démocraties. Sauf que l’Iran est un
état ancien, ancré dans l‘histoire des
vieilles civilisations. Depuis la
fondation de la République Islamique, en
février 1979, le leadership iranien a
privilégié l’intérêt supérieur du pays
sur toute autre considération dans une
démarche identique à celle empruntée par
le président islamiste turc Recep Tayeb
Erdogan.
Sous les présidents
Hachemi Rafsandjani et Mohamad Khatami,
l’Iran a fait preuve d’une parfaite
maîtrise des données stratégiques
internationales. Sous le magistère de ce
tandem, l’Iran a mené victorieusement la
bataille visant à aboutir à la
conclusion d’un accord international sur
le nucléaire iranien.
Tout le monde
d’ailleurs garde présent à l’esprit les
critiques formulées à l’encontre du
groupe des négociateurs iraniens,
Mohamad Jawad Zarif et Ali Akbar Salehi,
par le clan des conservateurs iraniens.
Le peuple iranien a
fait la démonstration que le changement
du régime politique dans le pays ne
saurait provenir que de l’intérieur du
pays et non du fait d’une intervention
étrangère. Cela a été le cas avec le
mouvement constitutionnaliste qui s’est
manifesté en Iran, il y a plus d’un
siècle, confirmé sous le gouvernement de
Mohamad Mossadeg, artisan de la première
nationalisation des installations
pétrolières dans le tiers monde (1953),
et par la Révolution Islamique (1979),
marquée par la chute de la dynastie
Pahlévi.
Toute approche
présentant l’Iran come un ensemble
homogène formaté par les «Gardiens de la
Révolution» et leur chef, le Général
Qassem Souleymani, chef de la «Jerusalem
Brigade», est sans rapport avec la
réalité. Elle constitue de ce fait une
approche erronée.
De même, réduire
les centres du pouvoir en Iran à une
répartition entre le pouvoir religieux
et le pouvoir politique (QOM) relève
d’une explication simpliste. Les
changements en Iran résultent d’une
action interne. Toute tentative visant à
provoquer un changement de régime depuis
l’extérieur aboutira immanquablement à
prolonger le status-quo.
III- Les
Etats-Unis
Depuis leur défaite
au Vietnam, en 1975, les Etats Unis
n’ont plus jamais mené une guerre contre
un pays fort. Situé sur son flanc
méridional, Cuba en est l’exemple le le
plus significatif. Les interventions
militaires américaines depuis lors ont
été dirigées contre des pays
déstabilisés, en phase de
désintégration.
Le temps des
«guerres de six jours» ou des «guerres
de vingt jours» est révolu, y compris à
Gaza et dans le sud du Liban en ce que
dans ce genre de conflit, si la date du
début des hostilités est connue, la date
de la fin ne l’est pas. Que serait-ce
alors avec un pays de l’importance de
l’Iran.
Les pays du Golfe
ont fat l’objet d’une agression de la
part de l’Irak, avec son invasion du
Koweît, en 1990, alors que,
paradoxalement, les pétromonarchies
avaient soutenu Saddam Hussein dans sa
guerre contre l’Iran (1979-1989). Les
séquelles de cette agression demeurent
vivaces encore de nos jours.
Doubaï a prospéré
en tant que plaque tournante du commerce
régional du fait de la stabilité dont a
bénéficié la zone du Golfe et les
pétromonarchies ont pu résister aux
crises économiques mondiales (krach
bancaire de 2008) du fait même de cette
stabilité, un facteur déterminant dans
l’expansion économique de cette zone
stratégique du système énergétique
mondial.
Dans cette
perspective, quel intérêt ont les
pétromonarchies à compromettre cette
stabilité et leur développement pour les
beaux yeux de l’extrême droite
israélienne?
Donald Trump a
décrété la guerre économique contre
l’Iran et s’apprête à mettre sur pied
une coalition comparable par son ampleur
à la coalition occidentale de la 2me
Guerre mondiale (1939-1945).
En Iran, comme
auparavant en Irak, les sanctions
économiques contre ces deux pays n’ont
fait qu’accentuer les privations de la
population, sans atteindre le pouvoir.
Se pose la question
de savoir si l‘Union Européenne sera en
mesure de présenter un front homogène et
solidaire pour se protéger de
l’unilatéralisme de Donald Trump. Une
auto protection en quelque sorte en ce
que la politique du président américain
fait peser de sérieuses menaces sur le
continent européen.
- Les pays
européens sont ils en mesure de
rejeter les sanctions américaines
qui visent également des entreprises
et des contrats conclus entre les
Européens et l’Iran? De défendre les
résolutions du Conseil de sécurité
de l’ONU relatives à l’accord sur le
nucléaire iranien de manière à
circonvenir les effets du retrait
américain de cet accord au seul plan
américain?
- L’équipe de
Donald Trump–Mike Pompeo
(Département d’État), Gina Haspel
(CIA), Jared Kushner (gendre
présidentiel), James Mattis
(Défense)- est-elle en mesure de
mener le combat présidentiel en lui
assurant le soutien de
l’Establishment, en même temps qu’un
soutien populaire?
-
L’Establishment israélien pense-t-il
vraiment pouvoir mener avec succès
une guerre contre l’Iran, que son
succès sera garanti et que cette
guerre demeurera sans conséquences
pour l’état hébreu?
- Les pays de
l’axe de la guerre (Etats-Unis,
Arabie saoudite, Israël)
envisagent-ils de mener en Syrie une
guerre par procuration contre
l’Iran. Autrement dit, de se
désengager des engagements de Vienne
visant à mettre un terme à la guerre
de Syrie pour lui substituer une
guerre sans fin sur plusieurs
années.?
- Enfin,
dernière et non la moindre des
questions: Le prince héritier
saoudien MBS pense-t-il vraiment que
l’alliance tripartie (Etats Unis,
Israel, Arabie saoudite) constitue
réellement un pacte de stabilité
pour le royaume, ou au contraire,
place-t-elle les pétromonarchies du
Golfe à portée de canon pour de
guerres interminables qui
n’épargneront rien ni personne?
IV- La
précédente expérience des néo
conservateurs de l’ère George Bush jr –
Dick Cheney (2000-2008).
Pour répondre à la
question de savoir si les Européens sont
en mesure de constituer un Front anti
Trump, il importe de se remémorer la
séquence George Bush-Dick Cheney
(2000-2008) préludant à la guerre d’Irak
en guise de riposte biaisée au raid
taliban du 11 septembre 2001 contre les
symboles de l’hyperpuissance américaine.
A cette époque, les
néo conservateurs américains se sont
opposés aux réformes visant à améliorer
le fonctionnement de l’ONU et à
consolider la Cour Pénale Internationale
en vue d’aménager une forme de «sécurité
humaine».
Ils vont
s’appliquer à terroriser les
gouvernements pour les soumettre à leur
propre vision du Monde, portant ainsi
atteinte aux fondements même des
principes régissant la paix et la
sécurité dans le Monde.
– Les résolutions
1422 et 1487 du Conseil de sécurité de
l’ONU exonèrent de toute poursuite
pénale pour crimes de guerre les troupes
américaines opérant dans le cadre des
opérations de maintien de la paix.
– La réintroduction
de la culture du pavot et de la
production de la drogue à grand échelle,
de même que l’instauration de la torture
en Afghanistan à un niveau jamais
atteint depuis le retrait soviétique
d’Afghanistan en 1989.
– La mise en
vigueur de la «RENDITION!», la sous
traitance de l’interrogatoire musclé des
prisonniers par des pays tiers alliés
des Etats-Unis. Un système qui s’est
accompagné de la construction de prisons
clandestines en Europe, au Moyen Orient,
ainsi que la transformation du camp de
Guantanamo (Cuba) en prison de haute
sécurité.
– Conclusion
d’accords bilatéraux avec des pays
cosignataires du Traité fondateur de la
Cour Pénale Internationale en vue de
leur imposer la clause d’exemption de
poursuites pénales au bénéfice des
militaires américains opérant dans ces
pays.
– Invasion de
l’Irak, sans la moindre couverture
juridique internationale et sa
régularisation a posteriori par le
Conseil de Sécurité.
– Cautionner et
Avaliser le Décret N° 17 de Paul Bremer,
1er pro consul américain en Irak,
plaçant les troupes d’occupation
américaines en Irak, hors juridictions
irakiennes, en leur accordant le
bénéfice de l’extra territorialité.
– Opposition à la
constitution d’un «Comité International
chargé de la supervision de l’usage de
l’Internet» au Sommet Mondial de
l’Informatique (2012) dont l’objet était
précisément de prévenir l‘hégémonie d’un
pays sur ce secteur.
– Imposition d‘une
définition de la torture propre aux
Américains qui a abouti à contourner la
définition figurant dans la «Convention
Internationale pour la Prévention de la
Torture et des Peines ou Traitements
Inhumains ou dégradants».
La définition
américaine est désormais la suivante:
Infliger un dommage corporel entraînant
un handicap d’un ou plusieurs membres
d’un corps. En l’absence d’un tel
handicap, les méthodes d’interrogatoire
de même que les instruments utilisés
pour obtenir des aveux ne relèvent pas
de la définition de la torture et ne
constituent en aucun cas une infraction
aux lois américaines, au Droit
international ou à toute autre
convention internationale en vigueur
dans ce domaine.
La position
américaine porte aussi sur la
comparution arbitraire, le principe de
la non présentation d’une personne
devant le juge, frappant de caducité le
sacro-saint principe de l’HABEAS CORPUS,
pour la première fois dans l’histoire
contemporaine des Etats Unis.
Sur le plan
économique, l’administration américaine
a pisté, unilatéralement, les
transactions financières et bancaires de
7.800 établissements bancaires et
cambiaires à travers le Monde, imposant
d’autorité aux établissements la
fourniture de la totalité des relevés
bancaires et des transactions
financières de la totalité des
associations caritatives du Monde
musulman.
Ce contrôle
arbitraire a entraîné la fermeture de
centaines d’associations caritatives
musulmanes et le gel des avoirs
financiers de centaines d’autres
associations, dont la mission
principale, faut-il le rappeler, est de
se substituer généralement aux
défaillances des états pour la
fourniture d’une assistance alimentaire,
médicale et matérielle aux plus
nécessiteux.
– Contraindre toute
ONG (organisation non gouvernementale)
bénéficiant du soutien privé ou public
américain de s’abstenir de toute
coopération avec toute partie sur
laquelle pèse la suspicion de terrorisme
de la part de l’administration
américaine.
-Extrader, hors
procédure judiciaire (extradition extra
judiciaire), toute personne désignée par
l’administration américaine, sans la
présentation de la moindre preuve de son
implication dans des activités
répréhensibles.
– Mainmise directe
ou indirecte des chefs de file du
courant néo-conservateur américain sur
les principaux centres de décision que
cela soit à l’ONU (John Bolton) ou à la
Banque Mondiale (Paul Wolfowitz) et les
autres organismes annexes.
Les Etats-Unis ont
payé au prix fort, tant sur le plan
politique qu’économique, le prix de
cette politique, qui a mis un terme, au
titre de dommage collatéral, à la
carrière politique du premier ministre
britannique Tony Blair, leur partenaire
dans l’équipée irakienne. Cette
politique a généré un anti-américanisme
virulent dans le Monde musulman.
Elle a, par
contrecoup, consolidé les groupements
djihadistes, plutôt que de réduire leur
rôle et leur influence. Du fait des
erreurs américaines, elle a renforcé
dans le même temps le rôle de l’Iran en
Irak, par effet d’aubaine, et, accéléré
le retour sur la scène internationale de
la Fédération de Russie et de la Chine.
V- Le retrait
américain du nucléaire iranien: une
dette électorale à l’encontre de trois
milliardaires américains pro-israéliens:
Sheldon Adelson, Bernard Marcus et Paul
Singer.
Il importe de
savoir également que le retrait
américain de l’accord international sur
le nucléaire iranien ne résulte pas
d’une décision stratégique de Donald
Trump, mais répond largement à son souci
d’honorer d’une créance électorale, de
s’acquitter d’une dette en quelque
sorte, à l’égard de trois milliardaires
américains hyper pro-israéliens: le
casinotier Sheldon Adelson, Bernard
Marcus, (immobilier) et Paul Singer,
fondateur du fonds «Elliot Management
Corporation», réputé pour sa rapacité au
point d’être qualifié de «fonds
vautour». Sheldon Adelson, un proche du
premier ministre israélien Benyamin
Netanyahu et ses deux autres collègues
ont largement financé la campagne
présidentielle de Doland Trump.
A propos de Paul
Singer et des fonds vautours en Afrique,
ce lien
Toutes les
tentatives de Donald Trump de faire
passer en douceur cette transaction se
sont révélées vaines, ne recueillant ni
l’adhésion de l’Establishment, ni un
soutien populaire.
Eli Clifton (The
Nation Institute), contributeur du site
«The investigative Fund», dans une étude
intitulée «Follow The Money» explique la
décision de Donald Trump sur l’Iran par
cette expression hautement
significative. «Suivez la trace de
l’argent», autrement dit du financement
électoral de magnat de l’immobilier.
Eli Clifton
soutient que Donald Trump se heurtait à
une vive résistance des personnalités
importantes de son proche entourage (le
ministre de la Défense, James Mattis, le
président de la commission des Affaires
étrangères de la chambre des
représentants, Ed Ross- Républicain de
Californie, de même que les trois
principaux alliés européens de
l’Amérique (Allemagne, France, Royaume
Uni), ainsi que plus des 2/3 des
Américains qui ne s’imaginaient pas que
le président allait se retirer de
l’accord sur le nucléaire iranien, selon
un sondage CNN effectué mardi 8 Mai
2018, le jour même de l’annonce du
retrait américain (2).
Sheldon Adelson et
Bernard Marcus sont deux membres de la
coalition de Likoud du Parti
Républicain, autrement dit des adhérents
au parti d’extrême droite israélienne au
sein d’un parti américain.
Leur pari sur
Donald Trump leur a généré de
substantielles retombées: Alliance
totale des Etats-Unis avec Israël,
transfert de l’ambassade des Etats Unis
vers Jérusalem, prélude à
l’officialisation de la mort du projet
de création de deux Etats: Israël-
Palestine.
Dans ce contexte,
il est important de rappeler la position
du tandem Adelson Marcus sur l’Iran: Le
casinotier préconisait un bombardement
nucléaire préventif assorti d’une menace
de changement de régime à Téhéran, en
prélude à des négociations portant sur
la renonciation définitive de l’Iran à
son programme nucléaire.
Bernard Marcus a,
pour sa part, résumé sa position, dans
une interview à Fox Business en 2015 par
cette formule lapidaire: «l’Iran c’est
le diable».
L‘Etat profond
américain, le département de la Défense,
l’establishment militaire, les groupes
de pression non sionistes se
laisseront-ils entraîner dans une
politique qu’ils n’approuvent pas, alors
que les chercheurs américains pointent
régulièrement du doigt l’instabilité
caractérielle d’un président englué dans
des scandales sexuels pour poser la
question de son aptitude à gouverner et
partant de son maintien au pouvoir.
VI – Israël
L’establishment
militaire israélien constitue le
principal centre de décisions pour tout
ce qui a trait aux questions de sécurité
et de la guerre dans ce pays.
A son accession au
pouvoir, en 1974, au lendemain de la
guerre d’octobre 1973 marquée par la
destruction de la ligne Bar Lev, Ytzhak
Rabin, avait clairement défini la
position de l’establishment sur ce
sujet: «Il y a des questions qui ne
sauraient être traitées par la Knesset
ou par les partis politiques, mais par
des personnes qualifiées, dotées d’une
expertise en la matière», avait-il dit
péremptoire.
Il paraît
difficile, de prime abord, que
l’establishment militaire israélien se
range derrière un premier ministre
corrompu et corrupteur qui n’appartient
pas de surcroît à leur caste, pour se
lancer dans une aventure incertaine aux
résultats non garantis.
L’idée d’une guerre
de grande envergure et de longue durée
ne suscite guère d’enthousiasme en son
sein, qui n’écarte toutefois pas
l’hypothèse d’une guerre par procuration
en Syrie.
L’avenir de la
Syrie ne figure pas parmi les
préoccupations des trois pays de l’Axe
de la guerre (Etats Unis, Israël Arabie
saoudite). Washington joue la carte de
la présence militaire américaine en
Syrie à l’’EST de l’Euphrate pour
obtenir des gages. La position
saoudienne est impulsive et réactive.
Israël, lui, est hostile à l’idée que la
Syrie retrouve sa position de «pays du
champ de bataille», quelque soit
d’ailleurs le nom du gouverneur qui
dirigera le pays.
VII- Le dialogue
surréaliste entre un officier saoudien
et un chef djihadiste: Que le nombre des
martyrs s‘élève à 800.000.
A un responsable
djihadiste de Jaych Al Islam qui lui
soumettait un projet d’accord mis au
point par les Russes pour favoriser le
dégagement des combattants islamistes de
Douma, dans la périphérie de Damas, où
ils étaient assiégés, l’officier de
sécurité saoudien intima l’ordre de
«combattre à tout prix… autant se faire
que peut».
Réponse du
djihadiste: «Les pertes seront
considérables».
Réplique glaçante
d’horreur de l’officier saoudien: «Celui
qui a offert 500.000 martyrs peut se
permettre d’offrir 800.000 martyrs».
Sauf que la
générosité du saoudien se fait du sang
des autres. De la vie des autres. Une
telle rigidité saoudienne est d’autant
plus surprenante que les martyrs
potentiellement sacrifiés en abondance
n’étaient pas Saoudiens, mais des
combattants syriens et des autres
nationalités arabes ou des
ressortissants des pays musulmans.
Pensait-il compenser ainsi sa raideur
par des dédommagements financiers aux
familles des victimes? Par des
exhortations compensatoires de la chaîne
saoudienne Al Arabiya exaltant leur
sacrifice? Cela aurait-il suffit ?
La dynastie
wahhabite a-t-elle jamais évalué le coût
humain et matériel de son engagement
direct dans la guerre de Syrie?
Epilogue
1-L’Iran, à n’en
pas douter, conditionnera son retrait de
Syrie à une réintégration des Etats Unis
à l’accord international sur le
nucléaire iranien et à la levée de
l’embargo qui frappe le pays depuis près
de 40 ans. Dès lors que l’alliance
tripartite posera comme pré-condition à
la cessation des hostilités en Syrie le
retrait iranien, Téhéran cherchera à
intégrer ce point dans une transaction
globale impliquant au préalable la
satisfaction de ces propres conditions.
Nul en effet à Téhéran, aucune faction,
ne saurait souscrire à un retrait
militaire de Syrie, où les troupes
iraniennes ont combattu victorieusement
pendant 7 ans, sans de très fortes
compensations et de solides garanties.
2-Il paraît
aléatoire de miser sur une vaste
offensive militaire israélienne de
longue durée.
3- Le maintien des
troupes américaines à l’Est de
l’Euphrate, après la défaite de Daech,
dans le cadre d’une alliance avec les
Unités de Protection du Peuple Kurde,
placera ipso facto les militaires
américains en position de confrontation
directe non seulement avec l‘armée
gouvernementale syrienne et ses alliés,
mais aussi avec les tribus arabes et les
formations syriennes pro turques, voire
même l’armée turque, pourtant partie
intégrante du dispositif de l’Otan.
La décision de 70
tribus arabes de la riche plaine
centrale de la Syrie de déclarer une
guerre de guerilla contre la présence
des «envahisseurs américains, français
et turcs», le 1 er juin 2018, pourrait
refroidir quelque peu les ardeurs
belliqueuses des occidentaux, faisant
resurgir le cauchemar de Beyrouth, avec
le double attentat contre les ambassades
américianes et françaises à Beyrouth,
l’assassinat de l’ambassadeur de France
Louis Delamare, et le double attentat
contre les PC français et américains, en
1983 et 1984, faisant plus de 300 morts.
4- La connivence
dont la Turquie a bénéficié de la part
des puissances internationales et
régionales dans le cadre de l’opération
«Rameau de l’Olivier» a aiguisé les
appétits du président Erdogan qui
caresse désormais le projet de lancer
une grande offensive dans la zone
frontalière en vue de mettre un terme au
contrôle militaire exercé sur près de
400 km de la frontière commune par les
partisans d’Abdallah Ocalan, le chef du
PKK de Turquie, emprisonné depuis une
dizaine d’années. Avec pour objectif
sous-jacent établir une zone turkmène
dans ce secteur, en vue de faire pièece
aux Kurdes de Syrie.
(NDT Rameau de
l’Olivier est le nom de code de
l’intervention turque dans le secteur
Kurde d’Afrine, le 21 Janvier 2018, en
vue d’établir un cordon de sécurité de
30 km dans la zone frontalière syro
turque).
5- Il n’existe
aucune possibilité d’une intervention
quadripartite arabe (Egypte, Arabie
saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis)
en Syrie, du fait de l’engagement des
pétromonarchies dans la guerre du Yémen,
de l’instabilité qui règne à Bahreïn,
d’une transition délicate en Arabie
saoudite, des difficultés internes de
l’Egypte qui l’ont empêché déjà de
s‘engager au Yémen.
6- La poursuite de
la guerre en Syrie fait peser des
risques d’une déstabilisation des zones
limitrophes du pays (Turquie, Irak mais
aussi Jordnaie, Liban et Israël).
Ultime question
Le prince héritier
saoudien Mohamad Ben Salman se
posera-t-il un jour la question, et la
posera-t-il aussi à ses compatriotes- de
savoir si l’alliance tripartite (Etats
Unis, Arabie Saoudite, Israël) sert elle
effectivement la sécurité nationale
arabe.
L’alliance
tripartite constitue-t-elle réellement
un facteur de stabilité et de
prospérité? Ou place-t-elle les
pétromonarchies, particulièrement
l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes
Unis, au seuil de nouvelles guerres
impitoyables?
Une guerre qui ne
dégagera aucune perspective de progrès
et de stabilité ni pour les gouvernants
ni pour les gouvernés.
Cette dernière
question mérite à elle seule une étude
circonstanciée à laquelle l‘auteur de ce
rapport s’est attelé déjà.
———–
1- Ci joint la
liste non exhaustive communiquée par
Selon PADDA, l’association de protection
des défenseurs des droits de l’homme
dans le Monde arabe des 25 activistes
détenus dans les prisons saoudiennes:
1- Walid Aboul
Khayr
2- Abdel Aziz Al
Chbili
3- Mohamad Al
Qahtani
4-Abdallah Al Hamed
5- Abdel rahman Al
hamed
6- Fadel Al
Mounassef
7- Sleimane Al
Rachoudy
8- Abdel Karim Al
Khodr
9- Fawaz Al Harbi
10- Raef Badaoui
11- Saleh al
Achouane
11- Zouheir Katibi
12- Ala’ Barnaji
13- Nazir Al Majed
14- Issa Al Nikayhi
15- Issa Kouchka
16- Mohamad Al
Oteibi
17- Abdallah al
Ahaoui
18 – Mohamad Al
Rabiha
19- Ibrahim Al
Moudaymikh
20- Lajine Al
Hazloul
21- Aziz al Youssef
22- Imane Al najajr
23- Noura Faquih
2- Eli Clitton:
Follow The Money- Three Billionaires
paved way to Trump’s Iran deal
withdrawal. Mays 8 2018
-
https://lobelog.com/three-billionaires-paved-way-for-trumps-iran-deal-withdrawal/
Illustration
@banksy
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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