MADANIYA
Palestine : La double peine des
orphelins palestiniens
Hamed Alamy
Vendredi 15 juin 2018
Non seulement ils ont perdu leur pays,
mais également leur famille. Pour
s’accrocher à la vie, il ne leur reste
que Dieu (pour les croyants) ou un
miracle pour les optimistes invétérés.
Ils… ce sont les
orphelins palestiniens frappés d’une
double peine du fait de leur naissance
et de la violence constante qu’ils
subissent du fait de cette naissance.
Voilà 70 ans que la
Palestine saigne ! Soixante-dix longues
années que la Palestine aligne martyrs,
prisonniers, otages de leur situation,
captifs de la géostratégie mondiale.
Soixante-dix ans
que le sang coule à flot, victimes des
balles meurtrières de l’occupant, de ses
geôles, de ses tortures, des réglements
de compte internes ou interarabes
(septembre noir jordanien, en 1970,
Sabra Chatila au Liban en 1982).
La souffrance est
quotidienne, permanente. Le nombre des
orphelins et des laissés-pour-compte en
augmentation constante.
Créée en 2005 par
des volontaires de tout âge, ADOP
(Association des orphelins de palestine)
est une association qui permet de
parrainer, d’accompagner des enfants de
Palestine et de leur donner la chance de
s’instruire pour construire leur avenir
dans leur pays d’origine. De Maintenir
l’espoir. Un défi.
ADOP a pris en
charge 7.590 orphelins originaires des
pays suivants :
- Palestine :
6570, dont 4620 de Gaza et 1950 de
Cisjordanie
- Syrie : 700
- Liban : 320
Le programme de
parrainage comporte la prise en charge
des orphelins de martyrs et des enfants
de prisonniers-otages s’effectue au
travers d’un programme personnalisé. La
situation de chaque orphelin est étudiée
avec précision, en prenant en
considération son lieu d’habitation, son
niveau scolaire, sa capacité ou encore
sa situation économique. Grâce à votre
don mensuel de 30 € (soit seulement 1 €
! /Jour), un orphelin est pris en charge
jusqu’à sa majorité et son indépendance.
Rien qu’au Liban
l’on recense 174 422 réfugiés
palestiniens, selon le décompte de
Février 2017 du Comité du dialogue
Libano-Palestinien. Soixante cinq pour
cent (65%) de ces réfugiés se
trouveraient dans une situation en deçà
de la ligne de pauvreté. Cette enquête a
été financée par la gouvernement
japonais et l’UNICEF.
Ce chiffre est
cependant en deçà des estimations
officielles qui indiquent que 450 000
réfugiés palestiniens – essentiellement
issus du conflit israélo-arabe de 1948 –
seraient au Liban, auxquels
s’ajouteraient 40 000 à 50 000 réfugiés
palestiniens ayant fuit la guerre civile
syrienne en plus de 1.5 millions de
réfugiés syriens également présents.
L’Office de secours
et de travaux des Nations unies pour les
réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient (UNRWA) est un organisme
spécifique de l’ONU pour l’aide aux
réfugiés palestiniens dans la Bande de
Gaza, en Cisjordanie, En Jordanie, au
Liban et en Syrie en matière de santé
d’éducation, d’aide humanitaire et de
servcies sociaux.
L’UNRWA dispense
ses services dans 59 camps. Il est de
loin la plus grande agence des Nations
unies, avec un personnel de plus de 25
000 personnes, dont 99 % sont des
réfugiés palestiniens recrutés
localement et œuvrant comme enseignants,
médecins ou travailleurs sociaux.
L’UNRWA est aussi
la seule agence de l’ONU qui soit
consacrée à un groupe spécifique de
réfugiés. Le nombre de réfugiés
palestiniens enregistrés est passé de
700.000 en 1950 à plus de 4,8 millions
en 2005 et continue à augmenter du fait
de l’accroissement naturel de la
population.
L’UNRWA, dont le
financement est tributaire des
contributions des états a enregistré en
2017 un déficit de 49 millions de
dollars ; un déficit qui fait craindre
une interruption des prestations de
l’office du fait des menaces brandies
par le président Donald Trump d’user de
représailles à l’encontre de quiconque
aura protesté contre sa décision de
reconnaître unilatéralement Jérusalem
comme capitale d’Israël, en violation du
droit international.
L’administration
américaine a en effet décidé en janvier
2018 de suspendre son aide de 65
millions de dollars à l’office, le
fragilisant en même temps accentuait les
difficultés des Palestiniens, ajoutant à
leur malheur, un plus grand malheur, la
perte de leur patrie, en même temps que
leur identité.
L’UNRWA, «la plus
grave crise financière de son histoire»,
une situation humainement intenable.
Le Commissaire
général, le suisse Pierre Krähenbül, en
poste depuis 2014, a tiré la sonnette
d’alarme, estimant que l’office
traversait «la plus grave crise
financière de son histoire (…) que la
situation est humainement intenable».
Ainsi A Gaza, la population, a-t-il fait
observer dans une interview au journal
Liberation, est passée de 80 000
personnes en 2000 qui recevaient de
l’aide alimentaire, à un million
aujourd’hui, sur 1,9 million
d’habitants. Ce chiffre, un scandale
international, est en lien direct et
organique avec le blocus.
Ces gens, souvent
éduqués, autosuffisants, qui avaient des
emplois, des entreprises, ont vu leurs
marchés détruits par le blocus et
l’impossibilité d’importer du matériel.
La situation est humainement intenable»,
a t-il ajouté.
«Pour les habitants
de Gaza, c’est terrible d’imaginer que
l’UNRWA, le seul paramètre stable de
leur vie, puisse être menacé. Si l’on
s’intéresse à la stabilité de la région,
comment imaginer, sans l’UNRWA, que 270.
000 élèves à Gaza n’aient plus accès à
l’éducation dans un contexte si dégradé
?
«Plus de 90 % de
ces élèves n’ont jamais quitté Gaza de
leur vie, ils ne connaissent rien
d’autre que ces quelques kilomètres
carrés et la crainte d’un prochain
conflit. On me demande souvent si je
suis inquiet par les risques de
radicalisation au Proche-Orient. Je le
suis d’autant plus maintenant qu’on m’a
retiré 300 millions pour mon système
scolaire», a-t-il conclu.
Ci joint le lien
complet de cette déclaration
La Palestine, dans
ce contexte, est devenue un immense
défouloir de toutes les frustrations
recuites générées des bas fonds de Kiev
(Ukraine) et de Tbilissi (Géorgie) au
fin fond de Brooklyn (États-Unis), la
plus grande prison du monde, le plus
grand camp de concentration à ciel
ouvert pour les Palestiniens, les
propriétaires originels du pays.
Le droit à
l’existence d’Israël ne saurait
impliquer un devoir d’anéantissement du
peuple palestinien, ni son droit à la
sécurité, l’insécurité permanente des
pays arabes.
Pour aller plus
loin sur ce thème
Des Palestiniens
désshumanisés et abandonnés
Par Hamed Alamy, président d’ADOP
(ASSOCIATION DES ORPHELINS DE
PALESTINE).
Reçu de René Naba pour publication
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