Palestine
Premier anniversaire de
La Grande Marche du Retour
Haidar Eid
Jeune Palestinien manifestant dans la
Grande Marche du Retour à Jabalia
dans
le nord de la bande de Gaza le 30 mars
2019. (Photo: Ramez
Haboub/APA Images)
Dimanche 31 mars 2019
Aujourd’hui j’ai participé à la Grande
Marche du Retour avec des dizaines de
milliers d’habitants de Gaza. Nous avons
marché le long de la clôture du camp de
concentration de Gaza pour marquer le
Jour de la Terre et le premier
anniversaire de la Marche. Nous avons
fait la mère de toutes les marches et
avons envoyé à Apartheid Israël un
puissant message disant que nous n’avons
oublié aucun de nos droits. Dans ce
processus nous avons perdu trois jeunes
hommes et 316 manifestants ont été
blessés, selon le ministère de la santé
de Gaza. Pour nous, il est
très clair qu’il n’y a pas d’espoir de
faire changer l’indifférence et
l’apathie de la communauté
internationale officielle, mais nous
comptons sur la société civile. Des
soldats israéliens cachés dans des
fossés derrière les barbelés ont jusqu’à
présent tué 266 manifestants et en ont
blessé 30 000 de plus. La Commission
d’enquête de l’ONU a trouvé que les
attaques d’Israël sur les manifestants
« peuvent constituer des crimes de
guerre ou des crimes contre
l’humanité ».
C’est pourquoi nous
avons renouvelé notre appel à un embargo
militaire contre Israël et que nous
amplifions les campagnes BDS pour mettre
fin à l’impunité d’Israël et le tenir
responsable de ses crimes. Cela a été
résumé dans les paroles de la mère de
Razan Najjar :
« Il est dans
l’obligation de la communauté
internationale d’agir pour stopper de
fournir à Israël des armes qu’il a
utilisées pour tuer Razzan et tant
d’autres comme elle. J’en appelle aux
organisations et aux États pour qu’ils
mettent en œuvre notre appel à un
embargo militaire contre Israël pour que
nous puissions vivre en liberté et en
paix ».
La raison pour
laquelle Israël est très préoccupé par
la Grande Marche du Retour – qui a
commencé le 30 mars 2018 et n’est
toujours pas finie – est qu’elle a
rebattu les cartes et porté au devant
de la scène des questions cruciales sur
l’essence de la cause palestinienne
comme sur le statut de la bande de Gaza.
Malgré la terrible réalité de Gaza – que
le siège d’Israël va, avec des
complicités locales et internationales,
rendre prochainement inhabitable – une
nouvelle conscience est en émergence.
Manifestants
palestiniens rassemblés à l’est de la
ville de Gaza, le 30 mars 2019
pour la
Grande Marche du Retour. (Photo: Mahmoud
Ajjour/APA Images)
Nous avons décidé
de nous mobiliser pacifiquement pour
imposer les résolutions internationales,
à commencer par la Résolution 194 sur le
retour des réfugiés palestiniens dans
leurs maisons et sur leurs terres. Nous
sommes aussi arrivés à la conclusion que
le seul pouvoir fiable est celui du
peuple, en particulier après l’échec de
la direction palestinienne à réaliser
l’unité, malgré la menace existentielle
du soi-disant « accord du siècle » de
l’administration Trump qui vise la
liquidation de la cause palestinienne
une fois pour toutes. La lutte contre
l’apartheid en Afrique du Sud et le
mouvement américain pour les droits
civiques nous ont inspirés. Nous puisons
aussi dans l’histoire de la résistance
populaire en Palestine, notamment dans
les grèves de 1936 et les soulèvements
ultérieurs en Cisjordanie, dans la Bande
de Gaza et en Israël. C’est pourquoi
nous voyons la Grande Marche du Retour
comme un événement d’action de masse
collective contre le colonialisme de
peuplement et l’apartheid israéliens.
Notre activisme à
Gaza réunit toutes les formes de la
résistance populaire. Il soutient en
particulier l’appel à boycotter, à
désinvestir et à imposer des sanctions
sur Israël (BDS), inspiré par le
mouvement de libération sud-africain. La
Marche du Retour a bien créé un
consensus palestinien sans précédent et
elle est en ligne avec les objectifs du
mouvement BDS.
La plupart des
participants à la Grande Marche du
Retour réclament une rupture totale avec
le processus d’Oslo et sa vision d’un
Bantoustan à côté d’un État juif
pratiquant le racisme contre son propre
peuple. C’est pourquoi nous tendons à
croire que la Grande Marche du Retour a
le potentiel pour relancer les concepts
de libération nationale et
d’autodétermination en traitant des
faits nouveaux sur la base créée par
Israël. Ces réalités ont rendu
impossible d’établir un État palestinien
indépendant, souverain sur 22% de la
terre de la Palestine historique. Donc,
le temps est venu d’une lutte décisive
pour la liberté, l’égalité et la
justice. Après tout, les deux-tiers des
habitants de Gaza sont des réfugiés dont
les droits à la fois au retour et aux
réparations sont garantis par le droit
international.
Manifestantes
palestiniennes rejoignant la Grande
Marche du Retour à Jabalia dans le nord
de la bande de Gaza, le 30 mars 2019.
(Photo: Ramez
Haboub/APA Images)
C’est la raison
précise pour laquelle les buts de la
Grande Marche du Retour vont à
l’encontre de la solution à deux États
puisqu’elle est en contradiction
essentielle avec la principale
revendication des marcheurs, qui est le
retour et la réparation pour les
réfugiés. Nous espérons que la Marche va
rapidement s’étendre de la bande de Gaza
assiégée au reste des territoires
palestiniens occupés et à Israël même où
1,4 millions de Palestiniens sont
traités comme des citoyens de seconde
zone.
Cette initiative
populaire est une tentative de rediriger
les efforts vers l’atteinte de droits
légitimes et de relier les trois
segments du peuple palestinien – les
Palestiniens citoyens d’Israël, les
Palestiniens des territoires occupés et
la diaspora. Cette initiative prouve
aussi que Gaza constitue une part
intégrante de l’identité nationale
palestinienne. Les Palestiniens de Gaza
ont joué un rôle vital dans la
formalisation et la défense vigoureuse
du nationalisme palestinien moderne, et
c’est précisément ce que la marche a
affirmé.
Enfin, notre lutte
est pour la liberté, le retour et
l’égalité pour tous les segments du
peuple palestinien qui, nous le croyons,
est l’incarnation concrète de notre
droit à l’autodétermination. C’est
défini par la nouvelle conscience
collective à laquelle la Marche du
Retour et le mouvement BDS ont largement
contribué.
Traduction : SF
pour l’Agence Média Palestine
Source:
Mondoweiss
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