Plate-forme
Charleroi-Palestine
La réponse palestinienne à la victoire
de Netanyahou
Haidar Eid
Une
électrice israélienne dépose son
bulletin dans l'urne
lors des élections de mardi, en Israël.
Dimanche 22 mars 2015
Nous devons
intensifier la campagne BDS, proclamer
la fin des accords d'Oslo et de la
solution à deux États et réclamer la
création d'un État unitaire et
démocratique.
Surprise ! Surprise ! Contre toute
attente, c'est le chef du
Likoud, Benjamin Netanyahu, qui
formera le prochain gouvernement
israélien. Le bloc de droite du Likoud a
obtenu la majorité. Parmi la communauté
internationale, y compris au sein du
gouvernement américain, nombreux étaient
ceux qui espéraient qu'Isaac Herzog,
leader du Bloc sioniste, allait sortir
vainqueur et devenir le Premier
ministre, puisqu'ils le perçoivent comme
le candidat de la « paix »,
ignorant très opportunément le fait que
le Bloc sioniste se présentait avec un
programme prévoyant de maintenir en
place la majeure partie des blocs
d'implantation israéliens.
En réalité, toutefois, alors qu'il
parle de négociations, Herzog représente
la continuité avec la politique
israélienne d'épuration ethnique des
Palestiniens toujours d'application
aujourd'hui, de la même façon que cette
politique n'a cessé d'être appliquée par
Netanyahu. Tant le Likoud que le Bloc
sioniste ne laisseront aux membres de la
communauté internationale engagés dans
les droits de l'homme qu'une seule et
unique réponse appropriée : boycott,
désinvestissement et sanctions (BDS).
Afin de comprendre le contexte de la
politique « génocidaire incrémentielle »
d'Israël à Gaza, comme la définit Ilan
Pappe, il est d'une importance cruciale
de savoir que plus de 80 pour 100 du 1,8
million de personnes concentrées dans la
bande de Gaza sont des réfugiés chassés
de leurs foyers en 1948, c'est-à-dire de
ce qui constitue aujourd'hui Israël. À
l'époque, leur expulsion était «
nécessaire » pour que la population
juive de Palestine – alors une minorité
évaluée à 33 pour 100 – puisse créer une
« démocratie juive ». Et,
aujourd'hui, nous nous armons de courage
pour affronter un massacre pire encore.
Bien des Israéliens juifs estiment
que la majorité démographique juive en
Israël est toujours menacée. L'historien
israélien Benny Morris déplorait dans un
dégoûtant éditorial de Haaretz
que « si Ben Gourion avait pratiqué
une large vague d'expulsion (en 1948) et
nettoyé tout le pays – toute la terre
d'Israël, jusqu'au Jourdain même (...),
s'il avait appliqué une expulsion
totale, plutôt qu'une expulsion
partielle, il aurait au moins stabilisé
l'État d'Israël pour des générations
».
Dans une déclaration révélatrice à
l'avant-veille des élections, Benjamin
Netanyahu avait expliqué de façon on ne
peut plus claire qu'il était opposé à
l'installation d'un bantoustan
palestinien : « Je pense que tous
ceux qui ont l'intention d'établir un
État palestinien aujourd'hui et de faire
évacuer les terres fournissent en même
temps à l'Islam radical des motifs
d'agression contre l'État d'Israël. »
Qu'il soit dirigé par Herzog ou par
Netanyahu, ou par quelque autre
dirigeant sioniste, si on veut rompre le
cycle d'une épuration ethnique et d'une
politique génocidaire motivées par des
soucis démographiques, il faut
absolument qu'Israël soit tenu pour
responsable de ses actions. Un point
c'est tout.
Les massacres génocidaires perpétrés
par Israël à Gaza en 2009, 2012 et 2014
sont du même ordre que les massacres de
Sharpeville et de Soweto, en Afrique du
Sud, en 1960, massacres qui ont abouti à
l'intensification de la campagne BDS
contre le régime d'apartheid.
Il faut absolument que nous,
Palestiniens, envisagions très
sérieusement et de toute urgence les
mesures suivantes, en réponse au
résultat des élections israéliennes :
déclarer la fin des accords d'Oslo,
démanteler l'Autorité palestinienne,
renforcer la campagne BDS et en faire la
politique officielle de l'OLP, déclarer
la mort de la solution raciste à deux
États et adopter une nouvelle stratégie
soutenant « une personne, un vote
», comme en Afrique du Sud, et
revoir les priorités en faisant du droit
au retour, plutôt que de la façade de
l'« indépendance », le centre
du projet de libération.
Pour contrer la complicité
internationale dans les crimes d'Israël,
il faut que la campagne BDS de la base
contre l'apartheid israélien soit
intensifiée. Sous l'apartheid en Afrique
du Sud, la campagne BDS avait abouti
finalement à la création d'un État
démocratique, multiracial et
multiculturel. De la même façon, la
campagne BDS contre I'apartheid
israélien doit résulter en un État
unitaire au sein duquel tous les
citoyens seront traités en égaux.
Publié le 19 mars sur
Middle East Eye.
Traduction pour le site de la
Plate-forme Charleroi-Palestine : JM
Flémal.
Le Dr Haidar Eid est
professeur associé de littérature
anglaise de l'Université Al-Aqsa dans la
bande de Gaza en Palestine. Le Dr Eid
est un des membres fondateurs du Groupe
pour un seul Etat démocratique (One
Democratic State Group (ODSG)) et il est
également membre de la Campagne
palestinienne pour le boycott
universitaire et culturel d'Israël.
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