Palestine
Pensées fragmentaires à la barrière
orientale
de la prison à ciel ouvert de Gaza
Haidar Eid
Palestinian protesters hurl stones
towards Israeli security forces during
clashes on the border
between
Israel and
the Gaza
Strip, in
al-Bureij
in the center of Gaza
Strip on
April 18, 2018.
Photo by Ashraf
Amra
Dimanche 14 octobre 2018
Source :
https://mondoweiss.net/2018/10/fragmented-thoughts-eastern/
J’écris cet article à mon retour de
l’une des manifestations d’aujourd’hui,
à la barrière orientale du camp de
concentration de Gaza où six jeunes
hommes ont été brutalement abattus et
plus de 112 blessés par des snipers
israéliens. Des sources du ministère de
la santé palestinien me disent qu’il
faut s’attendre à ce que ce nombre
augmente.
Le sionisme est né
comme un mouvement colonial raciste,
avec l’agenda de nettoyer ethniquement
la terre de Palestine de sa population
indigène afin d’installer un état
exclusivement juif aux dépens du peuple
palestinien. L’histoire a prouvé que
s’il n’est pas contrôlé, cet agenda
permet aussi au sionisme de poser une
menace dangereuse, au-delà des
frontières de la Palestine, au reste du
monde arabe. La terreur sioniste contre
nous inclut la poursuite du nettoyage
ethnique et du racisme en terre de
Palestine, condamnant les Palestiniens
survivants à une vie d’exil dans
différentes parties du monde.
Notre focalisation
actuelle sur un programme constructif
pour la libération palestinienne est
fondée d’abord et avant tout sur notre
insistance pour le droit au retour à
notre patrie nationale, d’abord en tant
que droit naturel, ensuite en tant que
droit garanti par le droit
international. Pour cette raison, il
n’est pas surprenant que le nationalisme
palestinien soit porté sur les épaules
des fils des camps de réfugiés, de ceux
qui ont appris seuls, à partir de leur
expérience de la réalité d’être
réfugiés, qu’ils doivent insister sur la
reconnaissance et le rejet de cette
réalité. ils sont les fils et les filles
de ceux qui veulent revenir, non de ceux
qui sont réfugiés.
Il n’est donc pas
surprenant que nos camarades
palestiniens restés à l’intérieur des
frontières de 1948 aient levé leurs
bannières pour dire avec insistance
qu’ils sont là pour rester, accrochés au
droit du retour. Rien ne peut bloquer
cette vision d’un peuple déterminé à
vivre, malgré la courte vue des
Etats-Unis et l’Union européenne
complice.
La demande pour le
droit au retour a été et sera toujours
le point focal de l’auto-détermination
palestinienne, avec les espoirs de
l’ensemble du peuple palestinien, ayant
la justice et la démocratie à ses côtés,
confrontant le sionisme comme idéologie
de pure exclusion. Nous devons poser
d’inconfortables questions : comment les
choses sont-elles devenues si
distortionnées, dans cette confrontation
historique à laquelle fait face le
peuple palestinien ? Dans le contexte
sud-africain, l’équation était claire.
C’est ahurissant ! En réalité, c’est
tellement absurde que nous continuons à
faire porter le fardeau de ces questions
sur nous-mêmes.
Nous voyons que la
réponse se trouve dans les concessions
palestiniennes qui ont atteint leur
point culminant avec les Accords d’Oslo
en 1993. La déclaration d’Oslo a montré
la capitulation de l’essence de la
liberté et de l’auto-détermination pour
la libération palestinienne et a permis
à la page du « terrorisme » d’y être
attachée au stade de la fabrication. La
négociation pour le droit au retour a
été fondue dans une discussion des
institutions d’auto-gouvernement, qui
seraient appelées un « état ». Cette
complicité inclut la duperie d’une
« solution à deux états » comme
couverture pour régler la question du
nationalisme palestinien et des droits
du peuple palestinien.
Tout ceci indique
qu’il est nécessaire de refuser
absolument le destin prévu pour nous par
les gouvernements de droite israélien et
américain. Il y a aussi une urgente
nécessité à travailler politiquement
pour offrir une alternative à cette
réalité, au lieu de rechercher des
alternatives qui non seulement se sont
montrées délirantes, mais menacent notre
existence même.
Le jugement final
approche. Ou bien exister, ou bien être
effacés de l’histoire. Par conséquent,
c’est le moment de vérité, ou bien
rester inébranlable pendant cet
arrangement délirant, l’arrangement d’un
état, d’un Bantustan, avec une autorité
partielle sur le peuple palestinien ou
le délire d’un arrangement sous
citoyenneté israélienne, sans tenir
compte du droit au retour. Nous,
manifestants à la barrière orientale du
ghetto de Gaza, nous nous permettons de
ne pas être d’accord ! Nous voulons le
menu complet de nos droits, ou rien !
Sur Haidar Eid
Haidar Eid est
maître de conférence en littérature
postcoloniale et postmoderne à
l’université al-Aqsa de Gaza. Il a
beaucoup écrit sur le conflit
arabo-israélien, dont des articles
publiés dans Znet,
Electronic Intifada, Palestine
Chronicle, et Open Democracy.
Il a publié des articles sur les études
culturelles et la littérature dans
divers journaux, comme Nebula,
Journal of American Studies in Turkey,
Cultural Logic, et le Journal
of Comparative Literature.
Traduction CG pour
Campagne BDS France Montpellier
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