France Irak
Actualité
Ahmed Bensaada, «ténor» algéro-canadien
anti-Hirak?
Gilles Munier
Vendredi 31 juillet 2020
La publication de
mon article critiquant le titre
racoleur du dernier ouvrage Ahmed
Bensaada : « Qui sont ces ténors
autoproclamés du Hirak algérien ? » - qui
n’est pas diffusé en France --
m’a permis de recevoir l’ouvrage,
scanné. J’en remercie l’ami qui l’a
expédié. Je l’ai lu. Il
s’agit d’une resucée condensée d’Arabesques,
un des précédents ouvrages de
Bensaada. C’est un pamphlet d’une
soixantaine de pages, une sorte de
rapport de police politique à charge, où
l’universitaire algéro-canadien s’en
prend à des « figures » du
Hirak manipulées, selon lui, par la
NED.
La NED, organisme
américain bipartisan, a été fondée sous
la présidence Reagan pour subventionner
à l’étranger des ONG choisies en
fonction de leur combat pour instaurer
la démocratie, et - cela va de soi
- des intérêts américains… quitte à être
déçus ensuite. Pour ce qui est de
l’Algérie, et pour qui sait ce que coûte
la bonne marche d’une ONG, on ne peut
pas dire que les sommes allouées soient
astronomiques.
La
« main de
l’étranger »
Ciblés donc par
Bensaada, en tant qu’«agents
d’influence américains » : l’avocat
Mustapha Bouchachi, la juriste Zoubida
Assoul et l’homme politique Karim Tabbou,
trois « mousquetaires » auxquels
il ajoute, comme il se doit, un
quatrième: le sociologue Lahouari Addi,
professeur de sociologie à l'Institut
d'études politiques de Lyon.
Le tort des
Bouchachi, Assoul et Tabbou, « ténors
autoproclamés du Hirak » selon
Bensaada, est d’avoir été désignés
par Addi membres du triumvirat
transitoire susceptible de remplacer le
pouvoir algérien, alors déliquescent.
C’était de la politique fiction.
Les accusations
gravissimes portées contre eux mettent
en cause leur patriotisme. Elles feront
l’objet de procès en diffamation.
Bensaada devrait se
rappeler que, pendant la guerre
d’Algérie, les Américains aidaient
discrètement la délégation du FLN à New
York, espérant hériter, après
l’indépendance, du pétrole du Sahara.
Faut-il juger rétrospectivement
Abdelhafid Boussouf, chef du MALG
– le service secret de l’époque – pour
avoir encouragé l’opération ? Les
promesses, disait Charles Pasqua,
ministre de l’Intérieur français et
soutien des éradicateurs algériens,
n’engagent que ceux qui y croient !
La
« menace
islamiste »
Traumatisé par la
mort de son frère Hocine, militaire
pendant la « décennie noire »,
Bensaada agite la « menace
islamiste » que représenterait,
selon lui, la montée en puissance du
mouvement d’opposition
Rachad .
Mais il n’a pas
encore osé trop s’attaquer au moudjahid
Lakhdar Bouregaâ qui a rendu
visite, avec Mustapha Bouchachi, à
Ali Belhadj, ex n°2 du FIS (Front
islamique du salut), en février
dernier.
Bensaada s’en prend
principalement à Mourad Dhina,
co-fondateur de Rachad basé en
Suisse, et à Larbi Zitout, ancien
diplomate résidant à Londres, dont le
programme est pourtant loin de celui en
vogue du temps du Front islamique du
salut (FIS). Diffamation encore…
Et moi, dans
cette galère…
En rêve, je verrai
bien le moudjahid Lakhdar Bouregaâ
accéder à la présidence de la République
et ordonner à l’armée de rentrer dans
ses casernes. Quelle belle fin de
carrière ce serait pour un homme qui n’a
jamais courbé la tête ! Mais, c’est un
rêve…
Avec beaucoup d’hirakistes
et leurs soutiens, je pense que
l’Algérie ne sera un pays vraiment
démocratique que le jour où Ali Belhadj
pourra se présenter à des élections.
Casser l'unité
du mouvement populaire
Les arrestations de
militants et la pandémie Covid-19
ne parvenant pas à étouffer la
contestation du système, le ministère
algérien de l’Information a vite compris
que le livre de Bensaada pouvait
susciter quelques zizanies, voire casser
l’unité qui fait la force du mouvement
populaire. Il a donné l’ordre à l’APS
(agence de presse officielle) et à la
Chaîne 3 francophone d’en assurer
la promotion.
« Un coup de
poignard dans le dos du Hirak ? »,
était le titre de mon article consacré à
la couverture du pamphlet d’Ahmed
Bensaada. Il comportait un point
d’interrogation. Après avoir lu le
livre : je le retire.
Gilles Munier : de
l’extrême-droite au Hirak
Ahmed Bensaada
Selon la formule
imagée de mon ami Rafaa, mon récent
livre a agi comme le projecteur d’un
chalutier faisant sortir différentes
sortes de poissons de la mer. Mais qui
aurait pensé un seul instant que sa
lumière éclairerait aussi loin que les
rivages de la Bretagne? Qui aurait parié
un misérable kopeck sur une prise d’une
telle taille dans cette région? Car, il
faut se le dire, Gilles Munier n’est pas
du menu fretin, même s’il est connu pour
se mêler régulièrement les nageoires,
naviguant d’un courant à l’autre, au gré
de la houle.
La pêche
miraculeuse
Gilles Munier est
donc apparu après la publication de mon
livre. Mais pourquoi diable ce Breton
s’est-il manifesté avec pas un, mais
deux articles contre moi [1], [2]? Des
attaques avec des histoires de coup de
poignard dans le dos et des rapports de
police politique, rien que ça!
Ainsi, sans prendre
le temps de lire mon ouvrage, Munier est
intervenu dans le débat pour défendre
bec et ongles son ami et protégé Mourad
Dhina, membre de l’ex-FIS (Front
Islamique du Salut) et un des fondateurs
du mouvement islamiste « Rachad ».
Mais l’histoire a
commencé un peu plus tôt. En effet, en
date du 4 juin 2020, Mourad Dhina n’a
rien trouvé de mieux à faire que de me
citer dans sa vidéo du jour [3].
Lui aussi a longuement disserté sur mon
livre sans l’avoir lu (sic), confirmant
la forte prévalence de cette maladie
chronique dans la faune ichtyologique.
Il y a pris plaisir à dresser mon
portrait avec des termes choisis avec
soin comme : « fragilité
intellectuelle », « soutenu par le
régime », « propagandiste du système »,
« casseur du Hirak », etc.
Ce qui est
étonnant, c’est que mon livre n’avait
pas pour objet l’étude du mouvement
Rachad, ni la critique de ses
fondateurs. Cette sortie virulente a
pourtant une explication claire qui sera
discutée un peu plus tard.
L’attaque violente
de Dhina méritait une réponse [4] de ma
part qui fut publiée sur mon site, le 6
juin 2020. Petite précision : aucun
droit de réponse n’a été demandé à Dhina
ou Rachad pour poster mon article sur
leurs médias sociaux.
Certainement très
irrité par le contenu et la forme de mon
texte, Dhina s’est fendu d’un long
texte [5] qu’il a présenté comme un
droit de réponse (sic) que je devais
impérativement publier sur mon site
personnel. Il n’avait pas compris qu’il
aurait fallu qu’il en fasse de même avec
la mienne!
Fâché par ce refus,
Gilles Munier monta sur ses grands
chevaux (bretons?) pour aller défendre
les droits de son suzerain. Dans son
article intitulé « Un coup de
poignard dans le dos du Hirak ?
[6]», on peut lire :
« À la suite de
la parution de "Qui sont ces ténors
autoproclamés du Hirak algérien
?", Mourad Dhina a réagi avec calme aux
attaques mensongères et diffamatoires le
concernant en adressant à l'auteur un
droit de réponse qui n'a toujours pas
été publié... »
On remarque bien
que, selon Munier, le nom de Dhina rime
avec « calme » et « droit de réponse »
alors que celui de Bensaada est associé
aux « mensonges » et à la
« diffamation ».
Rachad peut-il
trouver un vassal aussi fidèle?
Les accointances
avec l’extrême-droite
Alors qu’il vivait
en Algérie dans sa jeunesse, Gilles
Munier a été correspondant de la revue
« Nation Européenne », organe de presse
du mouvement d’extrême-droite « Jeune
Europe ». Dans de nombreuses
publications, ce mouvement est considéré
comme néo-fasciste [7]. « Jeune Europe »
a été fondé en 1962 par le Belge Jean Thiriart
(1922 – 1992) dont la vie politique a
été associée aux milieux néo-nazis et
néo-fascistes [8], avec un début
remarqué dans la collaboration avec
l’Allemagne nazie :
« Thiriart a 18
ans quand l’Allemagne occupe la
Belgique. Le jeune autodidacte adhère
bientôt aux Amis du Grand Reich
allemand, ce qui le conduit à un séjour
en prison en 1944 et à la privation de
ses droits civiques jusqu’en 1959.
» [9]
Et ce n’est pas
tout. Avant « Jeune Europe », Thiriart
avait dirigé le Mouvement d'Action
Civique (MAC) [10], un groupe
ouvertement en faveur de l’"Algérie
française" et de l’OAS :
« […] en effet,
on a pu constater que les contacts entre
l'O.A.S. et le M.A.C./Jeune Europe
furent réels : le M.A.C. a été accusé
d'aider matériellement l'O.A.S., avec la
coopération du Centre d'Études et de
Formation Contre-révolutionnaire établi
à Tournai (impression de tracts, vol et
utilisation de faux passeports).
» [11]
« Par ailleurs,
le MAC était le principal soutien de
l’OAS en Belgique. Il avait développé
ses contacts avec les mouvements
favorables à l’“Algérie française”, tels
que Jeune Nation, la Fédération des
Étudiants Nationalistes ou le MP13. Non
seulement, sa presse publiait les
communiqués ésotériques de l’OAS, mais,
de plus, son réseau accueillait les
clandestins et leur fournissait le gîte
et des faux papiers. Et l’imprimerie
produisait le journal Appel à la France.
» [12]
C’est d’ailleurs à
cause de son soutien à l’OAS que « Jeune
Europe » a été interdit en France [13].
Dans une
interview à AMEL TV (sic!) datée du
9 janvier 2019, et ce quelques jours
avant une émission avec le président du
MAK Ferhat Mehenni [14]
(resic!), Gilles Munier s’explique sur
ses fréquentations de jeunesse:
« Parmi les
organisations que j'avais contacté de
droite et d'extrême-droite lorsque
j'étais allé en France, il y en a une
qui m'avait semblé et qui a semblé aussi
aux Algériens intéressante c'était une
organisation qui est Belge, mais qui
rayonnait sur une partie de l'Europe,
qui avaient des représentants en Italie
et en France, mais qui était interdite
en France. C’était une organisation dont
le dirigeant avait soutenu l’OAS. La
guerre est finie et la page est tournée.
C’était une organisation
anti-américaine. Disons pro-soviétique.
Oui voilà, il y avait deux blocs. Elle
publiait une revue qui s'appelait la
"Nation Européenne" et ils ont décidé,
moi je les avais contactés, j’étais allé
les voir à Bruxelles. Et donc ils m'ont
demandé si je voulais être leur
correspondant en Algérie, moi je leur ai
dit oui […] » [15]. (Transcription
littérale).
Dans cette
déclaration hésitante, on voit bien que
Munier cherche à taire les noms
compromettants de « Thiriart » et de
« Jeune Europe ». Par contre, il
reconnait lui-même avoir contacté des
mouvements de droite et
d’extrême-droite. Pour cela, il a fait
personnellement le déplacement en
Belgique pour proposer ses services (à
Thiriart?). Ayant vécu en Algérie et
connaissant le passé de son père, il
devait bien savoir que Thiriart et sa
« Jeune Europe » avaient fricoté avec
l’OAS! Rien de cela ne l’a dérangé : ni
le passé collaborationniste, ni le
néo-nazisme, ni le néo-fascisme, ni
l’OAS.
Et avec tout cela,
Gilles Munier passe son temps à crier
sur tous les toits à la calomnie et à la
diffamation lorsque ses accointances
avec l’extrême-droite sont évoquées!
Les relations de
Munier avec l’extrême droite ne se sont
pas estompées avec le temps. Dans un
livre collectif intitulé « Autopsie d’un
déni d’antisémitisme » [16], ses
relations avec Frédéric Chatillon sont
relatées :
« C’est dans un
dossier réalisé par le site antifasciste
Reflexes sur Frédéric Chatillon que le
nom de Mohamed Sifaoui apparaît une
première fois. En l’espèce, la note 30
de cette enquête mettant à nue la face
cachée du FN « mariniste », nous indique
que Sifaoui a publié un livre chez Erik
Bonnier (Encre d’Orient), vieille
connaissance de Frédéric Chatillon et de
Gilles Munier, lobbyiste bien connu de
Saddam Hussein mis en cause dans le
dossier « Pétrole contre nourriture ».
Quand en 1999, Gilles Munier publie son
« Guide de l’Irak » (éditions Jean
Picollec), Erik Bonnier, qui édite
aujourd’hui Munier, apparaît comme
l’auteur des photos publiées. La mise en
page de ce guide est par ailleurs
réalisée par la société Riwal de
Frédéric Chatillon et sans surprise
recensé dans la revue du GUD Jusqu’à
Nouvel Ordre. »
Frédéric Chatillon
est l’ancien président du GUD (Groupe
Union Défense), un mouvement
d’extrême-droite néo-fasciste [17] ,
néo-nazi [18], connu pour son usage de
la violence [19]. Admirateur des Waffen
SS [20], il a été aussi un proche
collaborateur du Front National et de
Marine Le Pen [21].
À travers sa
société « Riwal », Chatillon a réalisé
des affaires juteuses avec la Syrie dans
le domaine de la promotion du
tourisme [22] et ce, bien avant la
« printanisation » de la Syrie.
Notons la
spécialité commune à Munier et
Chatillon : la promotion touristique des
pays arabes. Le premier avec l’Irak et
le second avec la Syrie.
Dès le début de la
guerre en Syrie, Frédéric Chatillon a
lancé une site progouvernemental syrien
baptisé « Infosyrie » [23].
Collaboration intéressante : ce site
reprend les articles de Gilles Munier et
« France-Irak Actualité », le site du
protecteur de Rachad, publie ceux d’« Infosyrie ».
Dans un des nombreux articles de Munier
publiés sur le site de Chatillon, on
peut lire, en date du 31 mai 2011 :
« C’est à
l’excellent blog de Gilles Munier, ami
et spécialiste du monde arabo-musulman,
président des Amitiés franco-irakiennes
d’une guerre du Golfe à l’autre, que
nous empruntons cet article […].
» [24]
Munier-Chatillon,
copain-copain?
Extrême-droite,
nationalisme arabe et islamisme
L’extrême-droite
européenne a eu des relations très
étroites avec le nationalisme arabe.
Pour illustrer cela, citons le voyage en
1968 de Jean Thiriart dans certains pays
arabes [25], du temps où Munier
officiait à la « Nation Européenne ».
Pour Thiriart, la coopération prendrait
forme en alliant « l'argent arabe
avec les compétences européennes
» [26].
En fait, la
relation entre « Jeune Europe » et les
nationalistes arabes était
essentiellement basées sur les deux
mamelles que sont l’antiaméricanisme et
l’antisionisme.
C’est ce qui fit
dire à certains que Thiriart a commencé
sa carrière en compagnie de
suprémacistes blancs et la termina en
compagnie de nationalistes arabes [27].
Ainsi, on se rend
compte que l’engagement de Gilles Munier
en Irak ― ou celui de Frédéric Chatillon
en Syrie ―, n’est qu’une poursuite d’une
voie tracée par Jean Thiriart.
La proximité de
Munier avec les islamistes ne se résume
pas à celle avec le mouvement
« Rachad ». En effet, on peut lire sur
son site (France-Irak Actualités) de
nombreux articles signés par
l’islamologue Tariq Ramadan, petit-fils
du fondateur de la confrérie égyptienne
des Frères Musulmans. Même après son
inculpation pour viols, il a continué à
prendre sa défense en postant des
articles en sa faveur.
Il faut reconnaître
que la relation entre les différents
courants de l’extrême-droite et
l’islamisme n’a jamais été simple, ni
monolithique. Mais cela ne veut pas dire
que ces deux mouvements ne se sont
jamais alliés ou n’ont pas d’intérêts
communs.
De nombreux
articles ont été consacrés à ce sujet.
Citons, à titre informatif, Daniel
Rickenbacher, chercheur postdoctoral à
Université Concordia (Montréal, Canada).
Auteur d’un très intéressant article au
titre très clair : « Extrême-droite
et Islamisme : Une histoire d’amour
compliquée » [28].
Pour lui, même si
« les militants d’extrême droite se
livrent régulièrement à la violence
contre les immigrants musulmans, il
existe également une affinité répandue,
mais peu connue pour l’islam politique
dans ses cercles, où il est considéré
comme un allié contre des ennemis
communs ». La relation
extrême-droite-islamisme y est décrite
avec moults exemples.
À la lumière de ce
qui vient d’être exposé, il s’ensuit que
les affinités de Gilles Munier avec les
pays arabes et les islamistes ne sont
pas étrangères à son passé thiriartiste.
Munier – Dhina,
Khawa–Khawa [29]!
Dans un de ses
nombreux articles de défense de Mourad
Dhina lors de son arrestation en France,
Munier cite Lahouari Addi :
« Le sociologue
Lahouari Addi (SciencesPo Lyon) rappelle
que "Mourad Dhina est un Erdogan
algérien, il défend un islam compatible
avec les Droits de l’homme et la
démocratie. Mais, pour le gouvernement
algérien, il n’y a rien de pire que des
islamistes autonomes". » [30]
C’est cette même
citation que j’avais mentionnée dans mon
récent livre [31] . Nous voyons que même
le militant breton s’est joint, bien
avant le Hirak, à la campagne de
réhabilitation des anciens du FIS sur la
scène politique algérienne. Addi,
Munier, même combat!
Dans sa première
attaque contre ma personne, Munier a
évoqué le sujet des journalistes
emprisonnés en Algérie en ces termes :
« Mais combien
d'autres croupissent encore en prison,
comme le journaliste Khaled Drareni,
de Radio M, arrêté uniquement parce
qu'il rendait compte objectivement du
déroulement d'une manifestation ?
» [32]
Étant
personnellement foncièrement contre
l’emprisonnement des journalistes dans
l’exercice de leur fonction, il est
quand même important de signaler que la
Turquie est devenue la plus grande
prison des journalistes au monde depuis
qu’Erdogan est aux commandes de ce
pays [33]!
Regardons ça de
près : Erdogan est devenu Premier
ministre en 2004 puis Président en 2014.
Le classement de son pays dans le
domaine de la liberté de la presse est
passé du 98ème rang en 2005 au 123ème en
2010 puis au 157ème en 2019 [34]. Mourad
Dhina, le Erdogan algérien, aurait-il
fait mieux en Algérie?
Il est permis d’en
douter. Voilà pourquoi.
Un journaliste a questionné Mourad
Dhina au sujet de l’assassinat des
intellectuels algériens par les
terroristes islamistes durant la
décennie noire :
« Pourquoi
n’avez-vous pas condamné l’assassinat de
certains de ces intellectuels? »
Ce à quoi, il
répondit, sans états d’âme:
« Personne n’a
pleuré nos morts parmi ceux-là, bien
plus tout le monde a applaudi, euh…, je
pense que sur un plan…, encore
faudrait-il être sûr de qui a tué qui à
telle et telle période, euh…, mais je
dirai que pour certains, certains ont
choisi une voie de confrontation, une
voie de provocation d’une jeunesse et
qu’ils ont payé ce prix. Que ces
intellectuels de gauche aient le courage
d’assumer leur action. Qu’ils disent que
nous nous sommes engagés dans une guerre
et que certains d’entre nous ont payé de
leur vie. Qu’ils en fassent des martyrs
pour eux! » [35]
La plupart de ces
intellectuels de gauche assassinés
étaient des journalistes.
À ce sujet, notons
une surprenante déclaration de Lahouari
Addi à propos de cette vidéo qui a fait
le tour du cyberespace. Le sociologue
aurait signifié à l’éditeur Amar
Ingrachen qu’elle n’était pas
véridique :
« La vidéo où
Mourad Dhina assume le massacre des
démocrates est un montage du DRS
[36] » [37],
aurait-il précisé.
On aurait pensé à
une blague si ce monsieur ne se faisait
pas passer pour un illustrissime et
grandissime professeur.
On aurait pensé à
une blague si cette déclaration ne
légitimait pas l’assassinat de certains
de ses collègues universitaires.
On aurait pensé à
une blague si cette allégation
n’absolvait pas les crimes perpétrés
contre des innocents.
La défense des
anciens du FIS par Gilles Munier ne
s’est pas limitée à Mourad Dhina. Elle
s’est même étendue à un des
fondateurs de ce parti islamiste: Ali
Belhadj. Un Breton, ça vise haut!
« Avec beaucoup
d’hirakistes et leurs soutiens, je pense
que l’Algérie ne sera un pays vraiment
démocratique que le jour où Ali Belhadj
pourra se présenter à des élections
», a-t-il affirmé.
En s’exprimant
ainsi, Munier montre son ignorance de la
conception « belhadjienne » de la
démocratie.
Dans un
discours qui a été largement
partagée dans les médias sociaux, on
peut voir Belhadj exposer sa conception
de la démocratie :
« Nous dans
l’islam, pour qu’on soit clair, dans
l’islam nous n’avons pas un gouvernant
qui est élu tous les quatre ans. Dans
l’islam, nous n’avons pas ça. Dans
l’islam nous avons des règles, nous
avons le Livre d’Allah et la Sounna du
Prophète (QSSSL) et la société élit la
bonne personne qui applique le Livre et
la Sounna. Et s’il dévie après deux
jours, ils s’y opposent, ils ne le
laissent pas quatre ou cinq ans. Et si
quatre années passent et il continue
d’appliquer le Livre et la Sounna, et il
applique la Loi, nous ne faisons pas
d’élections. Nous le laissons. Tant
qu’il applique la Loi, le Livre et la
Sounna, pourquoi l’enlever? Et s’il
n’applique pas le Livre et la Sounna,
pourquoi le laisser quatre années? Nous
l’enlèverons la première année, la
première semaine ou le premier mois.
C’est ça la gouvernance selon la Chariaa.
Pour que ce soit clair, frères, nous ne
sommes pas démocrates, la démocratie est
un « kofr » (blasphème). » [38]
Alors M. Munier,
pensez-vous toujours que l’Algérie sera
un pays « vraiment » démocratique avec
M. Belhadj?
Et que pense M.
Dhina de tout cela? Avez-vous lu
l’interview publiée en 2003 qu’il a
accordée à Olfa Lamloum [39] ?
« […] Le FIS a
été une formation politique originale et
particulière sur la scène politique
algérienne. […] D’abord, le FIS
s’appuyait sur le charisme de ses deux
dirigeants historiques. Ali Belhadj et
Abassi Madani avaient une présence
envahissante au sein du FIS. Un sermon à
Alger de Belhadj ne passait pas
inaperçu. De par ses références
idéologiques, le FIS a fait une synthèse
nationaliste, bien sûr islamique […].
»
Et, au sujet de la
lutte armée :
O. Lamloum :
Pourtant lors de sa dernière conférence
de presse avec Abassi Madani, la veille
de leur arrestation, Ali Belhadj
appelait clairement à la résistance
armée…
M. Dhina : « Je
partage son point de vue. Nous disons
que devant l’action d’un pouvoir
tyrannique, il est du droit du peuple de
résister en portant des armes. Il s’agit
là d’une position que nous revendiquons
haut et fort. Je pense que toute
démocratie, toute Constitution, tout
pays, reconnaît ce droit à son peuple
[…]. »
Le pouvoir par les
armes et une démocratie agonisante,
voilà ce que Munier souhaite à
l’Algérie. Décidément, il y tient
mordicus à son passé thiriartiste!
Les « ONG » de
l’Oncle Sam
Dans sa diatribe
contre mon livre, Munier a essayé de
minimiser (voire d’ignorer) le rôle de
la National Endowment for Democracy
(NED) dans le Hirak. Pourtant, pendant
de nombreuses années il a dénoncé le
rôle des organisations américaines
« exportatrices » de démocratie dans
d’autres pays arabes. En effet, son site
regorge de références montrant le rôle
néfaste de la NED, Freedom House,
l’USAID, le NDI (National Democratic
Institute), l’IRI (International
Republican Institute), etc. On y peut
lire des articles aux titres
explicites dont voici quelques
exemples : « La Guerre Humanitaire de
la NED et de la FIDH en Syrie
» [40], « L’instrumentalisation des ONG
syriennes » [41], « Un dirigeant de
l’opposition syrienne taxe le CNS de
"Club de Washington" » [42], etc.
On peut aussi y
consulter un article sur la convoitise
américaine de notre pays datant de 2018:
« L’Afrique, et en particulier
l’Algérie, seraient dans le viseur de
l’armée américaine » [43].
La « main de
l’étranger »? Êtes-vous sérieux M.
Munier?
Alors ces articles
n’étaient pas des coups de poignards
contre les « révoltés » des autres pays
arabes? Tout ce qui a été relaté et
prouvé sur les révolutions colorées et
le « printemps » arabe ne s’applique
plus à l’Algérie? Notre pays ferait-il
partie d’une autre galaxie et nous
l’ignorons sauf le militant breton?
Dans le découpage
géopolitique du monde selon les
États-Unis, l’Algérie fait partie de la
région MENA (Middle East and Nord Africa).
À ce titre, l’action subversive qu’elle
subit n’est aucunement différente de
celle des autres pays arabes de la
région. Elle est même plus ciblée que
les autres de par son appartenance au
Front du refus, de sa position
géostratégique et de ses immenses
richesses.
Je ne sais pas si
Munier a consulté le site du mouvement
Rachad. Si cela avait été le cas, il
aurait remarqué, parmi de nombreux
documents de type « otporien » publiés
par Rachad sur leur site [44], deux
livres du politologue américain Gene
Sharp. En particulier « De la dictature
à la démocratie », la bible de CANVAS et
tous les activistes des révolutions
colorées et du « printemps » arabe [45].
Gene Sharp (1928 -
2018) était le fondateur de l’Albert
Einstein Institution qui se spécialise
dans l’étude des méthodes de résistance
non violente dans les conflits. Selon
Michael Barker [46] cette institution a
été financée par la NED, l’IRI, l'US
Institute for Peace et l’organisme
allemand Friedrich Naumann Stiftung. En
outre, l’Albert Einstein Institution a
reçu l'aide de deux des plus influentes
organisations philanthropiques libérales
américaines, qui sont la Ford Foundation
et l'Open Society Institute (Fondation
de G. Soros).
Ainsi, même Rachad
fait de la publicité pour des ouvrages
subventionnés par les organismes
américains d’exportation de la
démocratie. Mais il ne faut pas en
parler car tout cela devient caduc
lorsqu’il s’agit de l’Algérie.
On ne peut que
constater que ses liaisons « amicales »
(ou intéressées?) avec le Mouvement
Rachad ont fait perdre à Gilles Munier
lucidité, pragmatisme et bon sens.
Je n’évoquerai pas
dans cet article toutes les énormes
contradictions fondamentales entre les
positions de Munier et Rachad en ce qui
concerne les dossiers Libyen et Syrien.
Mon ami Rafaa s’en est chargé dans une
vidéo très pédagogique [47].
Pour quelques
millions de barils
Nous avons vu que
la relation entre l’extrême-droite et
certains pays arabes était due à la
convergence de points de vue sur
certains sujets comme l’antiaméricanisme
ou l’antisionisme. Mais au-delà de
l’idéologie, les aspects pécuniaires ne
sont jamais très loin. Ainsi, Thiriart
voyaient les pays arabes comme une
tire-lire [48] et Frédéric Chatillon a
reçu entre 100 000 et 150 000 euros par
an pour gérer la communication de la
Syrie [49].
Paul Volcker,
ancien directeur de la Réserve fédérale
des États-Unis, a été chargé par
l’O.N.U. pour enquêter sur les
malversations et le scandale concernant
le programme des Nations unies pour
l’Irak « Pétrole contre nourriture »
(1996 – 2003) [50].
Son rapport
détaillé indique que Gilles Munier a,
grâce à ce programme, bénéficié de 11,8
millions de barils de pétrole [51]. En
ces temps, Munier était secrétaire
général de l’association « Amitiés
Franco-Irakiennes » (AFI), fondée en
1985.
Dans ce volumineux
rapport [52] de plus de 600 pages, une
section est spécialement dédiée à Gilles
Munier. Ce dernier faisait affaire avec
Aredio Petroleum, une filière de Taurus
Group. Le rapport nous apprend que :
« En 1998,
Jean-Loup Michel, le directeur général
d'Aredio, a contacté M. Munier pour
aider son entreprise à importer du
pétrole d'Irak. M. Munier a accepté de «
présenter » la société de M. Michel à M.
[Tareq] Aziz et de demander des
allocations. En échange, M. Michel
apporterait un soutien financier à l'AFI
et rémunérerait M. Munier pour sa
campagne visant à faire lever les
sanctions contre l'Irak. » [53]
« Munier a
affirmé ne pas avoir touché de salaire
pour son travail à l'AFI ni reçu de
commission d'Aredio. Il a cependant
reconnu qu'Aredio et Taurus l'avaient
rémunéré pour ses efforts
d'intermédiaire en couvrant ses dépenses
pour son travail à l'AFI. […]
Cependant, la relation de M. Munier avec
Taurus était plus formelle qu’il ne l’a
décrit précédemment. M. Munier a signé
un accord de consultance avec Taurus et
a reçu des « honoraires de conseiller »
pour ²rechercher [et] fournir des
contrats dans la région, avec un accent
particulier sur le brut irakien dans le
cadre du programme Pétrole contre
nourriture². M. Munier devait recevoir
0,07 $ par baril net de Taurus, et
Taurus lui a versé plus de 240 000 $.
[…] Un total de 647 600 dollars de
surtaxes a été prélevé et payé sur deux
des contrats d’Aredio pour le pétrole
alloué à M. Munier au cours des phases X
et XI. » [54]
Commentant cette
affaire, Gilles Munier a déclaré : «
« Une vingtaine
de Français [55] fut arrêtée et
mise en examen pour "trafic d’influence"
et "corruption d’agent public étranger".
En clair, pour viol d’une résolution de
l’ONU. J’étais dans le lot. Cela s’est
traduit pour moi par la perquisition de
mon domicile, 72 heures d’interrogatoire
en garde à vue en octobre 2005, une
libération sous contrôle judiciaire
contre le versement d’une caution
d’abord fixée à 80 000 euros, le retrait
de mon passeport et l’interdiction de
quitter le territoire métropolitain. Un
compte bancaire servant au financement
des activités des Amitiés
Franco-Irakiennes fut bloqué. » [56]
Et dans un article
du Monde :
« Gilles Munier,
qui a aidé par le passé des élus et des
journalistes français à se rendre à
Bagdad, insiste sur sa bonne foi. Tout
l'argent que lui versaient les sociétés
de courtage Aredio et Taurus n'allait
pas dans sa poche, dit-il, mais vers les
activités de son association. Achat
d'espaces publicitaires (notamment
dans Le Monde, en janvier 2001),
organisation de colloques, envois d'aide
humanitaire en Irak, voyages à Bagdad.
» [57]
Après huit ans de
procédure, Gilles Munier a été déclaré
non-coupable, dans l'affaire des
détournements du programme des Nations
unies « Pétrole contre nourriture »
[58].
Mais cette affaire
nous a aussi appris que Aredio Petroleum
avait acheté un millier d’exemplaire du
fameux guide touristique de l'Irak dont
la mise en page avait été réalisée par
la société Riwal de Frédéric
Chatillon [59].
D’autre part,
certaines déclarations de Gilles Munier
ne peuvent qu’attirer l’attention. Dans
une interview parue dans le magazine
« Le Mensuel de Rennes » en octobre
2009, il explique comment il a rencontré
Saddam Hussein :
« La dernière
fois, c’était en 1996, seul à seul, pour
discuter de la situation politique, en
plein embargo international. J’étais
envoyé par le quai d’Orsay pour porter
un message à Tarek Aziz, le vice-premier
ministre de l’époque. » [60]
Pareillement, dans
une de ses biographies en ligne, on peut
lire qu’en 1991 :
« Gilles Munier
contribuera à l’ouverture d’une Mission
d’intérêt français à Bagdad en
transmettant un message secret de Tarek
Aziz au Quai d’Orsay. » [61]
Et une question
évidente se pose : à travers tout ce
remue-ménage politico-affairiste
irakien, Gilles Munier travaillait-il
avec le Quai d’Orsay?
Ce qui nous mène à
la question la plus importante : son
« dévouement » pour Rachad serait-il
dans le cadre d’une mission du Quai
d’Orsay pour déstabiliser l’Algérie et
nuire à ses intérêts?
Dans ce cas, ses
contradictions idéologiques seraient
compréhensibles.
Zabiba et le Roi
« Zabiba et le
roi » est un livre écrit par Saddam
Hussein, traduit en français sous la
supervision de Gilles Munier qui en a
lui-même rédigé la préface. Et le volet
« business », n’est jamais loin :
« C’était la
guerre, on parlait de Saddam tous les
jours dans les journaux, c’était un
sujet porteur. L’édition, c’est aussi du
commerce. », a commenté le préfacier
de l’ouvrage [62].
On trouve bien sûr
ce livre dans le catalogue de l’éditeur
Erick Bonnier [63], celui qui avait déjà
publié le guide touristique de Munier
« sponsorisé » par Aredio Petroleum et
auquel avait collaboré Frédéric
Chatillon.
Dans ce conte
allégorique, la belle Zabiba représente
le peuple et le roi n’est autre que
Saddam Hussein en personne. Dans une des
discussions figurant dans cette histoire
d’amour, le roi questionne Zabiba :
« – Le peuple
a-t-il besoin d’être traité avec rigueur
? – Oui, Majesté. Le peuple a besoin de
rigueur. Elle rassure les gens de bien
et inspire de la crainte à ceux dont la
morale est douteuse. » [64]
Selon ses propres
dires, Munier a rencontré Saddam Hussein
à cinq reprises [65]. Et quand on le
questionne à son sujet, il répond :
« Certes,
c’était une dictature, mais il y a
dictateur et dictateur. Il y a celui qui
cherche à opprimer son peuple, et celui
qui essaie de développer son pays.
» [66]
Les paroles de
Zabiba dans la bouche de Gilles Munier!
Notre Breton serait-il un admirateur et
un fervent militant de la dictature?
Serait-ce une réminiscence de ses
liaisons passées avec les groupuscules
fascistes ou un accord tacite avec le
modèle de gouvernance prôné par Ali
Belhadj?
Dictature? En
France, non! En Occident, non! Dans les
pays arabes, oui!
Et Munier ne
s’arrête pas là. Voici la suite de sa
réponse :
« Il y avait eu
une évolution sociale, les femmes
n’étaient majoritairement pas voilées
par exemple. L’invasion américaine a
provoqué un retour en arrière, avec
l’arrivée au pouvoir des partis
religieux. On est passé d’un pays laïc à
un pays gouverné par des obscurantistes
islamistes, avec toutes les conséquences
que cela implique, non seulement pour
les femmes, mais dans bien d’autres
domaines comme l’enseignement. Non
seulement il n’y a pas eu
d’amélioration, mais il y a eu une
véritable régression sociale. » [67]
Et que pense M.
Munier des « obscurantistes islamistes »
qui ont sévi en Algérie durant la
décennie noire? 200 000 morts, rien que
ça! Et que fait-il donc avec Rachad dont
les fondateurs sont des ex-membres du
FIS? Un autre « torticolis » idéologique
gênant!
À moins que la
thèse de ses ballades sur un fameux quai
parisien de la rive gauche de la Seine
ne s’avère véridique.
Les peuples arabes
ne peuvent choisir qu’entre la dictature
ou l’obscurantisme? Ne peuvent-ils pas
rêver de démocratie dans leurs pays?
C’est dans ce sens
que le Hirak doit porter en son sein un
message clair : ni dictature, ni
obscurantisme, ni ingérence étrangère
qui favoriserait l’un ou l’autre de ces
deux fléaux.
En guise de
conclusion
Il n’est pas dans
mon intention de clore cet article sans
revenir à son début, c’est-à-dire à
l’agressive et calomnieuse vidéo de
Mourad Dhina en mon encontre. Je n’avais
pas compris pourquoi une personne à
laquelle mon livre n’était pas destiné a
eu une réaction aussi violente sans lire
l’ouvrage qu’il était censé critiquer.
L’explication est pourtant donnée dans
un des nombreux articles de (ou sur)
Mourad Dhina étalés sur le site de
Munier. Effectivement, la recension
d’une émission diffusée sur AMEL TV (sic
et resic!), en date de 17 mars 2019
mentionne que Mourad Dhina a proposé la
feuille de route suivante :
« Pour sortir
l’Algérie de l’impasse actuelle, il faut
procéder à l’installation d’un
gouvernement de salut national qui sera
nommé par une présidence collégiale
composée de plusieurs personnalités
historiques intègres, honnêtes et
désintéressées. » [68]
Hormis l’absence
des noms des personnalités, cette
proposition ressemble étrangement à
celle qui a été l’élément déclencheur de
mon livre [69], en l’occurrence la
déclaration de Lahouari Addi qui
écrivit, le 14 mars 2019 :
« […] les
décideurs doivent accepter le caractère
public de l’autorité de l’Etat. Ils
doivent demander à celui qui fait
fonction de président aujourd’hui de
démissionner et de nommer une instance
de transition qui exerce les fonctions
de chef d’Etat. Mustapha Bouchachi,
Zoubida Assoul et Karim Tabbou devraient
être sollicités pour exercer les
prérogatives d’une présidence collégiale
qui nommera un gouvernement provisoire
qui gérera les affaires courantes et
préparera les élections présidentielle
et législative dans un délai de 6 à 12
mois. Les généraux doivent aider à la
réalisation de ce scénario et se dire
une fois pour toute que l’armée
appartient au peuple et non l’inverse
» [70].
On constate donc
que, moins d’un mois après le début du
Hirak, et à quelques jours près entre
eux, Addi et Dhina on fait des
déclarations similaires. Ayant montré
dans mon livre la proximité entre ces
deux personnes, il n’est pas impossible
qu’elles se soient concertées sur le
sujet. Et cela pourrait expliquer la
réaction outrancière du cofondateur de
Rachad.
Pour revenir à
Gilles Munier, son immixtion de la sorte
dans le Hirak soulève beaucoup de
questions. Un tel parti pris peut mener
l’Algérie au chaos tel que celui vécu
dans plusieurs pays de la région MENA.
Son action n’est pas un coup de poignard
dans le dos du Hirak comme il a bien
voulu qualifier mon livre, mais un coup
de poignard dans le cœur de l’Algérie.
Et pour cela, nous serons toujours aux
aguets pour qu’une nouvelle Algérie
démocratique, moderne, inclusive et
tournée vers l’avenir voit le jour grâce
à un Hirak algéro-algérien.
En outre, le peuple
algérien, en grande majorité musulman,
est adepte d’un islam éclairé compatible
avec la modernité. Il a été marqué par
la décennie noire et ne veut plus
revivre ses horreurs.
En Algérie, Gilles
Munier doit comprendre qu’il n’a aucune
chance de publier un guide touristique
sur notre pays ou de s’accaparer des
millions de barils du pétrole algérien
sur fond de scandale politique d’un pays
exsangue.
Le peuple algérien
n’aime ni les visiteurs de certains
quais, ni les panégyristes des
potentats. C’est pour cette raison que
sa sagesse est au diapason de la
vigilance de son Hirak.
Références
[1] Gilles Munier, « Un coup de
poignard dans le dos du Hirak ? »,
France-Irak Actualités, 22 Juillet 2020,
http://www.france-irak-actualite.com/2020/07/un-coup-de-poignard-dans-le-dos-du-hirak.html
[2] Gilles Munier, « Ahmed Bensaada,
²ténor ² algéro-canadien anti-Hirak ? »,
France-Irak Actualités, 29 Juillet 2020,
http://www.france-irak-actualite.com/2020/07/ahmed-bensaada-tenor-algero-canadien-anti-hirak.html
[3] Mouvement Rachad, Vidéo de
Mourad Dhina, FaceBook, 4 juin 2020,
https://www.facebook.com/watch/?v=724642721622099
18e
minute
[4] Ahmed Bensaada, « Hocine
Bensaada répond à Mourad Dhina »,
AhmedBensaada.com, 6 juin 2020,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=515:2020-06-06-14-48-26&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[5] Mourad Dhina, « Réponse à Ahmed
Ben Bensaada », Rachad, 27 juin 2020,
https://rachad.org/fr/?p=1712
[6] Voir réf. 1
[7] Étienne Verhoeyen,
« L'extrême-droite en Belgique (I) »,
Courrier hebdomadaire du CRISP, 1974/16-17
(n° 642-643), pages 1 à 43,
https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1974-16-page-1.htm?try_download=1#
[8] Taylor & Francis Online, « Jean
Thiriart in Cairo and Bagdad », Patterns
of Prejudice, 3:1, 22-23, (1969),
DOI: 10.1080/0031322X.1969.9968804
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/0031322X.1969.9968804?journalCode=rpop20
[9] Georges Feltin-Tracol, « Jean
Thiriart », Europe Maxima, 5 mars 2017
http://www.europemaxima.com/jean-thiriart-par-georges-feltin-tracol/
[10] Jean Roman, « Des plastiqueurs
tyroliens du Sud auraient été entraînés
en Belgique aux frais de l'O. A. S. ».
Le Monde, 30 janvier 1962,
https://www.lemonde.fr/archives/article/1962/01/30/des-plastiqueurs-tyroliens-du-sud-auraient-ete-entraines-en-belgique-aux-frais-de-l-o-a-s_2353961_1819218.html
[11] Voir réf. 7
[12] Archive EROE, « Hommage à Jean
Thiriart (1922-1992) », 12 Octobre 2014,
http://www.archiveseroe.eu/thiriart-a112820164
[13]
Europa Patria Nostra, « Jean
Thiriart, le Machiavel de la
Nation européenne », 1er mars
2009,
https://europapatrianostra.wordpress.com/2009/03/01/jean-thiriart-le-machiavel-de-la-nation-europeenne/
[14] AMEL TV, « Ferhat Mehenni 1er
sur AMEL TV Présidentielles », YouTube,
25 janvier 2019,
https://www.youtube.com/watch?v=vcZwvHnYx9I
[15] AMEL TV, « Gilles Munier un
homme au parcours impressionnant Partie
2 », YouTube, 9 janvier 2019,
https://www.youtube.com/watch?v=qXbGD6xtWtM
[16] Collectif, « Autopsie d'un déni
d'antisémitisme », Ed.
L'artilleur, Paris (2017),
https://books.google.ca/books?id=fW48DwAAQBAJ
[17] Olivier Bérubé-Sasseville, « Le
groupe Union Défense : la droite
néofasciste à l’université
(1968-1988) », Mémoire de Maîtrise en
Histoire, Université du Québec à
Montréal, Avril 2015, https://archipel.uqam.ca/7624/1/M13845.pdf
[18] James Ciment, « World Terrorism:
An Encyclopedia of Political Violence
from Ancient Times to the Post-9/11 Era »,
Ed. Routledge, Mars 2015, p.234,
https://books.google.ca/books?id=dv8TBwAAQBAJ
[19] Ouafia Kheniche ,
« Polémique Loiseau : "Au début des
années 80, il n’y a pas de syndicat de
droite modérée à l’université" », France
Inter, 23 avril 2019,
https://www.franceinter.fr/politique/polemique-loiseau-au-debut-des-annees-80-il-n-y-a-pas-de-syndicat-de-droite-moderee-a-l-universite
[20] Anne Brigaudeau, « Jeunesse au
GUD, accusations d'antisémitisme,
combines financières : Frédéric
Chatillon, un fidèle toujours dans
l'ombre de Marine Le Pen »,
FranceTVInfos, 31 mars 2017,
https://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/jeunesse-au-gud-accusations-d-antisemitisme-combines-financieres-frederic-chatillon-un-fidele-toujours-dans-l-ombre-de-marine-le-pen_2109402.html
[21] Ibid.
[22] Midi Libre, « Ce "prestataire"
ami de Marine Le Pen qui fait affaire
avec la Syrie… », 11 juillet 2012, https://www.midilibre.fr/2012/07/11/ce-prestataire-ami-de-marine-le-pen-qui-fait-affaire-avec-la-syrie,531978.php
[23] Olivier Faye, Abel Mestre et
Caroline Monnot, « Tracfin, le service
antiblanchiment de Bercy, s'est
interessé à Frédéric Chatillon », Le
Monde, 10 juillet 2012,
https://www.lemonde.fr/politique/article/2012/07/10/tracfin-le-service-antiblanchiment-de-bercy-s-est-interesse-a-frederic-chatillon_5981854_823448.html
[24] Gilles Munier, « L’AFP et la
"désintégration de l’armée syrienne",
objectif des opposants pro-américains »,
INFOSyrie, 31 mai 2011, http://www.infosyrie.fr/re-information/lafp-et-la-desintegration-de-larmee-syrienne-objectif-des-opposants-pro-americains/
[25] Voir réf. 8
[26] Yannick Sauveur, « Thiriart »,
Editions Pardès, 2016, 128 p., p. 74-75
[27] Robert Zaretsky,
« A United Europe Was Once a Racist,
Far-Right Project », Foreign Policy, 7
mars 2017, https://foreignpolicy.com/2017/03/07/european-union-was-once-a-racist-far-right-project-national-front/
[28] Daniel Rickenbacher,
« Extrême-droite et Islamisme : Une
histoire d’amour compliquée », European
Eye on Radicalization, 13 janvier 2019,
https://eeradicalization.com/fr/extreme-droite-et-islamisme-une-histoire-damour-compliquee/
[29] Khawa - Khawa : frères -
frères en dialecte algérien. Slogan
largement utilisé dans le Hirak
[30] Gilles Munier, « Sarkozy
osera-t-il extrader Mourad Dhina vers
l’Algérie ? », France-Irak Actualités,
31 janvier 2012,
http://www.france-irak-actualite.com/article-sarkozy-osera-t-il-extrader-mourad-dhina-vers-l-algerie-98294458.html
[31] Ahmed Bensaada, « Qui sont ces
ténors autoproclamés du Hirak », APIC
Éditions, Alger, 2020
[32] Voir réf. 1
[33] Julie Kebbi, « Johann Bihr,
responsable du bureau Europe de l’Est et
Asie centrale de Reporters sans
frontières, répond aux questions de
« L’OLJ » sur la liberté d’expression en
Turquie », L’Orient-le-jour, 19 juillet
2019,
https://www.lorientlejour.com/article/1179443/-la-turquie-est-la-plus-grande-prison-du-monde-pour-les-journalistes-.html
[34] Marie Moussard, « Turquie et
liberté de presse : d’éternels
incompatibles? », Un article de la série
« la liberté de la presse en Europe en
2020 », Le Taurillon, 16 mai 2020,
https://www.taurillon.org/turquie-et-liberte%CC%81-de-la-presse-d-e%CC%81ternels-incompatibles
[35] Youtube, « Qui est Mourad Dhina? »,
Vidéo mise en ligne le 26 juin 2020,
https://www.youtube.com/watch?v=VaamdLe5gww
[36] DRS : Département du
Renseignement et de la Sécurité (Service
de Renseignements Algérien)
[37] Amar, Ingrachen, « Lahouari
Addi-RCD: la mésalliance », FaceBook, 13
juillet 2020,
https://fr.calameo.com/read/000366846b13032ee8fa7
[38] YouTube, « Ali Belhadj:
La démocratie est "Kofr" », Vidéo mise
21 janvier 2012,
https://www.youtube.com/watch?v=6Atm9z4ER1w
[39] Olfa Lamloum,
« Le FIS n’a jamais participé à la lutte
armée », Confluences Méditerranée 2003/2
(N° 45), pages 25 à 34,
https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2003-2-page-25.htm
[40] Julien Teil, « La Guerre
Humanitaire de la NED et de la FIDH en
Syrie », France-Irak Actualités, 7
Novembre 2011,
http://www.france-irak-actualite.com/article-la-guerre-humanitaire-de-la-ned-et-de-la-fidh-en-syrie-88192945.html
[41] RT news,
« L’instrumentalisation des ONG
syriennes », 28 décembre 2018,
http://www.france-irak-actualite.com/article-l-instrumentalisation-des-ong-syriennes-95229214.html
[42] Al Manar, « Un dirigeant de
l’opposition syrienne taxe le CNS de
"Club de Washington" », 10 octobre 2011,
http://www.france-irak-actualite.com/article-un-dirigeant-de-l-opposition-syrienne-taxe-le-cns-de-club-de-washington-86262618.html
[43] Sputnik, « L’Afrique, et en
particulier l’Algérie, seraient dans le
viseur de l’armée américaine », 6
Décembre 2018,
http://www.france-irak-actualite.com/2018/12/l-afrique-et-en-particulier-l-algerie-seraient-dans-le-viseur-de-l-armee-americaine.html
[44] Mouvement Rachad,
« Documents »,
https://rachad.org/?cat=22
[45] Ahmed Bensaada, « Huit ans
après : la "printanisation" de
l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 Avril
2019,
http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[46] Michael Barker, « Activist
Education at the Albert Einstein
Institution: A Critical Examination of
Elite Cooption of Civil Disobedience »,
Indymedia, 21 juillet 2012,
http://www.indymedia.ie/article/102162
[47] Sfgame Hack, « Gilles
Munier s'attaque au Pr Bensaada et
soutient les mercenaires de RACHAD »,
YouTube, 23 juillet 2020,
https://www.youtube.com/watch?v=BRW8VgGto2k
[48] Voir réf. 26
[49] Marine Turchi, « Activisme et
business : l’engament pro-Assad des
proches de Le Pen », Mediapart, 25
février 2014,
http://ekladata.com/0AZOzwCQtOC5feZ42wknubxghwc/article_337755.pdf
[50] ONU, « Pétrole contre
nourriture : Paul Volcker souligne
l’urgence d’une réforme de l’ONU », 27
octobre 2005,
https://www.un.org/press/fr/2005/IK524.doc.htm
[51] Nile Gardiner, « The Final
Volcker Oil for Food Report: An
Assessment », The Heritage Foundation,
10 novembre 2005,
https://www.heritage.org/report/the-final-volcker-oil-food-report-assessment
[52] Paul A. Volcker Report,
« Manipulations of the Oil-For-Food
programme by the Iraqi Regime », The
United Nations Oil for Food Programme,
27 octobre 2005, https://www.files.ethz.ch/isn/13894/ManipulationReport.pdf
[53] Ibid, pp. 76-77
[54] Ibid, pp. 77-78
[55] Parmi ces personnes, on peut
citer Charles Pasqua (ancien ministre),
Christophe de Margerie (patron de
Total), et deux ambassadeurs de
France.
[56] Gilles Munier, « Affaire
"Pétrole contre nourriture" : procès
d’un montage presque parfait », Geneva
International Centre for Justice (GICJ),
14 mars 2013, https://www.gicj.org/iraq_conference_speeches/Gilles_Munier_Presentation_French.pdf
[57] Gérard Davet et Natalie
Nougayrède, « "Pétrole contre
nourriture" : la disgrâce des réseaux
français », Le Monde, 11 avril 2006, https://www.lemonde.fr/societe/article/2006/04/11/petrole-contre-nourriture-la-disgrace-des-reseaux-francais_760479_3224.html
[58] Ouest-France, « Pétrole contre
nourriture : G. Munier relaxé », 09
juillet 2013,
https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/petrole-contre-nourriture-g-munier-relaxe-719969
[59] Vincent Hugeux, « Ces Français
qui courtisaient Saddam », L’Express, 9
février 2004,https://www.lexpress.fr/actualite/monde/ces-francais-qui-courtisaient-saddam_490827.html
[60] Nicolas Legendre, « Les
mystères de ²l’Irakien-Breton² », Le
Mensuel, Octobre 2009,
http://rsistancedespeuples.blogspot.com/2012/07/gilles-munier-jai-rencontre.html
[61] Tlaxcala, « Gilles Munier »,
http://www.tlaxcala-int.org/biographie.asp?ref_aut=819&lg_pp=fr
[62] Voir réf. 60
[63] Éditions Erick Bonnier, « Zabiba
et le Roi », Juin 2012,
https://www.erickbonnier-editions.com/romans/zabiba-et-le-roi/
[64] Akar Mirèse, « Dans "Zabiba
et le roi", Saddam Hussein fait les
questions et les réponses », L’Orient Le
Jour, 24 février 2003,
https://www.lorientlejour.com/article/440017/Dans_%253C%253C_Zabiba_et_le_roi_%253E%253E_Saddam_Hussein_fait_les_questions__et_les_reponses.html
[65] Voir réf. 60
[66] Ibid.
[67] Ibid.
[68] Algérie Part, « Algérie : Un
gouvernement de salut national et une
présidence collégiale: la proposition de
Mourad Dhina (Rachad) », France-Irak
Actualités, 17 mars 2019,
http://www.france-irak-actualite.com/2019/03/algerie-un-gouvernement-de-salut-national-et-une-presidence-collegiale-la-proposition-de-mourad-dhina-rachad.html
[69] Voir réf. 31
[70] Lahouari Addi,
« Dynamique révolutionnaire et
changement de légitimité en Algérie »,
Le Matin d’Algérie, 14 mars 2019,
https://www.lematindalgerie.com/dynamique-revolutionnaire-et-changement-de-legitimite-en-algerie
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