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Algérie : La fuite en avant du général
Gaïd Salah
Gilles Munier
Mercredi 15 mai 2019
En Algérie, l’élection présidentielle
est toujours fixée au 4 juillet
prochain. Aura-t-elle lieu ?
Curieusement, la date d’un éventuel
second tour n’est pas prévue…
A part le général
Gaïd Salah et ses affidés, personne ne
veut entendre parler d’une élection
présidentielle le 4 juillet. Des maires,
des secrétaires généraux de communes et
des magistrats refusent de participer à
son organisation. Les listes électorales
n’ont d’ailleurs pas été réactualisées.
Une Commission électorale véritablement
indépendante n’a pas été constituée. Les
principaux partis tolérés ne présentent
pas de candidat. Enfin, les millions de
protestataires qui réclament la fin du
régime militaire imposé en 1962 sont
décidés à occuper les rues environnant
les bureaux de vote.
Accusations de
complot
Le 10 mai dernier,
le jeun du mois de Ramadan et la chaleur
n’ont eu aucun effet sur les Algériens
qui manifestent tous les vendredis
depuis le 22 février. Le général Gaïd
Salah, qui misait sur un essoufflement
du Hirak, le soulèvement
populaire, en a été pour ses frais.
L’arrestation de
quelques oligarques corrompus, puis de
Saïd Bouteflika – frère du président
- et des généraux Toufik et Tartag (anciens
chefs du DRS, le service secret)
pour complot, n’a pas calmé la colère de
la rue.
Celle de Louisa Hanoune, cheffe du
Parti des Travailleurs (de
tendance trotskiste dite lambertiste),
inquiète la classe politique qui, comme
elle, a plus ou moins fricoté avec le
régime Bouteflika.
Des leaders
politiques en contact « secret »
avec Saïd Bouteflika pourraient les
rejoindre, comme Saïd Sadi – ancien
président du RCD (Rassemblement pour
la Culture et la Démocratie) - et
Abderrazak Makri (président du
Mouvement de la Société pour la Paix -
MSP). On peut aussi s’attendre, à
mesure que la date du 4 juillet
approchera, à l’arrestation de figures
du Hirak. Qui sait ?
Le général à la
retraite Hocine Benhadid – 75 ans,
malade, ancien commandant de la
prestigieuse 8e Division blindée -
qui a dit, dès 2015 sur Radio M,
avant tout le monde, vers quoi Saïd
Bouteflika et Gaïd Salah
conduisaient l’Algérie, est à
nouveau incarcéré à la prison d’El
Harrach.
Scénario catastrophe
Que se passera-t-il
le 4 juillet, si l’élection
présidentielle tourne au fiasco ? Le 5,
jour de la fête nationale, le général
Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la
Défense et chef d’Etat-major de l’armée,
pourrait combler le vide constitutionnel
en décrétant l’état d’exception (pour
ne pas dire l’état de siège) et
proclamer l’instauration d’une seconde
République algérienne : la sienne.
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