Imaginez une bande d’individus
hurlants, armée de sabres et de
poignards, fondant sur vous ou votre
famille pour vous détrousser, ou pire…
Non, ce ne sont pas des djihadistes de l’Etat
islamique et cela se passe pas au
Proche-Orient ou en Libye, mais au Maroc
: ce ne sont des adeptes du Tcharmil*,
une nouvelle forme de banditisme lancée
par des voyous dopés aux psychotropes
(selon leurs détracteurs).
Le Tcharmil s’est répandu
dans tout le royaume chérifien :
Casablanca, Rabat, Fès, Tanger,
Marrakech, mais aussi Agadir et Al
Hoceima ont été touchées par le
phénomène. Les cibles des
tcharmilistes sont des passants,
des passagers de bus et de trains, des
baigneurs ou mêmes des
joueurs de football.
Le 11 juillet dernier, à Fès, une des
victimes a été grièvement blessée ;
quelques jours plus tard, sur une plage
de Rabat, des estivants qui refusaient
de se laisser dépouiller, se sont
retrouvés à l’hôpital. Deux semaines
plus tard, lors de l’attaque du train
Casablanca-Fès,
les agresseurs ont tenté de violer une
jeune fille.
Ce genre d’attaques dure depuis
quelques années. En dépit des
instructions données par le roi Mohammed
VI pour stopper cette "mode",
le phénomène a pris de l’ampleur.
Dimanche dernier, pour « renforcer
lesentiment de sécurité »
dans le pays et tranquilliser les
touristes étrangers, la DGSN
(Direction générale de la sûreté
nationale) a raflé «
1294 individus impliqués dans des actes
criminels ». Des jeunes, visés en
raison de leur coupe de cheveux
extravagantes, signe de reconnaissance
adopté par certains tcharmilistes,
étaient peut-être dans le lot.
Pas sûr que ces arrestations soient
suffisantes pour impressionner ceux qui
rêvent de chausser des Nike et
de porter des survêtements de grandes
marques sans avoir un dirham en
poche ou, plus prosaïquement, qui
rackettent des touristes ou des
bourgeois marocains pour nourrir leur
famille.
Quand le Tcharmil ne sera
plus à la mode, la mal vie étant
toujours présente, la corruption du
Makhzen toujours criante,
certains tcharmilistes
vieillis, ou passés par la case prison,
seront mûrs pour rallier une
organisation islamique radicale. Signes
qui ne trompent pas : des cellules
dormantes salafistes ont été démantelées
et plus d’un millier de Marocains,
originaires comme eux des quartiers
pauvres des grandes villes, combattent
déjà au sein de l’Etat islamique
ou du Front Al-Nosra.
*Expression en dialecte marocain
tirée du nom de la tcharmila,
une marinade épicée pour viande émincée
avec un grand couteau.
Photo : Jeunes
adeptes du Tcharmil
Vidéo (13’14) :
« Tcharmil, mode ou criminalité ? »
(Scènes filmées de « Tcharmil » à 5’)
Abonnement newsletter:
Quotidienne -
Hebdomadaire
Les avis reproduits dans les textes
contenus sur le site n'engagent que leurs auteurs.
Si un passage hors la loi à échappé à la vigilance
du webmaster merci de le lui signaler.
webmaster@palestine-solidarite.org