En Irak, le 12
mai,
des élections législatives hors
normes
Gilles Munier
Muntadhar
al-Zaïdi, candidat vedette aux élections
législatives du 12 mai
Samedi 5 mai 2018
Les élections
législatives qui vont se dérouler le 12
mai prochain seront-elles plus crédibles
que les précédentes qui étaient de
véritables mascarades ? Il faut
l’espérer, même si des centaines de
milliers d’Irakiens sont toujours
parqués dans des camps ou en exil,
notamment les habitants de Mossoul et
des villages de la province de Ninive.
Selon toute
probabilité, l’Alliance de la
conquête, la liste conduite par Hadi
al-Amiri – leader des Hachd al-Chaabi
- devrait arriver en tête, mais rien ne
dit que Haïdar al-Abadi – l’actuel
Premier ministre, chouchou des
Occidentaux, qui dirige l’Alliance pour
la victoire – ne parvienne à se
maintenir au pouvoir suite à des accords
électoraux avec certains de ses
concurrents chiites ou sunnites. Il
faudrait alors s'attendre à un
pourrissement du régime.
Hadi al-Amiri me
semble être le seul candidat Premier
ministre capable de lutter avec fermeté
contre la corruption qui gangrène l’Irak
depuis 2003. Le retour de Nouri al-Maliki
au pouvoir, autre possibilité, est des
plus improbables. Heureusement, car ce
serait catastrophique pour le pays.
Les "marcheurs"
de Moqtada al-Sadr...
Faute de sondages
crédibles, l’inconnu demeure concernant
les résultats qu’obtiendra La marche
pour les réformes (Sa'iroun), la
liste patronnée par Moqtada al-Sadr,
comprend Istiqama(droiture en
arabe), un regroupement de
technocrates et, à la surprise générale:
le Parti communiste irakien (PCI).
On peut se demander si Raed Fahmi,
son secrétaire général formé en France,
ayant suivi la campagne d'Emmanuel
Macron, n'est pas à l'origine du nom
donné à la liste !
Manifestation du PCI à Bagdad
Un des candidats
vedettes de la liste est Muntadhar al-Zaïdi,
mondialement connu pour avoir lancé ses
chaussures, en 2008, en direction de
George W. Bush (cf vidéo ci-dessous).
Arrêté et torturé, condamné à 3 ans de
prison, mais libéré un an plus tard
grâce à une remise de peine, il se
présente comme candidat anti-corruption.
Désunis depuis la
reconquête de Kirkouk, les Kurdes seront
moins représentés, d’autant que Massoud
Barzani appelle au boycott des élections
dans la province pétrolière, "occupée" -
selon les nationalistes kurdes -
par les troupes gouvernementales et les
Hachd al-Chaabi. Cela devrait
favoriser les Turkmènes - sous
représentés – qui obtiendraient plus
de sièges au Parlement.
Une grâce
exceptionnelle pour Sultan Hachem?
Toujours sous le
coup des ravages causés par la guerre
contre l’Etat islamique(EI) et
incapables de s’entendre, les sunnites
risquent d’être une nouvelle fois les
grands perdants des législatives.
Le Parti Baas
clandestin d’Izzat Ibrahim al-Douri,
désormais dans la coalition
anti-iranienne du prince saoudien MBS, a
également appelé au boycott du scrutin,
et l'EI menacé de mort ceux qui
se rendraient aux urnes.
Sans doute pour
glaner des suffrages parmi les
nostalgiques de l’ancien régime, Salim
Al-Jabouri – président sunnite du
Parlement – a sollicité une
« grâce exceptionnelle », pour
raison de santé, qui permettrait la
libération de Sultan Hachem Ahmad,
mossoulien de 74 ans, ministre de la
Défense sous Saddam Hussein, condamné à
mort en 2007. Le chef kurde Jalal
Talabani, devenu président de la
République, avait refusé de ratifier la
sentence.
En attendant les
résultats des marchandages post
électoraux qui peuvent retarder
l’élection du futur Premier ministre: Wait
and see, diraient les anglo-saxons…
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