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Le 45ème Président... et la Palestine
Maurice Buttin
Mercredi 5 avril 2017
Par Maurice
Buttin, président du CVPR PO
(mars 2017)*
Qui est donc Donald
Trump, le nouveau président des
Etats-Unis, ce richissime homme
d’affaire, commerçant dans l’âme avant
tout ?
Son style politique
représente une rupture brutale par
rapport à celle de ses prédécesseurs. Il
vit et délivre ses décisions, ses
critiques, voire ses oukazes, par son
compte Twiter ! Il exagère, ment sans
vergogne. C’est constamment un show à
distraire ses admirateurs, ses
électeurs. D’où la question, l’homme le
plus puissant du monde est-il surtout un
amuseur ? Ou un égocentrique
incorrigible ?
Certains avaient
pensé - et espéré - que Donald Trump élu
deviendrait tout autre que le candidat
aux multiples bévues (sexisme à l’égard
des femmes, hostilité aux migrants,
menaces sur la liberté de la presse,etc.).
Il n’en est rien, ou presque. Un peu
d’eau dans son vin, certes, mais très
peu. Trump n’a pas trompé son monde ! Il
semble tenir fermement ses promesses.
Et, que sait sur
l’Histoire le nouvel hôte de la
Maison-Blanche ? Nous ne savons pas ce
qu’il va décider ou faire, face à tel ou
tel problème à caractère mondial (accord
climatique - politique internationale
envers l’Iran, la Russie, le
Proche-Orient..). Mais, le sait-il lui
même ? D’aucuns vont jusqu’à penser
qu’il n’est absolument pas qualifié pour
diriger le pays.
Quel est son
entourage ?
Au premier chef,
son gendre Jared Kushner, qui a dirigé
sa campagne. Un juif, homme d’affaire
comme son beau-père, né riche comme
celui-ci. Agé de 36 ans, il est
désormais son principal conseiller. Pour
mon propos, beaucoup plus inquiétant,
Kushner est un ardent sioniste, qui va,
bien sûr, soutenir les plus ardents
sionistes étasuniens, juifs ou chrétiens
sionistes.
N’est-ce pas lui
qui aurait conseillé à Donald Trump de
nommer comme nouvel ambassadeur des
Etats-Unis en Israël, un autre juif
également très riche, l’avocat David
Friedman. « Un fanatique sioniste de
droite, impliqué personnellement dans
une colonie, celle de Beit El (« Maison
de Dieu »), l’une des colonies les plus
à droite de Cisjordanie. Certains le
qualifieraient de fascistes » écrit
Uri Avnery sur le site du Gush Shalom
(1)
Donald Trump et la
Palestine
Plus tôt, dans la
campagne, l’homme du Queens avait
insisté pour dire qu’il serait impartial
dans ses relations avec les Israéliens
et les Palestiniens. Mais élu, il a
rapidement fait volte-face. Deux jours
après son entrée à la Maison-Blanche,
Donald Tromp a eu un échange
téléphonique avec le Premier ministre
israélien, son ami, Benyamin Netanyahou.
Fait édifiant, immédiatement après,
celui-ci a annoncé l’autorisation de
bâtir près de 600 nouveaux édifices, en
Cisjordanie ou Jérusalem-Est, au permis
de construction «gelés » en décembre
jusqu’au 20 janvier, comme par hasard...
Et Netanyahou de
s’écrier ce même jour : « Nous sommes
en face d’une chance formidable pour la
sécurité (bien sûr !) et l’avenir
d’Israël ». Loin, très loin, de la
dénonciation quelques que semaines
auparavant, du « coup anti-israélien
honteux » (ndlr : du président Obama),
lorsque, le 23 décembre 2016, les
Etats-Unis se sont abstenus, lors du
vote de la résolution 2234 du Conseil de
Sécurité des Nations Unies qui a exhorté
Israël « à stopper immédiatement et
complètement toute activité de
colonisation en territoire palestinien
occupé, dont Jérusalem-Est ».
A priori,
désormais, « feu vert » absolu,
encouragement de D. Trump à Israël, pour
de nouvelles constructions sans fin.
Déjà, en trente années le nombre de
colons a été multiplié par trois : 620
000 en 2015, dont 214 000 à
Jérusalem-Est. 190 000 en 1988.
Trump et Nentayahou
se sont rencontrés le 15 février à
Washington. Le Premier ministre
israélien a trouvé un partenaire à la
fois ignorant de la situation et décidé
à adhérer totalement au projet colonial
sioniste. Ainsi, D. Trump n’a cours de
la solution à deux Etats « vivant
côte à côte et en sécurité »,
position traditionnelle des Etats-Unis,
et qui reste celle des Nations Unies
depuis le partage de 1947 : « Deux
Etats, un Etat, si Israël et les
Palestiniens sont contents, je suis
content avec la solution qu’ils
préfèrent. Les deux me conviennent »
! Et d’ajouter tout de même : « Les
Etats-Unis favoriseront la paix et un
véritable accord de paix »,,
mais....sans donner aucune précision.
Seul recul, si l’on
peut dire, un relatif revirement sur le
transfert de l’ambassade étasunienne de
Tel Aviv à Jérusalem, comme annoncé par
Trump avant les élections. « Ce n’est
plus de la priorité des Etats-Unis
», dit-il.
Pour autant, soyons
bien clair, dans un court terme, les
facilités accordées à Netanyahou par son
ami « Donald » créent un état de fait
qui compromet définitivement la solution
à deux Etats – même si le Premier
ministre israélien veut laisser croire
aux Occidentaux qu’il est toujours pour
« deux Etats ». Plus franc, Naftali
Bennet, le ministre israélien de
l’Education (le futur Premier ministre
?) a déclaré : « La victoire de Trump
est une opportunité pour Israël de
retirer l’idée d’un Etat palestinien au
centre du pays, qui nuirait à notre
sécurité et à notre juste cause ».
Ainsi, le
centenaire de la « déclaration Balfour -
2 novembre 1917 - va apparemment marquer
la « disparition » de la Palestine...
avant sa renaissance totale, dans un
seul Etat désormais palestinien, doté de
droits démocratiques égaux pour tous,
dans quelques décades.
(1) Le 21 janvier
2017
* Editorial du
n°64 du Bulletin du Comité de Vigilance
pour une Paix Réelle au Proche-Orient
(CVPR PO)
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