France-Irak
Actualité
Les victimes civiles des bombardements
français,
il faut en parler…
Gilles Munier
Jeudi 3 décembre 2015
Du
sang sur les ailes des chasseurs
occidentaux… Cette fois, ce sont 12
civils dont 5 enfants qui ont été tués à
Raqqa. Faut-il se taire?
L’information selon laquelle un
Rafale français a bombardé l’école
Fatima al-Zahra à Mossoul, le
24 novembre dernier, –
tuant 28 écoliers - est
difficilement vérifiable car aucune ONG
indépendante ne peut se rendre sur
place, mais aussi parce que le ministère
français de la Défense refuse de parler
des victimes civiles de l’Opération
Chammal.
La France frappe Mossoul et
Raqqa
Quelques jours avant la nouvelle du
bombardement de l’école irakienne, le 22
novembre, Jean-Yves Le Drian –
ministre de la Défense – avait
déclaré au
Grand rendez-vous - Europe1-i-Télé-Le
Monde que la France frapperait «
Mossoul [en Irak] où se
trouvent les lieux de décision politique
[de l’EI] et Rakka [en Syrie]
où se trouvent les centres de
formation des “foreign fighters”,
c’est-à-dire les combattants destinés à
agir à l’extérieur ».
Le 25 novembre,
le site du ministère l’a confirmé à
sa manière : « Le mardi 24 novembre
2015 à 19h30 (heure française), les
chasseurs français ont été engagés
au-dessus de l’Irak depuis le
porte-avions Charles-de-Gaulle. Avec des
aéronefs de l’US air force, les quatre
Rafale Marine ont frappé des capacités
de commandement et de formation de Daech.
Le raid conjoint a détruit les cibles
visées à Tall Afar » et, le
lendemain, le quotidien
Le Parisien a pu titrer: «
Irak : des avions français ont bombardé
Daech près de Mossoul».
Dans le communiqué, il n’était nulle
part fait la mention d’objectifs visant
la ville de Mossoul, encore moins de
victimes civiles. Et dans la ville
turkmène de Tall Afar ?
Alors, encore un Hoax ?
La nouvelle du bombardement de
l’école irakienne a pour origine le
quotidien londonien en langue arabe
Al-Quds al-Arabi qui citait une
dépêche de l’agence
Deutsche Presse-Agentur (dpa),
reprise aussitôt en anglais par le
parlementaire britannique
George Gallloway sur son compte
Twitter.
Selon
Middle East Eyes (MEE),
l’agence dpa a démenti avoir
diffusé la nouvelle. Son origine serait
la radio Deustche Welle en
arabe (la RFI allemande). MEE
ajoute pour finir qu’un habitant de
Mossoul - refusant de donner son
identité (pour des raisons de
sécurité) - l’a également démentie.
Le 26 novembre, cette fois à
Raqqa : 12 civils tués dont cinq
enfants…
Le 26 novembre, Raqqa a été touchée
par des raids aériens et là encore des
enfants ont été tués. C’est du moins ce
qu’a affirmé
Le Figaro.fr sur la base
d’informations transmises cette fois par
l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme (OSDH), ONG
syro-londonienne anti-Bachar al-Assad.
Rami Abdel Rahmane, son directeur, a
signalé que les environs d’une école
avait été visés, tout en précisant ne
pas être en mesure d’indiquer la
nationalité des bombardiers. Alors,
encore d’un Hoax ?
Qui tue qui ?
Rendant compte des activités de
Chammal le 26 novembre, le
site du ministère de la Défense
français n’est pas entré dans le détail
des bombardements sur Raqqa. Tout ce
qu’on a eu le droit d’apprendre, c’est :
« la coalition continue d’affaiblir
les structures de commandement, de
formation et de financement de Daech».
Les avions de la coalition anti-Etat
islamique chassant en bande
organisée, il est quasi impossible de
savoir « qui tue qui ? »
lorsque des civils sont tués, notamment
des enfants. Est-ce une raison pour se
taire ?
Si la mort des 28 écoliers irakiens
est une fausse nouvelle : tant mieux
! Mais qu’en est-il des civils
morts à Raqqa ?
Qu’on ne nous fasse pas croire que
les bombardements ne tuent que des
djihadistes. En Grande-Bretagne, les
Britanniques manifestent contre les
bombardements occidentaux en Irak et en
Syrie, contre-productifs et criminels.
En France, il serait peut-être temps d’y
penser.
Photo : Raqqa
bombardée
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