L'actualité du
droit
Hollande prépare le grand enfumage
pour 2017
Gilles Devers
Photo:
D.R.
Mardi 25 août 2015
« Face au mal
qui est là, qui s'appelle le terrorisme,
il y a le bien, celui de l'humanité.
C'est celui que vous incarnez ». Le mal
contre le bien, choisissez votre camp,
et si vous n’êtes pas avec moi, vous
êtes alliés des terroristes... C’est la
vieille musique de Georges W. Bush, mais
c’était hier
le discours de Hollande lors de la
remise de Légion d’honneur aux quatre
courageuses personnes intervenues sur le
Thalys.
- Ah bon ?
-
Oui, je t’assure !
Quelques
heures plus tôt, le Sinistre des
transports, un dénommé
Alain Vidalies, avait doctement
expliqué à la radio qu’il fallait faire
des contrôles discriminatoires pour être
efficace. Bref, comme les zarabes nous
menacent, et bien contrôlons les zarabes
! La politique du Sinistre inoculée par
l’esprit du
repris de justice, Éric Zemmour…
- Ah bon ?
-
Oui, je t’assure !
Voilà où nous
en sommes, et ces événements ne doivent
rien au hasard.
Hollande veut
être réélu en 2017, et c’est à portée de
main. Ceux qui imaginent qu’il est
out du fait du chômage ou parce
qu’il plafonne dans les sondages, sont
bien à côté de la plaque. Je ne parle
pas du résultat, mais de la méthode qui
sera utilisée.
À
Gauche
À gauche,
c’est très simple : Hollande s’occupe à
câliner les gentils, et diviser les
autres. Ainsi, le microscopique parti
des
Radicaux de gauche est soigné comme
un prince aux élections régionales, et
lors du prochain remaniement, ce sera
l’éclatement d’Europe Ecologie-Les Verts
avec des ministres verts qui obtiendront
leurs hochets :
François de Rugy, Barbara Pompili et
Jean-Vincent Placé,
trois superbes serveurs de soupe.
Pour le
reste, c’est assez clair. Le Parti
communiste roule sur la jante,
décrédibilisé par ses alliances locales
avec le PS. Mélenchonne traite
les Verts de sectaires, alors qu’aux
régionales, il y aura des listes d'union
entre le Parti de gauche et les Verts
dans une région sur deux. Bref c’est la
grande débandade.
Duflot et Mélenchonne seront tous
les deux candidats à la présidentielle,
avec comme perspective des scores à
moins de 10. Tout bénef pour Hollande.
Aussi
Hollande peut se dire que tout est
d’ores et déjà calé à Gauche : il sera
le seul candidat présentable, et il est
assuré de sortir en tête au premier
tour. Il restera ensuite à culpabiliser
les électeurs sur le thème du vote
utile, et là, il y a du métier… et des
postes à promettre aux gentilles filles
et aux gentils garçons qui feront le
choix judicieux de relayer de la bonne
parole.
À
Droite
A Droite, la
principale inquiétude de Hollande est le
score du Front National, qu'il souhaite
le plus élevé possible. Les bisbilles de
la famille Le Pen ne sont pas une bonne
nouvelle. Vous observerez d’ailleurs à
quel point les leaders du PS sont
discrets sur les
difficultés actuelles du Front National…
Hollande va
veiller à renforcer le Front National,
en validant ses thèses. Hier matin, il
reprenait la thématique de Bush sur la
société clivée entre le bien et le mal,
et son Sinistre des transports
revendiquait les contrôles au faciès.
- Comme Le
Pen?
- Oui, comme
le Pen.
Dans le même
temps, il fera les provocations
nécessaires pour gonfler le FN, et bien
entendu nous aurons droit au énième
retour du vote des immigrés. Surtout, et
de manière très pragmatique, on voit que
c’est le service minimum pour empêcher
des gros scores, et peut-être des
victoires du FN aux régionales. En temps
ordinaires, tout serait fait pour
bloquer les listes EELV-Parti de Gauche
qui vont affaiblir le PS. Non, l’idéal
pour Hollande serait une
victoire de Marine Le Pen dans la
région Nord (qui de plus rétamerait
l’influence de Martine Aubry, bon
débarras). Soyons réalistes : il fera
tout pour que le FN puisse se retrouver
aux alentours de 25 %, ce qui est très
réaliste vu les scores actuels des
candidats de ce parti.
Pour
Hollande, c’est l’hypothèse de rêve
parce qu’il ne reste plus alors que 25 %
pour les autres candidats de Droite. Et
même si ça déborde un peu, ce n’est pas
un problème car il y aura plusieurs
candidats pour se partager ces 25-30%.
La campagne des primaires va être rude
et laissera des traces. Le jeu sera de
veiller à ce que les deux candidats se
neutralisent. Qui peut croire que
Sarkozy est prêt à renoncer, et à jouer
le jouer le jeu
s’il perd les primaires? Et même si
Juppé devait renoncer, c’est Bayrou qui
se présenterait, et qui viendrait
disputer ce précieux score de la droite
non-FN.
Alors ?
Au final,
Hollande préférait se retrouver face à
Marine Le Pen, car sa réélection serait
plus facile, et il fera tout pour
parvenir à ce résultat. Si c’est un
non-FN, ce sera un peu plus délicat. En
tout cas, ce sera une campagne minimale,
genre le pépère de la continuité, plus
conservateur que jamais, avec comme
thème : « Vous ne m’aimez pas, je le
sais, mais vous n’avez pas le choix.
Vive la démocratie »
En tout cas,
Hollande n’a pas besoin de chercher un
local de campagne. Ce local, c’est le
Palais de l’Élysée, et ça, on l’a bien
compris.
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