L'actualité du
droit
Alep : Juste une question au
gouvernement français
Gilles Devers
Lundi 8 août 2016
Je
vais bien me garder d’une analyse de ce
qui se passe à Alep, vu la difficulté à
disposer d’informations fiables sur un
tel théâtre de guerre, où la
désinformation est une arme.
Ceci
dit. Tous les jours, on nous parle d’une
ville assiégée par les troupes du
régime. Or, les trois quarts de la ville
sont restés loyaux au régime et l’armée
nationale conduit les opérations
militaires contre la zone contrôlée par
des rebelles, soit l’Est de la ville, et
les voies de communication pour les
troupes, les armes et le ravitaillement.
Donc ce n'est pas la ville qui
est assiégée par l'armée, mais la zone
passée sous le contrôle armée des
rebelles. Avec cette donnée de fait, je
n’ouvre aucun débat mais je cadre ma
question.
La
France s’est déclarée « en guerre contre
le terrorisme », ce qui suppose
d’identifier avec précision les
terroristes, et on a pu voir ces
derniers mois qu’il n’était pas besoin
d’être un soldat enrôlé pour être
gratifié de la qualification. À tort ou
à raison, nous en reparlerons, mais j’en
viens à Alep.
La-bas,
le gouvernement français s’affiche pour
obtenir le départ d’el-Assad, et il
soutient donc l’action des rebelles,
qu’il souhaite voir accéder au pouvoir
et qui pour le moment maintiennent une
résistance armée à Alep, avec l’ « Armée
Syrienne Libre ».
Or,
toutes les informations qui circulent
nous expliquent que cette Armée Syrienne
libre est en recul, épuisée, et que les
véritables fers de lance de la bataille
armée sont le groupe Ahrar Al-Sham et le
Front Fatah Al-Sham.
Alors,
qui dans cette terrible bataille
d’Alep ?
D’un
côté, l’armée nationale. Vous n’aimez
pas le chef de l’Etat, oki, mais les
combattants, c’est l’armée régulière, et
le gouvernement a appelé à la rescousse
les Russes et les Iraniens, dans le
cadre des accords de coopération
militaire.
De
l’autre ?
D’abord
Ahrar Al-Sham, qui est un
puissant groupe salafiste syrien,
dopé par les Saoudiens, qui
dépense beaucoup d’argent pour
tenter de vendre ses mérites dans
l’opinion.
Ensuite, le
Front Fatah Al-Sham, le nouveau nom
que le Front Al-Nosra, affilié à
Al-Qaida s’est donné fin juillet. Je
rappelle que le Front Al-Nosra avait
approuvé les attentats du 13 novembre
2015 à Paris. Le changement
d’appellation, c’est une petite ruse
faite
en accord avec les dirigeants d'Al-Qaida,
parce que le groupe a vu qu’il allait
devenir leader du fait de
l’affaiblissement de l’Armée syrienne
libre, et a voulu faire croire aux
idiots qu’il n’avait plus de liens avec
Al Qaïda.
En
résumé, d’un côté l’armée régulière, de
l’autre un groupe armé salafiste et une
filiale d’Al Qaïda.
Ma
question est donc la suivante : dans la
mesure où il faut savoir nommer les
terroristes, comment le gouvernement
français qualifie-t-il le groupe Ahrar
Al-Sham et le Front Fatah Al-Sham, qui
combattent l’armée régulière syrienne ?
Bref,
à Alep, le terroriste, c’est Al-Qaida ou
El-Assad ? Vu qu’on est en « guerre
contre le terrorisme », il faudrait
savoir.
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