L'actualité du
droit
Nicolas Hulot est remonté dans son
arbre à euros
Gilles Devers
Vendredi 5 février 2016
Après le sketch de
l’icône, voici celui du pur et dur
militant écolo
Nicolas Hulot… L’homme moderne de
l’écologie moderne a failli être
ministre moderne de la République
moderne… Un faux suspense de 24 heures
qui a mis la presse en ébullition,...
pour rien. Mais aussitôt la presse s’est
autorisée à penser que peut-être le
génial Nicolas Hulot avait renoncé à
être ministre parce qu’il se prépare à
être
candidat à la présidence de la
République… Quelle plaisanterie ! Le
pape du gel douche veut faire
embellir sa cote médiatique, mais de là
à prendre le moindre risque politique…
Ce type ne s'est jamais trouvé sur le
terrain pour s’opposer à l’État et aux
puissants groupes industriels et
financiers. Son truc, c'est de faire du
business, et je ne saurais lui
reprocher. En revanche qu'il soit perçu
comme un leader politique montre que
nous avons perdu tout sens de ce qu’est
la politique.
Tout a démarré en 1987 par
l'émission de TF1, « Ushuaïa ». Cette
marque appartient à TF1, qui en a cédé
la licence d’exploitation à plusieurs
entreprises, dont L’Oréal, pour son
super gel douche. Pour TF1 et
L’Oréal, « Ushuaïa », c’est de l’or en
barre. Pour l’acrobate Hulot aussi, car
s’ajoutaient à son salaire de
33.000 € par mois, les royalties
versées à la société Eole Conseil, dont
il possède 498 des 500 parts : en 2011,
un chiffre d’affaires 787.302 €, et un
bénéfice de 393.039 €. Pas mal pour
une société qui en réalité cache un
patrimoine personnel dès lors qu’elle
est détenue à 99 % par la même personne.
Cette année-là, Hulot s’était attribué
un dividende de 41.000 €, réinvestissant
351.729 € dans la société, confortant
ses affaires. C’est la loi du business
et cela ne me choque pas, mais de là
à en faire l’épure du militant écolo, il
y a une sérieuse rigolade.
Depuis, le camarade acrobate a
blindé ses affaires avec une fondation.
Une fondation, c’est parfaitement moral,
alors ne nous privons de rien.
On commence par le conseil
d’administration et le « Collège
des fondateurs ». Et là,
extraordinaire surprise, qui
retrouve-t-on ? La triplette qui s’est
faite des couilles en or depuis 1987
avec« Ushuaïa » :
- Nicolas Hulot, Président
fondateur de la Fondation,
- L’Oréal, représenté par
Alexandra Palt, Directrice
Responsabilité Sociétale et
Environnementale,
- TF1, représenté par
Elisabeth Durand, Directrice de
l’Antenne.
Depuis, cette haute instance
morale a admis en son sein un héros des
luttes d’écologistes, Veolia
Environnement, nouvelle étiquette de la
Générale des Eaux, qui était le grand
financeur occulte de la vie politique.
Si vous avez encore un doute,
je peux poursuivre avec le
Collège des amis de la Fondation :
l’Agence de l’Environnement et de la
maîtrise de l’énergie, Akuo Foundation,
Avril, Caisse des Dépôts, Carrefour,
EDF, Fondation Bouygues Telecom,
Fondation Daniel et Nina Carasso,
L'Oréal, La Poste, Lesieur, RTE, SNCF,
Veolia et Vivendi. Autant de grands
noms des combats écologiques.
Le plus drôle, c’est évidemment
EDF et RTE, les deux magnats de
l’énergie nucléaire, une noble valeur de
l'écologie.
Viennent ensuite deux
structures d’État, la Caisse des Dépôts
et Consignations, la mamy de tous les
financements sur commande, et l’ADEME,
ce qui montre que la fondation est un
rouage du pouvoir.
Suit la SNCF, qui veille au
grain pour le surinvestissement dans les
TGV non rentables.
À mourir de rire, Veolia (voir plus
haut) se retrouve en compagnie de
Vivendi (ex Compagnie Générale des
Eaux, maison mère de Canal+) et Bouygues,
de grands groupes
financeurs de la vie politique.
Encore plus rigolo, la présence
du
groupe Avril, une référence de
l’agriculture productiviste dirigé par
Xavier Beulin, qui est par ailleurs
président de la FNSEA.
À côté du fric, il y a les
idées, via le génial think-tank
de la Fondation, où l'on retrouve les
financeurs L’Oréal, TF1, EDF, RTE et
SNCF... et Vinci, le groupe qui se gave
sur les péages d’autoroutes, et
auquel l’État a confié la réalisation de
l’aéroport de Notre-Dame des Landes.
Hulot est un excellent
businessman, mais de là à en faire un
écolo, laissez-moi rire. Ceci dit, s’il
trouve cet incroyable espace politique,
c’est parce que les écolos sont dans la
mouise totale, incapables d’établir un
projet politique cohérent, prêts à tout
lâcher pour des portefeuilles en CDD ou
des investitures aux législatives.
De tout coté, on constate que
le pouvoir est à ramasser.
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