Tendances
de l'Orient
Assassinat de
Chatah:
Le 14-Mars veut réaliser les objectifs
des tueurs
Ghaleb Kandil
Photo:
D.R.
Lundi 30 décembre 2013
L'assassinat de l'ancien ministre
Mohammad Chatah s'inscrit dans le cadre
d'une série de tentatives visant à
provoquer la discorde interne et un
embrasement général de la situation au
Liban, à travers les rounds
d'affrontements à Tripoli, les attaques
suicides et explosions de voitures
piégées itinérantes et les assassinats.
Ces activités criminelles et terroristes
sont l'œuvre des groupes takfiristes et
le fruit d'efforts combinés
israélo-saoudiens, destinés à pousser le
Liban dans un immense incendie. La
première conséquence de l'assassinat est
l'exacerbation des tensions sectaires
dans le pays, plus particulièrement à
Tripoli, la ville natale du défunt.
Toutes les tentatives précédentes de
faire monter la tension, par le biais
des attentats et des autres crimes, dans
la banlieue sud de Beyrouth et à
Tripoli, n'avaient pas conduit au point
de rupture. Les premières informations
montrant l'implication des terroristes
de Fatah al-Islam dans l'assassinat de
Chatah n'ont pas mis un terme aux
accusations toutes prêtes, lancées avant
même le début de l'enquête. Le plus
grave c'est que le 14-Mars a rapidement
saisi les objectifs politiques de
l'assassinat, qui vise, avant tout, à
creuser le fossé politique dans le pays.
Cette coalition s'est donc empressée de
torpiller toute tentative de former un
gouvernement d'union nationale, seul
capable de jouer le rôle de soupape de
sécurité, et a misé sur l'exploitation
politique du sang de Mohammad Chatah
pour pousser à la confrontation dans un
pays sans gouvernement, au seuil d'une
élection présidentielle qui s'annonce
difficile. En agissant ainsi, le 14-Mars
ne fait qu'exécuter les ordres de son
parrain régional, l'Arabie saoudite, qui
a saboté, ces huit derniers mois, tous
les efforts pour la formation d'un
nouveau gouvernement. Le 14-Mars a
haussé la barre de ses conditions en
exigeant non seulement un gouvernement
sans le Hezbollah, un des principaux
acteurs politiques et populaires du
pays, mais en réclamant que les
portefeuilles de sécurité lui soient
confiés, comme l'a affirmé, samedi, son
secrétaire général Farès Souhaid. Les
déclarations des anciens Premiers
ministres Saad Hariri et Fouad Siniora
et du chef des Forces libanaises, Samir
Geagea, immédiatement après
l'assassinat, expriment une volonté
manifeste de provoquer une explosion
politique totale dans le pays, soit en
accusant le Hezbollah du crime, soit en
appelant à la formation d'un
gouvernement du 14-Mars. La décision
saoudienne de pousser la situation vers
l'explosion est claire dans le ton des
communiqués de Saad Hariri et du
14-Mars. La question qui se pose est
celle de savoir quelles seront les
prochaines mesures d'escalade que va
prendre le 14-Mars, après qu'il eut
placé le Liban au bord du gouffre.
L'attitude de ce camp politique ne prend
aucunement en compte l'intérêt national,
qui devrait être une conjugaison des
efforts pour faire face aux cellules
takfiriste-terroristes implantées dans
le pays. Au lieu de cela, le 14-Mars
s'emploie à garantir un climat favorable
à ces groupes extrémistes, dont la
première cible est l'Armée libanaise.
Les assassins de Mohammad Chatah ont
voulu faire de leur crime l'étincelle
qui va plonger le Liban dans une grave
crise, et les prises de position des
chefs du 14-Mars contribuent à exacerber
les tensions, sans se soucier des
répercussions de leurs agissements sur
la stabilité et la sécurité du pays.
Pour eux, le Liban doit uniquement
servir d'arène, où l'Arabie saoudite
tentera de compenser ses déceptions et
ses défaites en Syrie. Ils pensent que
le pays du cèdre ne peut être qu'un lot
de consolation pour le royaume
wahhabite, encerclé par les crises, et
qui voit son influence se réduire, même
dans sa chasse-gardée du Golfe.
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