Tendances
de l'Orient
La couverture du
terrorisme:
du déni aux justifications
Ghaleb Kandil
Lundi 25 novembre 2013
Les groupes affiliés à Al-Qaïda sont
apparus au Liban il y a un quart de
siècle, sous divers noms. Il y a 22
mois, le ministre libanais de la
Défense, Fayez Ghosn, a lancé une mise
en garde contre le danger de la présence
de cette organisation au Liban. Il
faisait allusion au cocktail des
groupuscules terroristes, qui s'étaient
implantés dans certaines régions en
bénéficiant d'une couverture politique
locale assurée par cheikh Saad Hariri,
son parti et ses alliés, dans le cadre
du plan de guerre contre la Syrie.
L'existence d'Al-Qaïda est désormais une
évidence indiscutable, même pour les
politiciens qui ont bombardé le ministre Ghosn de critiques et lancé contre lui
une virulente campagne d'intimidation,
assurant de la sorte une couverture à la
poursuite des activités des groupes
takfiristes-terroristes dans leurs fiefs
du Liban-Nord, de la Békaa, d'autres
régions libanaises, ainsi que dans des
camps palestiniens.
Quels que soient les noms qu'ils portent
-Le Front al-Nosra, les Brigades
Abdallah Azzam, Jund al-Cham, l'Etat
islamique en Irak et au Levant, et
autres mouvements évoluant sous la
bannière de ladite Armée syrienne libre-
ces groupes ont transporté leur
terrorisme au Liban. En Syrie, cette
mouvance est confrontée à de sérieuses
difficultés après le rejet de la
population, l'avancée de l'Armée arabe
syrienne et leurs guerres intestines. Au
Liban, ces groupuscules ont pris pour
cible l'Armée libanaise à plus d'une
reprise et constituent un danger pour
tous les Libanais sans exception. Un
retour sur les atrocités qu'ils ont
commise en Syrie -décapitations,
cannibalisme, exécutions sommaires,
viols, rapt de civils et d'hommes de
religion musulmans et chrétiens,
assassinats de grands ulémas, comme
cheikh Mohammad Saïd Ramadan al-Bouti-
est suffisant pour se faire une idée de
leur nature criminelle et de leur
pensée, basée sur l'extermination de
tous ceux qui ne leur ressemblent pas.
Le 14-Mars a offert une protection aux
repaires des terroristes dans le cadre
de son rôle dans l'exécution du plan
saoudo-américain, Aujourd'hui, cette
coalition tente de se dérober à sa
responsabilité dans l'apparition et le
développement du fléau d'Al-Qaïda, en
ressassant des déclarations sur le rôle
du Hezbollah en Syrie. Pourtant, la
présence du terrorisme au Liban, grâce à
la bienveillance du Courant du futur,
est antérieure à la participation du
Hezbollah aux combats en Syrie contre
les groupes extrémistes qui menacent le
tissu social libanais. Les arguments
soulevés par le 14-Mars représentent une
couverture supplémentaire à Al-Qaïda qui
rendra plus difficile et plus coûteuse
la lutte contre cette organisation
terroriste.
Le discours du "haririsme" au Liban est
une justification des actes terroristes,
même s'il est présenté sous la forme
d'une condamnation des attentats. Car
entre les mots de dénonciation est
exprimée une compréhension des
motivations des assassins, dans le but
de mobiliser une partie des Libanais sur
une base sectaire et de les transformer
en terrain fertile aux idées
extrémistes. La lutte contre le
terrorisme nécessite une prise de
position ferme et stricte, sans
ambigüité, afin de barrer la voie au
travail de recrutement et
d'endoctrinement des jeunes. Le fait que
l'un des kamikazes contre l'ambassade
d'Iran à Beyrouth soit un Libanais de la
ville de Saïda, proche du cheikh
extrémiste Ahmad al-Assir, lequel était
sponsorisé et couvert politiquement par
Hariri, montre les dégâts que peut
provoquer le discours à double standard
du Courant du futur.
La politique de boycottage de l'Etat
syrien par de hauts responsables
officiels libanais est non moins grave
que les discours du 14-Mars et du
Courant du futur. Cette attitude
destructrice assure aussi une couverture
et une protection au terrorisme. Ces
responsables se sont réfugiés depuis le
début de la crise en Syrie derrière la
politique de distanciation, tout en
fermant les yeux sur les chambres
d'opération installées par le 14-Mars au
Liban pour coordonner l'action des
extrémistes en Syrie, sans parler de
l'implication des médias proches de ce
camp politique dans la guerre contre
l'Etat syrien. Ces dirigeants officiels
ont fermé les yeux sur la contrebande
d'armes à destination de la Syrie, sur
le saisie de navires bourrés d'arsenaux,
sur l'importation de terroristes du
monde entier pour les envoyer détruire
la Syrie et tuer son peuple via le
Liban.
Les prises de positions de certains
hauts responsables libanais constituent
désormais un danger pour le Liban, que
le Hezbollah tente de protéger de la
menace du terrorisme d'Al-Qaïda, en le
combattant directement sur le terrain
syrien. L'imminence du danger aurait
pourtant nécessité de ces dirigeants
officiels un appel à la mobilisation
générale pour assurer une couverture à
l'Armée libanaise et la mettre à l'abri
du chantage dont elle est victime de la
part d'une certaine classe de
politiciens, afin de lui permettre de
démanteler les sanctuaires terroristes
mis en place par le "haririsme".
La lutte contre le terrorisme est
devenue une des principales
préoccupations de nombreux Etats
européens, qui œuvrent au rétablissement
d'une coopération avec l'Etat syrien.
C'est le cas notamment de l'Allemagne,
de l'Italie, de l'Espagne et de la
France, des pays loin de plusieurs
milliers de kilomètres, alors que le
voisin libanais de la Syrie, exposé aux
pires dangers, reste engagé à la
décision saoudo-américaine de rompre
tout contact avec Damas.
Il est temps que cette plaisanterie de
mauvais goût se termine car la vie des
gens et le sort du Liban sont en jeu.
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