Tendances
de l'Orient
L'Occident
reviendra inévitablement au bercail
syrien
Ghaleb Kandil
Lundi 9 décembre 2013
Les ministres français et belge de
l'Intérieur, Manuel Valls et Joelle
Milquet, ont mis en garde, vendredi 6
décembre à Bruxelles, contre le nombre
de plus en plus élevés d'Européens qui
se rendent en Syrie pour combattre dans
les rangs de groupes affiliés à
Al-Qaïda. Ils ont estimé que ces jeunes
constituent une menace pour les pays de
l'Union européenne et leurs alliés
américains, canadiens et australiens.
Selon les informations fournies par les
deux ministres, entre 1500 et 2000
Européens se sont rendus en Syrie, alors
qu'en juin dernier ils étaient 600.
Mme Milquet a indiqué que 100 à 150 Belges
évoluent dans les rangs de groupes
extrémistes. Manuel Valls a parlé de
plus de 400 Français qui sont passés par
la Syrie, où combattent actuellement 184
de ses concitoyens. Les autres sont
revenus en France, où les services de
sécurité les traquent. Le ministre a
précisé que 14 Français sont morts en
combattant en Syrie et une centaine
tentent actuellement de gagner ce pays.
Commentant les facilités accordées par
les gouvernements des pays de l'UE aux
terroristes européens se rendant en
Syrie, Manuel Valls a déclaré: "Lorsque
le conflit a éclaté en Syrie, il n'était
pas aisé d'agir, car il s'agissait de
combattre un régime décrié par tous (en
réalité, un régime ciblé par tous les
Etats de l'Otan, Israël, les pays du
Golfe et la Turquie, des agents de
l'Occident), ce qui rendait les
critiques difficiles. Les prérogatives
du ministre de l'Intérieur se limitaient
à critiquer les facilités accordées aux
combattants envoyés en Syrie et non pas
de prendre des mesures contre eux. La
situation aujourd'hui a changé et la
plupart de ces combattants ont exprimé
leur intention de rejoindre les rangs
d'organisations proches d'Al-Qaïda".
La situation a certainement changé en
Syrie et ce que le ministre n'a pas dit,
c'est que l'agression contre la Syrie a
échoué. Et les terroristes mobilisés par
l'Occident pour détruire l'Etat syrien
n'ont pas réussi à battre l'armée et
l'Etat syriens. Aujourd'hui, le danger
est grand de voir ces terroristes
retourner en Europe, pour créer des
réseaux d'Al-Qaïda, après avoir acquis
l'expérience nécessaire sur le terrain
syrien. Ces terroristes sont soutenus
par l'Arabie saoudite, l'allié de la
France et le client de son président
dans des contrats d'armement alléchants.
François Hollande et ses ministres
doivent assumer la responsabilité de
chaque goutte de sang français qui sera
versé par les terroristes de retour en
France après leur défaite en Syrie.
Manuel Valls a tenté de minimiser le
danger que représente ce nouveau
terrorisme, soutenu, armé et couvert
politiquement par l'Otan. Il a notamment
déclaré: "Aujourd'hui, nous ne notons
pas un danger direct ou imminent pour
nos deux pays et pour nos intérêts.
Malgré cela, nous ne devons pas prendre
à la légère cette question, car les
groupes islamistes combattants se sont
renforcés et sont devenus dangereux".
Le plus important dans tout cela c'est
que la France et la Belgique s'emploient
à coordonner les opérations à
l'intérieur de l'Union européenne pour
mettre sur pied une structure commune
dédiée à la surveillance et la traque
des terroristes rentrés de Syrie. Les
deux ministres ont tenu trois réunions
avec leurs homologues britannique,
allemand, hollandais, espagnol, italien,
suédois et danois.
Pourquoi est-ce la France qui a pris en
charge cette coordination? La question
se pose tout naturellement. La réponse
est que le danger des terroristes
rentrés de Syrie nécessite une
coordination étroite avec les autorités
syriennes dans le domaine des échanges
d'informations et de renseignements. Les
volontaires occidentaux pour soutenir
les "révolutionnaires de l'Otan"
évoluent dans des structures nouvelles
et organisées, que seul l'Etat syrien
connait pour les avoir combattu ces
trois dernières années. Et vu que la
France est le pays le plus hostile et
extrémiste dans l'alliance
anti-syrienne, il est nécessaire de
l'aider à rétablir le contact avec
l'Etat national syrien, sous le prétexte
de la coordination dans la lutte contre
le terrorisme. Ce processus se déroule
avec la bénédiction des Etats-Unis, dont
le ministre de l'Intérieur a assisté à
la réunion élargie de Bruxelles, en
présence de représentants du Canada et
d'Australie, qui a précédé la rencontre
des ministres européens de l'Intérieur.
Ce qui donne l'impression que la menace
du terrorisme touche tous les pays
occidentaux qui ont participé à
l'agression contre la Syrie.
Ce n'est plus un secret que de nombreux
responsables européens de la lutte
anti-terroriste, notamment allemands,
sont allés à Damas pour examiner les
moyens de coordonner avec les autorités
syriennes l'action contre les
terroristes. L'Etat syrien a fixé un
cadre politique bien défini pour étudier
les demandes occidentales. Celui-ci
passe par le démantèlement de l'alliance
hostile à la Syrie et de la prise de
positions claire. Tel est l'obstacle
auquel se heurte François Hollande, qui
a transformé le gouvernement français en
mercenaire travaillant pour le compte de
Bandar Ben Sultan. Voilà pourquoi les
Etats-Unis tentent de couvrir le
retournement de la France en lui
confiant un mandat atlantiste pour
coordonner les efforts occidentaux de
lutte contre le terrorisme.
La France a pris la tête de la campagne
de mensonges sur la présence de modérés
parmi les terroristes actifs sur le sol
syrien, a dépensé de l'argent saoudien
et a organisé des transactions d'armes
financées par les Saoudiens et les
Qataris. Ces armes sont aujourd'hui aux
mains des diverses branches d'Al-Qaïda.
La France se trouve maintenant
confrontée à l'heure de vérité: elle
doit régler les factures des mensonges
qu'elle a véhiculées pour couvrir son
partenariat avec Bandar, les deux Hamad
et Erdogan, dans une guerre qui s'est
soldée par l'apparition d'une nouvelle
génération d'Al-Qaïda, dont les méfaits
ne resteront pas confinés au seul
territoire syrien.
L'Occident tout entier se trouve à la
veille d'une nouvelle ère, où il
mendiera les faveurs du
président-résistant Bachar al-Assad, le
seul capable de fournir des trésors des
renseignements pour la lutte contre le
terrorisme. Mais cela passe par un prix
politique: la fin du soutien à
l'agression contre la Syrie.
Celui qui a versé le poison devra
l'ingurgiter... telle est la malédiction
syrienne.
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