Tendances
de l'Orient
Pourquoi la France
aurait été choisie comme coordinatrice
des opérations de l'UE contre les
terroristes revenant de Syrie ?
Ghaleb Kandil
Vendredi 6 décembre 2013
D’aucuns affirment que la Syrie vivrait
le dernier quart d’heure d’une agression
quasi-universelle, une sale guerre qui a
dépassé toutes les horreurs sans jamais
dire son nom. Cette agression a échoué,
ce qui ne saurait être reconnu comme une
victoire. Ceci, parce que les agresseurs
ont lâché des monstres qui leur ont
échappé et qui risquent de les menacer à
leur tour. La Syrie doit les vaincre
pour son salut et le leur. Mais cela,
les agresseurs ne le reconnaitront pas
non plus !? [NdT].
Le 5 décembre 2013, le ministre français
de l’Intérieur M. Manuel Valls et son
homologue belge Mme Joëlle Milquet -
réunis à Bruxelles - ont mis en garde
contre le nombre croissant de jeunes
Européens qui se rendent en Syrie pour
combattre dans les rangs de groupes
affiliés à l’organisation d’al-Qaïda, et
qui constituent un « potentiel
dangereux » pour les pays de l’Union
européenne et de leurs alliés
états-uniens, canadiens et australiens !
Premièrement :
Lors de leur déclaration commune [1],
Mme Milquet a fait savoir que le nombre
de jeunes Européens partis combattre en
Syrie était estimé à « plus
ou moins 1500 à 2000 » - contre 600
en Juin dernier - et qu’en ce qui
concerne la Belgique, ce chiffre
oscillait toujours « entre
100 à 150, avec des mouvements ! ».
Quant à la France, M. Valls a déclaré :
« Avant
l’été, moins d’une centaine se
trouvaient en Syrie. Aujourd’hui, au
moment où je vous parle, c’est plus de
180 ! On peut imaginer qu’il y’ait
davantage d’individus... 14 Français ou
résidents en France sont, par ailleurs,
décédés là bas à l’occasion des ces
combats. Et ensuite, 80 sont revenus.
Une centaine souhaiteraient y aller, et
80... tout cela s’additionne... sont en
transit... D’où le chiffre évoqué de
plus de 400 individus qui sont concernés
par le phénomène, mais aujourd’hui
précisément c’est plus de 184 personnes
qui se trouvent là bas ».
Justifiant les facilités offertes par
les gouvernements européens aux
terroristes en partance pour la Syrie,
M. Valls a fait remarquer : «
La difficulté depuis le début [du
conflit syrien] sur ce phénomène
compliqué, c’est qu’il s’agissait
d’aller combattre un régime condamné par
tous. D’où la difficulté de
l’incrimination » !
Comme si, les prérogatives d’un ministre
de l’Intérieur consistaient à davantage
expliquer les facilités accordées aux
groupes armés expédiés en Syrie qu’à
prendre les mesures requises pour régler
le problème.
Ceci dit, lorsque le ministre français
dit « tous », il faut comprendre
l’ensemble des pays qui se sont alliés
contre la
Syrie pour détruire son État et
son Armée, c'est-à-dire, les pays de
l’OTAN, Israël, les régimes marionnettes
du Golfe, et la Turquie agent des
premiers. Mais voilà, toujours selon M.
Valls, les choses ont changé car « la
plupart de ces individus quand ils y
arrivent [en Syrie]... ils sont enrôlés
ou ils souhaitent combattre dans les
rangs du jihadisme » !
Bien sûr que les choses ont changé. Mais
ce que le ministre français ne dit pas
est que l’agression contre la Syrie, par
l’intermédiaire de ces « terroristes »
soutenus par le bloc occidental, a
échoué ! Il ne dit pas, non plus, que
ces terroristes « aguerris » par leur
expérience syrienne et qui risquent de
retourner en Europe, sont nourris par
l’Arabie saoudite ; laquelle est bel et
bien l’alliée de la France, de son
Président et de ses ministres salivant
devant les contrats mirobolants... Ce
qui ne les empêchera pas d’être tenus
pour responsables de chaque goutte de
sang français versée, au cas où ils
reviendraient indemnes après leur
défaite retentissante en Syrie.
Deuxièmement :
Minimisant les dangers, pour masquer
la peur de l’Occident face à ce nouveau
terrorisme
européen, né du
soutien militaire et de la couverture
politique de
l'OTAN en vue de son agression
criminelle
contre la Syrie, le
ministre
français a ajouté : «
Aujourd'hui, nous ne constatons pas -
sinon ce qui vient d’être dit à travers
un certain nombre d’informations ou de
bribes d’informations - de menaces
directes ou avérées sur nos pays
respectifs à l’égard de nos propres
intérêts et de nos compatriotes,
concitoyens, ou d’intérêts de pays amis.
Mais, évidemment, nous suivons cela avec
beaucoup d’attention ; la somme des
individus qui sont concernés pour chacun
de nos pays, et au niveau de l’Europe,
représentant en soi un potentiel
dangereux ».
En réalité, l’information essentielle du
jour est que la France
et la Belgique sont en
charge de la coordination des opérations
et de la mise en place d’une formule,
commune aux pays de l’Union européenne,
leur permettant de poursuivre les
terroristes revenus de Syrie ; les deux
ministres ayant déclaré avoir déjà
participé à trois réunions avec leurs
homologues de Grande Bretagne,
d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne,
d’Italie, de Suède, et du Danemark [2].
Dès lors, la question qui se pose est :
pourquoi la France a-t-elle été choisie
pour cette tâche de coordinatrice des
opérations anti-terrorisme de l’Union
européenne ? La réponse est que
ces opérations nécessitent une
coopération avec les autorités syriennes
pour la simple raison que les
volontaires européens, engagés dans le
soutien des révolutionnaires otanesques,
sont désormais face aux multiples
ramifications d’une néo-organisation que
seul l’État syrien connait ; mais, étant
donné que le gouvernement français s’est
révélé être le plus agressif des pays de
l’OTAN vis-à-vis de la Syrie, il fallait
bien trouver un moyen qui puisse lui
permettre de reprendre contact avec les
Syriens. D’où cette fonction
coordinatrice de la France dans la lutte
contre le terrorisme avec la bénédiction
des USA, telle qu’en témoigne la
présence de M. Rand Beers, à Bruxelles,
lors de la réunion élargie précédant
celle des Ministres de l’Intérieur de
l’Union européenne à laquelle ont aussi
participé des représentants du Canada et
de l’Australie ; ce qui prouve bien que
le danger terroriste concerne tous les
pays occidentaux ayant contribué à
l’agression contre la Syrie.
Troisièmement :
Il est désormais de notoriété publique
que nombre de fonctionnaires chargés de
la lutte
contre le terrorisme dans
certains pays européens, dont
l’Allemagne, se sont rendus à Damas à la
recherche d’une certaine coordination de
leurs efforts avec l’État syrien [3],
lequel exige naturellement des positions
politiques claires reconnaissant son
agression, préalablement à toute
coopération. C'est justement le problème
du Président Hollande qui a mis le
gouvernement français au service d’un
Bandar bin Sultan ! Et c’est aussi ce
que les USA essayent de contourner en
déléguant des représentants de l’OTAN
pour la coordination des efforts des
pays occidentaux dans la lutte contre le
terrorisme.
Le gouvernement français a mené la
campagne mensongère soutenant la
prétendue « modération » de groupes
terroristes sévissant sur le territoire
syrien, tout comme il y a expédié des
armes payées par des fonds saoudiens ;
armes finalement tombées entre les mains
d’al-Qaïda... Il est aujourd'hui
confronté à un moment de vérité. Il lui
faudra régler la facture des mensonges
couvrant son partenariat avec Bandar,
les deux Hamad et Erdogan ; un
partenariat ayant abouti au lancement
d'une nouvelle génération de réseaux d’al-Qaïda
qui ne resteront certainement pas
confinés à l’intérieur des frontières
syriennes, comme l’appréhende son
ministre de l’Intérieur...
À l'avenir, le bloc occidental devra
bien négocier avec le Commandant en
chef, Bachar al-Assad, qui n’offrira
plus gratuitement sa coopération. Le
prix à payer sera politique et à régler
par avance : cesser toute agression
contre la Syrie et déclarer publiquement
sa solidarité avec l’État syrien dans sa
guerre contre le terrorisme !
Finalement, c’est l’histoire de
l’empoisonneur empoisonné... la
malédiction de ceux qui ont contribué à
l’agression de la Syrie ?
Par Ghaleb kandil
06 /12/ 2013
Article traduit de l’arabe par Mouna
Alno-Nakhal
Source : New Orient News
http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=120583
Notes :
[1] Vidéo : Déclaration commune de Mme
Milquet et M.Valls sur la thématique des
combattants étrangers en Syrie, à
l’issue des discussions à ce sujet au
Conseil JAI des ministres européens.
http://ec.europa.eu/avservices/video/player.cfm?ref=I084523
[2] Combattants étrangers en Syrie : la
Belgique et la France assurent une plus
grande coopération au niveau européen,
ainsi qu’avec les Etats-Unis, le Canada
et l’Australie
http://www.joellemilquet.be/spip.php?article1049
[3] Quand les Européens reprennent
discrètement le chemin de Damas
http://www.lorientlejour.com/article/844918/quand-les-europeens-reprennent-discretement-le-chemin-de-damas.html
Monsieur Ghaleb Kandil
est le Directeur du Centre New Orient
News (Liban)
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