Libye
Les assassins de Muammar Gaddhafi et
du peuple libyen courent toujours…
Françoise Petitdemange
Vendredi 23 octobre 2015
Quatre années après la mort du Guide
révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, le 20
octobre 2011, qu’en est-il des chefs
d’État qui ont fait bombarder son pays
et qui ont commandité son assassinat ?
Durant sept mois, trois chefs d’États,
Nicolas Sarkozy, David Cameron, Barack
Obama, ont menti effrontément,
criminellement, aux populations de leurs
propres pays et trompé le monde entier,
en clamant haut et fort : « Kadhafi est
un dictateur », « Kadhafi fait tirer sur
son peuple », « Kadhafi doit partir »…
Bien que très controversé, par
ailleurs, Kofi Yamgnane,
franco-togolais, évoquera, après la
guerre contre la Libye, le comportement
de Nicolas Sarkozy à l’égard des membres
de l’Union Africaine :
« [V]ous savez que l’Union
Africaine qui était à l’époque présidée
par son Excellence, le président Obiang,
de la Guinée équatoriale, avait, à
propos de la Libye, une solution
négociée à proposer. Ils ont formé une
délégation pour y aller et Sarkozy leur
dit : “Je vous interdis de monter dans
l’avion parce que, si vous passez
l’espace, je vous flingue”. »
(Vidéo, « Libye Sarkozy a menacé de mort
les présidents africains qui
souhaitaient négocier avec Kadhafi »,
émission sur Africa 24.)
La Tunisienne Souhayr Belhassen,
alors présidente de la FIDH (Fédération
Internationale des Droits de l’Homme),
après ses services rendus aux trois
chefs d’États français, britannique,
états-unien, et aux monarques du Golfe,
l’émir du Qatar et le roi d’Arabie
Saoudite – tous très respectueux de ces
droits… – contre le peuple libyen de la
Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire
Socialiste, sera faite Chevalier de la
légion d’honneur. (Cf.
http://reseauinternational.net/de-lassassinat-de-muammar-
gaddhafi-a-lobtention-du-prix-nobel-de-la-paix/)
Un autre personnage très respectueux
de ces droits, lui aussi, le Canadien,
Charles Bouchard, venait d’être nommé,
le 25 mars 2011, commandant de
l’intervention militaire de l’OTAN
(Organisation du Traité de l’Atlantique
Nord) en Libye, lorsqu’il entra en
action le 31 mars. Les bombardements ne
cesseront que sept mois plus tard, le 31
octobre, soit onze jours après l’attaque
du convoi qui avait causé la mort de
quelque 200 hommes brûlés vifs dans
leurs voitures, et entraîné
l’arrestation suivie de l’assassinat du
Guide révolutionnaire Muammar Gaddhafi,
de son fils Moatassem Billah, et d’Abou
Bakr Younis Jaber. Le
lieutenant-général, Charles Bouchard,
recevra, le 24 novembre, la « Croix du
service méritoire » du gouverneur
général du Canada, David Lloyd Johnston.
Son « service méritoire » ? Celui
d’avoir semé la terreur, sept mois
durant, en Libye…
Voici comment Charles Bouchard
concevait et réalisait la mission «
Unified Protector » (protecteur unifié)
destinée à assurer la protection de la
population civile libyenne contre les
prétendues attaques menées par Muammar
Gaddhafi :
« Les hélicoptères opèrent la
nuit, subrepticement, et la seule chose
que voit l’adversaire, c’est le missile
qui lui tombe dessus sans prévenir.
L’effet est unique, la peur casse ce qui
reste de la volonté de combattre chez
les partisans de Kadhafi. C’est
tellement efficace qu’on utilise
aujourd’hui l’image des hélicoptères
dans les tracts de propagande largués
au-dessus de la Libye. « Regardez ce qui
vous pend au nez, arrêtez les violences
! ». Le Boucher de la Libye n’a pas
compris que « les partisans de Kadhafi
», c’est la grande majorité du peuple
libyen qui tente de se défendre, non pas
contre ses propres forces, mais contre
les forces qui l’attaquent. Ce qu’il n’a
pas davantage compris, c’est que, la
nuit, les enfants de 3 ans, 4 ans, 5
ans… dorment comme des anges… »
(Cité dans (et repris de) l’ouvrage,
La Libye révolutionnaire dans le monde
(1969-2011), page 502.)
Le 30 avril 2011, l’Otan frappait la
maison de l’un des fils de Muammar
Gaddhafi et de Safiya Farkash, Seif al-Arab
Gaddhafi, dans laquelle il se trouvait
avec trois de leurs petits-enfants en
bas âge : tous étaient tués. Le 20 juin,
l’Otan frappait à huit reprises la
maison de Khouildi El Hamidi : 13
personnes étaient tuées. Le 8 août, dans
le village de Majer, à l’est de Tripoli,
des familles fuyaient les combats : la
famille Gafez les accueillit dans sa
grande maison ; selon la tradition, les
hommes décidaient de laisser la maison
aux femmes et aux enfants et de passer
la nuit dans les champs, or, la maison
était bombardée en pleine nuit par
l’Otan : 14 femmes et enfants étaient
tué(e)s ; une dizaine d’hommes, qui
accouraient pour porter secours aux
victimes, étaient bombardés, eux aussi,
et tués ; quelques minutes plus tard,
l’Otan attaquait la ferme voisine : 20
autres personnes étaient tuées ; au
total, cette nuit-là, à Majer, l’Otan a
tué 85 personnes.
« Haj Ali Gafez a fait tracer
sur le portail d’entrée de sa maison en
ruines : « c’est ça les droits de
l’homme ? » Hélas ! C’est ça. »
(Idem, page 503)
Le 20 octobre 2011, quelques 500
hommes fidèles à la Révolution du 1er
Septembre 1969, qui s’étaient repliés
sur Syrte, se répartissaient en trois
convois de 40, 24 et 70 voitures pour
quitter la ville tandis qu’une
soixantaine de combattants demeuraient
sur place pour protéger le départ et
ralentir l’avancée des
contre-révolutionnaires et des troupes
spéciales occidentales. Après avoir
effectué quelques kilomètres, le convoi
de 70 voitures fut attaqué par une unité
aérienne qui savait très bien ce qu’elle
faisait en visant des véhicules à
essence : il y eut de nombreux morts,
brûlés vifs. Le Guide révolutionnaire,
Muammar Gaddhafi, était légèrement
blessé, son fils Moatassem Billah, son
ami fidèle Abou Bakr Younis Jaber et
l’un des deux fils de celui-ci étaient
vivants eux aussi. Très rapidement après
cette attaque, un groupe de prétendus
rebelles arriva sur les lieux : un
étudiant en électricité de 22 ans, dont
les études étaient payées par la GJALPS
(Grande Jamahiriya Arabe Libyenne
Populaire Socialiste), devenait l’un des
bourreaux de Muammar Gaddhafi.
« Insulté, frappé, traîné au sol,
passé à tabac, lynché, subissant les
sévices les plus contraires à l’humanité
– au nom de la « démocratie », de la «
liberté », des « droits de l’Homme » et
de la « civilisation » français(es),
britanniques, états-unien(ne)s -,
Muammar Gaddhafi mourra sous les coups
et sous les balles des barbares ; son
fils, Moatassem Billah, et Abou Bakr
Younis Jaber seront eux aussi martyrisés
et assassinés : leurs corps seront
maltraités jusque dans la mort. Muammar
El Gaddhafi, Moatassem Billah, Abou Bakr
Younis Jaber reposent quelque part dans
le désert. Les fanatiques du crime
libyens, occidentaux et pro-occidentaux
n’ont pas voulu qu’ils aient une tombe
pour que personne ne pût leur rendre
hommage. Ces fanatiques oublient que des
textes, des livres et des vidéos se
trouvent dans les bibliothèques privées
dont ils ne pourront faire des
autodafés. » (Texte repris de
l’ouvrage La Libye révolutionnaire
dans le monde (1969-2011), page
506.)
Nul doute que le bourreau était en
service commandé : n’ayant pu décider
seul de l’application méthodique d’actes
aussi barbares sous l’œil d’appareils
photographiques et de caméras, il y
avait nécessairement un commanditaire,
voire des commanditaires derrière lui
pour le protéger… Sauf que, peu de temps
après, il serait gravement blessé sur le
sol libyen et transféré en France dans
un hôpital parisien où il mourra…
Combien d’hommes, de femmes,
d’enfants sont morts, écrasés sous les
bombes de l’OTAN, c’est-à- dire sous les
bombes de Nicolas Sarkozy (président de
la “république” française), de David
Cameron (premier ministre britannique),
de Barack Obama (président des
États-Unis) et d’Hillary Clinton, du
Canadien Charles Bouchard (commandant
des forces de l’OTAN), du Danois Anders
Fogh Rasmussen (secrétaire général de
l’OTAN), du Sud-Coréen Ban ki-moon
(secrétaire de l’ONU), de l’Argentin
(procureur de la Cour Pénale
Internationale), Luis Moreno-Ocampo, qui
répétait cette phrase menaçante à
l’égard de Muammar Gaddhafi et reprise
dans tous les médias mainstream
: « Il n’y aura pas d’impunité en Libye
» ?
Ces crimes occidentaux et
pro-occidentaux perpétrés contre la
population civile, durant les sept mois
de guerre, de mars à octobre 2011,
demeurent impunis. Les fauteurs de
guerre n’ont jamais répondu de leurs
crimes. Cette guerre, menée avec, pour
objectif principal, celui de détruire 42
années de travail en Libye et d’empêcher
le développement de tout le continent
africain, a fait, rien qu’en Libye, plus
de 150.000 mort(e)s dans une population
de 6 millions d’habitant(e)s ?
Après avoir plongé ce pays, qui était
le moins endetté du monde en décembre
2010, dans le chaos et réduit à l’exil
le peuple libyen dépossédé de son
identité libyenne par la nouvelle équipe
politique mise en place sous le diktat
des colonisateurs français et
anglo-saxons, menacé, dans son propre
pays, de tortures pouvant être suivies
d’exécutions, tous ces chefs d’États,
criminels de guerre, n’ont toujours pas
répondu de leurs décisions et de leurs
actes.
Quelle population, digne de ce nom,
dans quel monde, peut accepter que les
promoteurs du carnage effectué en Libye
échappent à la justice de leurs pays
respectifs, et à la justice
internationale, après avoir trompé des
milliards d’individus à l’échelle du
monde et fait couler le sang irakien,
tunisien, égyptien, libyen, syrien ?…
http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr
Françoise Petitdemange
Publié sur
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