Politique
Embouteillage de récupérateurs
politiques à Colombey :
l'indécence atteint des sommets
François Asselineau
Photo:
D.R.
Lundi 11 novembre 2013
Comme la presse
s’en est fait l’écho, des responsables
politiques de tous bords se sont
précipités le 9 novembre 2013 à
Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne)
pour aller se faire photographier, avec
des airs de Tartuffe endeuillés, sur la
tombe de Charles de Gaulle, mort le 9
novembre 1970.
La récupération
politique est devenue tellement
indécente que Le Journal du Dimanche a
titré de façon ironique « EMBOUTEILLAGE
À COLOMBEY ».
Ont ainsi défilé
sans vergogne devant la tombe du Général
:
-
François Fillon (UMP, ardent
européiste, qui a appelé à voter Oui
à la Constitution européenne et au
traité de Lisbonne, et qui a été le
fidèle exécuteur de toutes les
directives européennes lorsqu’il a
fait fonction de Premier ministre
sous Sarkozy),
-
Michèle Alliot-Marie (UMP, ardente
européiste, qui a appelé à voter Oui
à la Constitution européenne et au
traité de Lisbonne, et qui a
contribué à placer la Défense
française sous la botte de l’OTAN et
des Américains),
-
Nicolas Dupont-Aignan (DLR, qui se
scandalise de la présence des autres
en s’autoproclamant le seul héritier
légitime du gaullisme, mais qui a
appelé à voter Sarkozy en 2007, qui
a continuellement brocardé le
programme de sortie de l’UE, de
l’euro et de l’OTAN de l’UPR en nous
traitant d’extrémistes, qui se garde
d’expliquer le rôle de Washington
dans la prétendue « construction
européenne », qui fait miroiter aux
crédules une Autre Europe et un
“autre euro, monnaie commune”, et
qui noue en catimini des alliances
électoralistes honteuses avec les
partis ultra-européistes UMP et UDI
– et même avec le FN à Béziers –
pour « battre la gauche » aux
prochaines municipales),
-
Anne Hidalgo (PS, qui est l’une des
responsables du parti refondé en
1971 par François Mitterrand –
titulaire de la Francisque n° 2202
qui lui avait été attribuée
personnellement par Pétain en avril
1943 à Vichy -, Mitterrand qui
critiquait de façon
extraordinairement virulente Charles
de Gaulle de son vivant, en
décrivant le Fondateur de la France
Libre et de la Ve République sous
les traits d’un dictateur qui se
livrerait à un “Coup d’État
permanent” ; Anne Hidalgo a bien
entendu appelé à voter Oui à la
Constitution européenne et au traité
de Lisbonne, et elle soutient
François Hollande et l’actuel
gouvernement qui sont en train de
parachever la soumission complète de
la France à l’empire états-unien),
-
enfin Florian Philippot (FN, qui est
l’un des principaux responsables du
parti le plus farouchement
anti-gaulliste qui soit, au point
même que le FN publie régulièrement
des textes à la gloire du colonel
Bastien-Thiry, organisateur de
l’attentat du Petit-Clamart qui
faillit coûter la vie à Charles de
Gaulle et à sa femme le 22 août
1962, et qui fut condamné à mort et
fusillé le 11 mars 1963 (cf. par
exemple :
https://www.nationspresse.info/tag/jean-bastien-thiry)
Dans cet affreux
défilé où l’on finit par s’étonner de
l’absence de Daniel Cohn-Bendit, la
palme de l’hypocrisie revient peut-être
d’ailleurs à quelqu’un qui n’a pas fait
le voyage : l’ex-président (UMP) de
l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer,
qui a pris des airs indignés pour
dénoncer une « récupération politique »
de De Gaulle par ses anciens
adversaires, le PS et le FN.
Comme si l’UMP de
“Sarkozy l’Américain” – qui a fait
ratifier le traité de Lisbonne en
violation effrontée du référendum du 29
mai 2005, et qui a fait rentrer la
France dans le Commandement militaire
intégré de l’OTAN -, UMP dont fait
partie Bernard Accoyer, était plus
légitime que les autres à se revendiquer
du gaullisme ! Un comble.
Il est à noter
qu’aucune de ces personnalités
politiques qui sont allées se faire
prendre en photo sur la tombe de De
Gaulle à Colombey n’a jamais – au grand
jamais ! – expliqué aux Français ce que
Charles de Gaulle, précisément, leur
avait expliqué.
À savoir que la
prétendue « construction européenne »
permettait aux États-Unis de devenir le
« Fédérateur extérieur » des pays
d’Europe, c’est-à-dire leur maître.
Pour analyser et
expliquer publiquement cela, et en tirer
les conséquences opérationnelles, du FN
au PS en passant par l’UMP et DLR, il
n’y a soudain plus personne.
Lors de sa
conférence de presse à l’Élysée du 15
mai 1962, Charles de Gaulle évoqua ce
qu’il adviendrait de la scène politique
française après sa mort. Il le fit de
façon humoristique en lançant devant les
centaines de journalistes réunis : «
Ce qui est à redouter, à mon sens, après
l’événement dont je parle [sa
disparition], ce n’est pas le vide
politique, c’est plutôt le trop plein
!.. » [ cf. la vidéo
d'archives sur
l'INA]
Il est
intéressant de relever que cette phrase
– ô combien prémonitoire ! – fut la
phrase de conclusion de cette célèbre
conférence de presse du 15 mai 1962 au
cours de laquelle De Gaulle avait
solennellement mis en garde les Français
contre le « Fédérateur extérieur »
[ comprendre : les États-Unis ] qui
tirait les ficelles de la construction
européenne
CONCLUSION : EN 2013, COMBATTONS
L’ENNEMI DE 2013, PAS CELUI…. DE 1940 !
Pour ce qui me
concerne, je suis déjà allé une fois – à
titre purement privé – à
Colombey-les-deux-Églises, mais je l’ai
fait comme un citoyen anonyme, bien
avant de créer l’UPR d’ailleurs. Je me
rappelle avoir été au moins autant
frappé par l’austérité de la tombe de De
Gaulle, que par la relative petite
taille de sa demeure, “La Boisserie”
– que j’avais imaginée bien plus vaste –
et par le bureau de petites proportions
dans lequel le Fondateur de la France
Libre rédigea ses Mémoires de Guerre.
Je ne sais pas si
je retournerai un jour à Colombey. Mais,
si cela devait arriver, je ne le ferai
jamais sous l’œil des caméras, ni dans
l’esprit d’en tirer un quelconque profit
politicien. J’éprouve trop de respect
pour le personnage historique de De
Gaulle et pour l’intelligence de mes
concitoyens pour me livrer à ces
écœurantes manigances politicardes.
Pendant que les
captateurs d’héritage se bousculaient
sur la tombe, j’ai passé quant à moi le
9 novembre 2013 au milieu de mes
concitoyens à Chambéry, devant une salle
pleine de 60 personnes, après avoir
rassemblé quelque 75 personnes la veille
à Grenoble. Pour leur exposer la
nécessité d’entrer de nos jours en
Résistance, non pas contre l’ennemi de
1940 mais… contre celui de 2013.
Je saisis
d’ailleurs l’occasion de ce 9 novembre
2013 pour rappeler que l’UPR est un
mouvement de rassemblement politique
national et provisoire, directement
inspiré du Conseil National de la
Résistance de 1943, qui accueille des
citoyens venus de tous les horizons
politiques, y compris d’ailleurs des
Français qui furent hostiles à Charles
de Gaulle.
Bien que certains
observateurs nous qualifient volontiers
de « gaullistes », l’UPR ne revendique
donc pas le qualificatif de
« gaulliste ». Notre mouvement n’a
d’ailleurs jamais publié ni diffusé
quelque document se revendiquant comme
tel et, s’il est exact que notre Charte
fondatrice cite Charles de Gaulle, il
est non moins exact qu’elle cite
également Jean Jaurès.
Nous avons déjà
expliqué tout cela le 9 novembre 2010, à
l’occasion du 40ème anniversaire de la
mort de l’Homme du 18 juin. Il n’y a pas
un mot à changer à ce que nous avons
publié il y a déjà 3 ans et j’y
renvoie donc les lecteurs intéressés.
François ASSELINEAU
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