Opinion
Les États-Unis ne sont plus la première
puissance économique mondiale. La Chine
vient de les détrôner
François Asselineau
Photo:
D.R.
Mardi 9 décembre 2014
UNE PÉRIODE DE 142
ANS DE L’HISTOIRE MONDIALE VIENT DE
S’ACHEVER : LES ÉTATS-UNIS NE SONT PLUS
LA PREMIÈRE PUISSANCE ÉCONOMIQUE
MONDIALE. LA CHINE VIENT DE LES
DÉTRÔNER.
Selon les tout
derniers chiffres du Fonds monétaire
international (FMI) qui viennent d’être
publiés ce 8 décembre 2014, la Chine
vient de détrôner les États-Unis comme
première puissance économique mondiale.
Le PIB de la Chine va en effet
atteindre 17.600 milliards de dollars en
2014 contre 17.400 milliards pour les
États-Unis. Ces données sont calculées
selon la méthode dite de la « parité de
pouvoir d’achat », qui est la seule
économiquement significative puisqu’elle
neutralise les phénomènes de distorsion
de taux de change.
Un économiste précis remarquera en
outre que le contenu du PIB (donnée
statistique qui additionne « des choux
et des carottes ») n’est pas du tout
identique entre la Chine et les
États-Unis. Le PIB chinois comporte une
grosse proportion de production
industrielle, donc de biens réels et
tangibles, alors que le PIB des
États-Unis comporte une part écrasante
de services immatériels ou de services
de consommation et de distribution.
Tout un chacun peut comprendre que la
position chinoise est donc d’ores et
déjà beaucoup plus puissante et solide
que la position américaine. Parce que
produire des biens tangibles est une
source active, solide et pérenne de
production de richesses, alors que ne
faire que les financer, les vendre ou
les consommer est une source passive,
fragile et éminemment provisoire de
production de richesses.
Ce qui se déroule ainsi sous nos yeux
représente un changement d’une
importance historique majeure puisque
c’est rien moins qu’une parenthèse de
142 ans qui vient de se clore : les
États-Unis étaient devenus la première
puissance économique du monde en 1872
après avoir dépassé la Grande-Bretagne,
alors puissance hégémonique issue de la
deuxième révolution industrielle.
L’histoire retiendra que cette
suprématie états-unienne s’est à son
tour achevée le 8 décembre 2014.
Cette information confirme la
conférence que j’ai présentée au public
depuis plus d’un an et intitulée « L’hyperpuissance
américaine est-elle sur le déclin ? »
(cf.
https://www.upr.fr/evenement/conference-francois-asselineau-nantes-conference-nantes-lhyperpuissance-americaine-declin).
Cette conférence n’est pas disponible
sur Internet, mais sera bientôt
enregistrée de façon professionnelle.
Cette information confirme plus
encore les qualités exceptionnelles de
stratège et de visionnaire de Charles de
Gaulle. Rappelons qu’étant président de
la République, il avait décidé de
reconnaître diplomatiquement la
République populaire de Chine en janvier
1964, en faisant un bras d’honneur aux
États-Unis qui interdisaient à l’époque
à tous les pays occidentaux de
reconnaître la Chine de Mao.
Dès le 22 janvier 1964, il avait
expliqué à Alain Peyrefitte l’une des
raisons essentielles de cette
reconnaissance diplomatique, qui avait
plongé Washington dans un état de fureur
formidable, fureur aussitôt relayée en
Europe et en France par les apôtres
habituels de la soumission à l’étranger.
Relatons cet échange extraordinaire,
extrait de l’ouvrage « C’était de
Gaulle, publié par Alain Peyrefitte en
1997, Fayrad, tome 2, page 493 :
« Charles de Gaulle : – Le
rétablissement des relations avec la
Chine, ça veut dire que nous allons
tourner la page coloniale, celle de nos
Concessions en Chine, celle de
l’Indochine française. Ça veut dire que
la France revient en tant qu’amie,
respectueuse de l’indépendance des
nations. »
« Alain Peyrefitte : – Nos moyens
sont limités et ceux de la Chine sont
faibles ? »
« Charles de Gaulle : –
Détrompez-vous. Les moyens de la Chine
sont virtuellement immenses. Il n’est
pas exclu qu’elle redevienne au siècle
prochain ce qu’elle fut pendant tant de
siècles, la plus grande puissance de
l’univers. Et les moyens de la France
sont eux aussi immenses, parce qu’ils
sont moraux. Parce que nous serons les
premiers à le faire, nous serons comme
un homme qui fait basculer un énorme
rocher avec un simple levier parce qu’il
a su le placer au point d’équilibre. »
Conclusion
Si la France
avait été dirigée, en 1964, par un
Nicolas Sarkozy ou un François Hollande,
il ne fait pas l’ombre d’un doute que
notre pays n’aurait jamais reconnu la
Chine de Mao.
Ces politiciens de bas étage,
obséquieux et serviles avec les forts,
méprisants et tyranniques avec les
faibles, se seraient couchés au moindre
froncement de sourcil de Lyndon Johnson,
comme ils s’empressent aujourd’hui de
jouer les larbins d’un George W. Bush ou
d’un Barack Obama.
Seulement voilà. Étant incapables de
la moindre hauteur de vue et d’un
raisonnement à l’échelle des siècles,
ces individus immoraux qui occupent le
siège de Charles de Gaulle, ne
comprennent pas que le maître qu’ils
servent est en plein déclin. Tout comme
les collabos français de 1941 pensaient
que « l’Europe nouvelle » imposée par
Hitler et Mussolini allait durer mille
ans, nos euro-atlantistes pensent que la
docilité la plus complète à Washington
est, pour toujours, le gage d’une
carrière fulgurante et d’un facile
enrichissement personnel.
Cela a été vrai au cours du dernier
tiers de siècle. Mais cela va l’être de
moins en moins. Car l’inexorable déclin
de la puissance états-unienne et la non
moins inexorable ascension de la Chine,
de la Russie et de l’Inde, sont en train
de rebattre complètement le jeu des
rapports de force au niveau planétaire.
Comme toujours dans notre histoire,
ce sont ceux qui ont compris – comme le
disait de Gaulle – « que les moyens de
la France sont eux aussi immenses, parce
qu’ils sont moraux », ce sont ceux qui
se seront battus pour la liberté et
l’indépendance de la France, qui
finiront par triompher.<
Cette information doit être source
d’espoir et de courage pour tous. Ce
n’est surtout pas le moment de laisser
tomber la France ! C’est au contraire le
moment de nous rassembler pour la
libérer de l’empire en déclin.
François Asselineau
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