Opinion
Présidentielles syriennes : Qui sont les
véritables comploteurs contre les droits
humains et la démocratie ?
Fayçal al-Miqdad
Samedi 17 mai 2014
Inutile de nous torturer l’esprit à
analyser les raisons qui se cachent
derrière les prises de position des
États-Unis, ou de leurs inféodés en
France ainsi que dans d'autres pays
européens, contre la tenue des élections
présidentielles en Syrie et, plus
globalement, contre les réformes et
mesures décidées par le gouvernement
syrien pour promouvoir la démocratie.
Si certains ont été surpris par leur
décision d'empêcher les citoyens syriens
d'exercer le droit fondamental d’élire
le président de leur choix pour diriger
leur pays ; nous, nous disons qu’elle ne
fait que confirmer à la communauté
internationale, ainsi qu’à nous-mêmes,
l'hypocrisie, la falsification et le
relativisme qui caractérisent certains
pays occidentaux lorsqu’ils traitent des
concepts de démocratie !
Il en est ainsi,
et depuis toujours, de ces
gouvernements
occidentaux, de
leurs valeurs « colonialistes », de
leurs politiques des « deux poids
deux mesures», et de
la « corruption de
leurs
dirigeants »
qui préfèrent collaborer avec des
gouvernements étrangers pour leurs
intérêts personnels et celui d’Israël,
au détriment
des valeurs et
idéaux universels
répandus dans le monde
par la
Civilisation
européenne.
Quant aux « normes universelles » dont
on a convaincu la
plupart des
pays en voie de développement qu'elles
seraient idoines
pour gérer leurs
affaires, ils trouvent
mille prétextes pour les violer ou les
imposer sans tenir compte de leur
validité ou non sur le terrain. Et, dans
tous les cas, ce sont ces mêmes
dirigeants qui clament que la liberté,
la démocratie, les élections libres, les
droits humains, la justice… sont des
« valeurs universelles » qui doivent
être appliquées dans tous les pays du
monde, abstraction faite de leurs us et
coutumes, de leur Histoire, et de leur
système sociopolitique.
Permettez-moi de dire, et je prie le
lecteur de pardonner ma franchise, que
les États-Unis et leurs inféodés
occidentaux ont transformé ces « valeurs
universelles », qu’ils prétendent
défendre, en une lamentable farce dont
ils sont devenus les bouffons !
Observez, et vous m’accorderez que les
gouvernements mentionnés ci-dessus se
fichent de toutes les « valeurs
humaines » et sont en étroite liaison
avec tout ce qui contredit leurs
déclarations, aussi bien sur le plan
politique que sur le plan médiatique ;
leurs organes de presse ayant sacrifié
crédibilité, objectivité, et exactitude
de l’Information contre de simples
bavardages !
Ainsi, et par exemple, peut-on dire que
leur relation avec certains dirigeants
des pays du Golfe témoignent de leur
attachement à la démocratie, aux droits
humains, à la justice, et à la bonne
gouvernance ?
Ceci dit, si jamais la famille
saoudienne avait mené au cours du siècle
dernier, et au début de ce XXIème
siècle, quelques élections législatives
en vue de la constitution d’un
parlement, puis d’un gouvernement, voire
de conseils d’élus locaux, sans que nous
le sachions, veuillez excuser notre
ignorance.
En revanche, les informations précises
dont nous disposons en disent long sur
les accords nauséabonds passés entre le
président socialiste François Hollande
et son ministre des Affaires étrangères,
le «Mollah» Laurent Fabius - puisse Dieu
lui accorder une longue vie - et un État
qui n’a jamais fleuré bon la démocratie
depuis qu’il existe. Qu’est-ce que cela
a à voir avec leurs impératifs
démocratiques et humanitaires ? Et ne
sont-ils pas en totale contradiction
avec les principes mêmes de la
Révolution française ?
Voir le « distingué » Laurent Fabius se
désoler, quasi larmoyant, parce que les
Etats-Unis n’ont pas lancé leur frappe
militaire pour détruire la Syrie,
n’est-ce pas un exemple frappant de
l’ineptie et de la folie de certains de
ces hauts responsables occidentaux et de
leur système en faillite, contrairement
à ce qu’exigerait la position de leur
pays en tant que membre permanent du
Conseil de sécurité, et donc garant du
respect de la Charte des Nations Unies
qui met l'accent sur la résolution des
conflits par des moyens diplomatiques et
pacifiques ?
Ajoutez à cela que, s’agissant
d’élections présidentielles,
les citoyens des pays
occidentaux savent très bien qui
contribue au financement de la campagne
de tel ou tel
candidat, et sont parfaitement au
courant des millions qu’ils
reçoivent de
certains
dirigeants
arabes… Tout le
monde sait
ce que je
veux dire,
et de qui je
parle, notamment en
France.
La grande question est de savoir
pourquoi la France, la Grande-Bretagne,
et parfois d’autres pays complètement
écrasés au sein de l'Union européenne,
se précipitent en Afrique, en Asie, et
même en Europe, sous divers prétextes
incompatibles avec les valeurs de leurs
peuples ? L’exacte réponse est que leurs
dirigeants persistent à regarder le
monde à travers le prisme de l’ère
coloniale pour le soumettre à leur
hégémonie et en contrôler les
ressources. Ceci, sans oublier que les
faits nous rappellent, en permanence,
l’absence de démocratie au sein même de
l’Union européenne prétendument
démocratique, vu que les représentants
d’un maximum de trois ou quatre pays
monopolisent ses processus décisionnels,
tant du point de vue administratif que
du point de vue politique.
Est-ce par amour indéfectible du Liban,
du Mali, et de la Centrafrique que la
France intervient systématiquement dans
les affaires de ces pays indépendants et
souverains, débarrassés de sa tutelle de
naguère ? Comment se fait-il qu’à chaque
fois que l’un de ces pays évolue dans un
sens ou un autre, la France, et
seulement la France, est toujours
présente pour s’ingérer et remettre les
choses « telles qu’elles doivent
être » ?
Pourquoi en est-il ainsi ? La réponse
n'est certes pas dans sa nostalgie de
l'époque coloniale, mais plus exactement
dans sa volonté de faire revivre cette
époque, de pérenniser sa domination sur
ces pays, et bien plus encore !
Et que dire de cette dernière farce du
gouvernement français « signifiant à la
Syrie l’interdiction d’organiser sur le
territoire français des opérations de
vote à l’occasion des élections
présidentielles syriennes » [1] ?
Si j’ai pris ma plume pour traiter de
cette question, c’est parce que d’autres
pays pourraient être contaminés par
l’hystérie des dirigeants français,
alors que ce type de décision tendant à
empêcher des citoyens syriens, résidant
à l’étranger, d’exercer leur droit
constitutionnel sont contraires aux
trois versants des principes sur
lesquels se fondent les Droits humains ;
à savoir, la Déclaration universelle des
droits de l'homme, le Pacte
international relatif aux droits civils
et politiques, et le Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux
et culturels.
Droits humains théoriques que le
gouvernement français prétend respecter,
alors que dans la pratique il les bafoue
en plein cœur de Paris ! Droits humains
tout autant bafoués par le gouvernement
britannique et d’autres gouvernements
occidentaux en plein jour !
Ils ont commencé par prétexter que la
situation sécuritaire ne permettait pas
la tenue d’élections présidentielles…
Pourtant, ces derniers temps des
élections ont bien eu lieu en
Afghanistan avec la bénédiction de la
France, de la Grande Bretagne, et des
États-Unis, alors qu’Al-Qaïda sévissait
et sévit toujours contre le peuple
afghan. Et, plus récemment, des
élections ont aussi eu lieu en Irak,
pendant que DAECH [EIIL : État Islamique
de l’Irak et du Levant] massacrait et
massacre toujours nos frères irakiens
comme c’est le cas en Syrie. Pourquoi ne
sont-ils pas intervenus en usant du même
prétexte ? Nous ne voulons évidemment
pas qu’ils interviennent, mais la
question reste posée.
Ensuite, ils ont décrété que ces
élections étaient incompatibles avec le
Communiqué de Genève I du 30 Juin 2012,
tout en sachant que ce deuxième prétexte
ne tient pas la route pour la bonne
raison que le dit communiqué n’aborde
même pas cette question mais, au
contraire, insiste sur le maintien et la
pérennité des institutions étatiques
syriennes !
Et les voilà qui se réunissent le 15 Mai
à Londres, capitale de l’Empire
colonial, les uns consentants, les
autres contraints et forcés, pour nous
offrir un nouveau communiqué [2] qui ne
vaut même pas l’encre dépensé pour sa
rédaction. Copie de documents jaunis
sans cesse échangés entre toutes les
capitales des prétendus « Amis de la
Syrie » pour nier qu’ils ont raté leurs
objectifs !
D’ici une quinzaine de jours, ils
continueront à mettre l’accent sur le
soi-disant caractère illégitime des
élections présidentielles syriennes, qui
auront lieu le 3 juin prochain ! Nous
n’avons pas été surpris par une telle
débauche d’ingérences flagrantes de la
part de pays qui se prétendent
démocratiques et d’autres qui ne
connaissent rien à la démocratie, dans
le seul but d’empêcher la tenue
d’élections pluralistes initiées par le
gouvernement syrien véritablement engagé
dans une démarche globale pour répondre
aux aspirations et « aux besoins » du
peuple syrien.
En d’autres termes, le gouvernement
français a osé user d’un tel procédé
inique dans le seul but d’empêcher la
Syrie de sortir de la tragédie qu’elle
endure !
Ceux qui ont pris cette décision ne sont
ni démocrates, ni civilisés, et auront à
rendre des comptes à leur peuple pour
avoir truqué ses principes. Prétendre
servir la démocratie en empêchant le
peuple syrien d’élire le Président de
son choix, ne fait que confirmer leur
soutien aux terroristes assassins de
« DAECH », de « Jabhat al-Nosra », et
du « Front islamiste » [3] qui ont versé
et versent toujours le sang de ce
peuple, sans aucune pitié ; confirme
leur soutien à la clique des « Frères
Musulmans » à commencer par Erdogan et
ses services de renseignement ; confirme
leur soutien aux Saoudiens qui
ont enfanté cet extrémisme criminel de
leur matrice wahhabite ; et confirme
leur soutien à bien d’autres dont nous
épargnerons la liste à nos estimés
lecteurs…
Petit à petit, l’image devient de plus
en plus nette… L’ineptie des dirigeants
occidentaux conjuguée à celle de leurs
inféodés arabes et les véritables
responsables de la mort de
dizaines de milliers de Syriens, de leur
faim et de leur soif comme ce fut les
cas à Alep privée d’eau potable pendant
10 jours, finiront par éclater au grand
jour.
Alors, ceux qui s’en sont pris à l’État
syrien, dernier bastion de l’arabité, de
l’indépendance, de la résistance
nationale face à l’injustice - notamment
celle infligée au peuple palestinien -
en déchainant leur haine féroce sur la
Syrie pour servir leurs intérêts
inavoués et la « sécurité » d’Israël…
pourraient bien être sanctionnés par
l’électeur européen. C’est déjà arrivé…
Chirac, Blair, Georges W. Bush, Sarkozy…
D’ici là, il faut savoir que ceux qui
complotent contre la tenue des élections
présidentielles en Syrie ne cherchent
qu’à y installer le « vide
gouvernemental », pour l’offrir en
pâture au terrorisme international,
détruire son passé, son présent et son
avenir, en plus de comploter contre la
démocratie, le pluralisme politique, et
la liberté d’expression !
Dr Fayçal al-Miqdad,
Vice-ministre syrien des Affaires
étrangères
17/05/2014
Source : Al-Binaa
http://al-binaa.com/albinaa/?article=4659
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] Syrie/élection : interdiction de
voter en France
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/05/13/97001-
20140513FILWWW00236-syrie-interdiction-de-voter-en-france.php
[2] Ministère des Affaires Étrangères :
Communiqué final du Core Group des Amis
du peuple syrien (Londres, 15 mai 2014)
http://www.noodls.com/view/82CB5D2DC1958
C9B9BAD3DAA57DB30C90A878246?6507xxx1400241215#sthash.kKGmnb6e.dpuf
1. Nous, les onze États membres du « Core
Group » des Amis de la Syrie à Londres,
dénonçons le projet d'organiser le 3
juin une élection présidentielle
illégitime annoncé unilatéralement par
le régime d'Assad. Ce projet est une
injure à la mémoire des victimes
innocentes du conflit, est totalement
contraire au communiqué de Genève et
constitue une parodie de démocratie.
Soumis à des règles définies par le
régime, un tel scrutin aurait lieu sans
la participation politique de millions
de Syriens. Nous appelons l'ensemble de
la communauté internationale à rejeter
cette élection illégitime comme l'ont
déjà fait la Ligue arabe, les Nations
Unies, les États-Unis d'Amérique, la
Turquie et l'Union européenne.
2. Nous sommes convenus à l'unanimité
d'adopter ensemble, dans le cadre d'une
stratégie coordonnée, de nouvelles
mesures afin d'accroître notre soutien à
l'opposition modérée représentée par la
Coalition nationale, son Conseil
militaire suprême et les groupes armés
modérés qui leur sont associés, de tenir
le régime d'Assad pour responsable de la
terreur qu'il impose à son propre peuple
et qu'il étend dans la région, notamment
en saisissant la Cour pénale
internationale par le truchement du
Conseil de sécurité, de lutter contre la
montée des forces extrémistes, de mener
à bien le retrait des armes chimiques
syriennes et d'intensifier les efforts
de fourniture d'une aide humanitaire
au-delà des frontières et des lignes,
avec ou sans le consentement du régime.
Nous avons chargé nos représentants de
mettre en œuvre un plan d'action du « Core
Group ».
NB :
Core Group des pays « prétendument Amis
du peuple syrien » :
Allemagne, Arabie Saoudite, Égypte,
Émirats arabes Unis, États-Unis, France,
Italie, Jordanie, Qatar, Royaume-Uni,
Turquie.
[3] Syrie : Lexique de la terreur en
prévision de Genève II !
http://www.palestine-solidarite.org/analyses.nasser_kandil.070114.htm
Le sommaire de Mouna Alna-Nakhal
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