Palestine
Une gifle plus virulente que d’autres
Fadwa Nassar
Vendredi 22 décembre 2017
L’entité sioniste a
été giflée, par deux fois au cours d’une
semaine. Les premières gifles furent
données par la jeune palestinienne du
village de Nabi Saleh, en Cisjordanie
occupée, Ahd Tamimi, âgée de 17 ans, à
deux soldats « israéliens » qui
tentaient d’investir la maison
familiale. Ahd Tamimi, militante contre
l’occupation, est connue depuis
plusieurs années déjà pour ses positions
courageuses et même héroïques, face aux
occupants. Combien de fois l’avions-nous
entendu crier face à des soldats, alors
qu’elle était à peine âgée de 12 ans,
pour leur dire qu’elle ne les craint
pas, qu’elle défendra sa terre jusqu’au
dernier souffle ? Elle s’était
vaillamment opposée aux soldats venus
arrêter son frère et sa mère, Nariman,
plusieurs fois arrêtée auparavant. Son
père Bassil a également subi la foudre
de l’occupant et avait été plusieurs
fois arrêté, pour s’être opposé à la
colonisation. Par les gifles données aux
occupants sionistes, Ahd Tamimi a exaucé
les vœux des Palestiniens, des Arabes et
de tous les êtres libres de ce monde,
qui refusent l’arrogance des sionistes
et de leurs amis. D’ailleurs, la presse
sioniste aux abois avait elle-même
appelé à son arrestation, considérant
que la scène des gifles, filmée par les
caméras de surveillance humilie leur
« peuple » et ses dirigeants. Plusieurs
responsables de leur entité ont
manifesté leur fureur, se dépêchant de
réclamer non seulement son arrestation,
mais aussi son emprisonnement à vie. La seconde gifle
reçue par l’entité sioniste cette
semaine a été partagée, entre elle et
les Etats-Unis, avec le vote de
l’assemblée générale de l’ONU, qui a
clairement refusé la déclaration du
président américain Trump considérant
que la ville d’al-Quds serait la
capitale de l’entité coloniale. La
majorité des pays a approuvé le texte
présenté par la Turquie et le Yémen, qui
ménage la chèvre et le chou, quand même,
réclamant que le statut d’al-Quds
devrait être défini par des
négociations, et non par une décision
unilatérale, aussi américaine soit-elle,
et par les résolutions internationales.
La gifle reçue par l’entité sioniste et
les Etats-Unis, fut fracassante. Elle
intervient après un veto américain au
conseil de sécurité, qui a fait pavaner
les dirigeants sionistes, et surtout
après les menaces américaines de cesser
leur aide financière à tout pays qui
oserait appuyer la résolution contre
Trump. L’arrogance américaine et le
chantage ignoble qu’a voulu exercer
Trump n’ont pas eu gain de cause.
Mais il existe une
grande différence entre la gifle
adressée par la militante Ahd Tamimi aux
soldats de l’occupation et celle assénée
par la majorité des pays à l’assemblée
générale de l’ONU. D’abord, par le fait
que les premières gifles sont réelles,
alors que la seconde est symbolique.
Ensuite, par la réaction des giflés.
Qu’un soldat de l’occupation soit giflé
par une jeune fille mineure est plus que
ne peut supporter tout sioniste, ces
gifles ont ébranlé l’occupant dans son
ensemble. Elles ont fait l’effet d’une
fusée lancée sur Tel Aviv. Alors que la
gifle partagée par l’occupant et les
Etats-Unis a été suivie de déclarations
aussi arrogantes que creuses, dévoilant
l’isolement croissant de l’entité
coloniale dans le monde, sans remettre
cependant en cause sa présence dans la
région. Le vote de l’assemblée générale
de l’ONU est certes une victoire
diplomatique contre l’arrogance
américano-sioniste, et il suscite des
luttes intestines à l’intérieur même de
l’entité coloniale et de
l’administration américaine, déjà
secouées toutes les deux par des
affaires d’escroquerie. Mais ce vote n’a
pu avoir lieu que parce qu’une partie de
la « communauté internationale »
souhaite proposer un règlement
« pacifique », sous les auspices des
grandes puissances réunies, au conflit
qui oppose l’entité coloniale aux
peuples arabes, au lieu d’admettre le
droit palestinien et arabe entier et
intégral sur sa terre spoliée depuis la
fin du XIXème siècle et d’aider à la
réalisation de ce noble objectif, en
imposant des sanctions contre l’entité
coloniale et les pays qui la
soutiennent.
Le vote de
l’assemblée générale de l’ONU vient
couronner des semaines de soulèvement en
Palestine occupée et des semaines
d’agitation et d’ébullition dans les
pays arabes et musulmans (et dans
d’autres pays du monde) contre la
décision américaine. C’est cette
situation que le vote de l’ONU espère
arrêter, car « tout risque de déraper »,
et la colère arabe et musulmane contre
les Etats-Unis pourrait se généraliser
et embraser la région, malgré les
régimes pro-américains qui tentent de la
contenir. Alors que la gifle assénée par
Ahd Tamimi, bien réelle, a eu pour
résultat d’intensifier la lutte contre
l’occupant, et de donner plus de force
et de détermination aux peuples qui
refusent le terrorisme exercé par
l’occupant « israélien ». Ni la portée,
ni l’objectif, ni l’effectivité des
gifles assénées à l’entité sioniste
n’ont la même valeur.
C’est le sens de la
déclaration du responsable à Gaza du
Mouvement du Jihad islamique en
Palestine, Khaled al-Batsh, qui a
déclaré que le vote à l’ONU, bien
qu’important, n’a pas de portée
pratique, d’où la nécessité de
poursuivre l’Intifada et de
l’intensifier.
C’est pourquoi nous
préférons, et de loin, la gifle assénée
par Ahd Tamimi aux soldats de
l’occupation, en direct, car elle est
authentique et spontanée. Elle donne
espoir, elle soulève les peuples, et
surtout, elle exprime la ferme volonté
du peuple palestinien de libérer la
Palestine et sa capitale éternelle, al-Quds,
à l’Est comme à l’Ouest.
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